Le défi le plus urgent et le plus immédiat auquel le monde est confronté aujourd’hui est d’enrayer la pandémie de Covid-19. Pour vacciner contre cette maladie la population mondiale adulte de 6 milliards de personnes, il faudra environ 12 milliards de doses. Toutefois, seules 2 milliards de doses ont été administrées jusqu’à présent, presque toutes dans les économies avancées1. Une accélération substantielle du programme mondial de vaccination est indispensable. Non seulement elle sauvera des milliers, voire des millions de vies – comme l’indiquent les recherches que nous avons menées ces derniers mois – mais elle sera également rentable en permettant une réduction de la distanciation sociale et des restrictions d’accès, ce qui stimulera la croissance économique tant dans les pays en développement, que dans le G7 lui-même.

Non seulement elle sauvera des milliers, voire des millions de vies – comme l’indiquent les recherches que nous avons menées ces derniers mois – mais elle sera également rentable en permettant une réduction de la distanciation sociale et des restrictions d’accès, ce qui stimulera la croissance économique tant dans les pays en développement, que dans le G7 lui-même.

Joseph E. Gagnon et Steven Kamin

Sous le leadership du président américain Joseph R. Biden, le G7 a pris conscience du défi que représente l’éradication de la pandémie. Dans sa déclaration du 13 juin, le groupe s’est engagé à adopter « une approche de bout en bout » pour stimuler la production et la diffusion de vaccins, de matières premières, de tests, de produits thérapeutiques et d’équipements de protection individuelle. La déclaration comprend également le financement pour l’achat d’un milliard de doses de vaccin, et des contributions directes pour l’achat de près d’un autre milliard de doses. On y retrouve aussi la promesse d’aider les pays les plus pauvres du monde à relever le défi de la lutte contre la pandémie. Cependant, ces engagements ne sont que les premières étapes d’un long voyage, et il est essentiel que le G7 poursuive avec détermination son programme ambitieux de grande envergure. Nos recherches montrent clairement qu’il s’agit d’un investissement qui sera rentable à bien des égards.

Dans un article récent, nous avons constaté que si les États-Unis avaient adopté en 2020 une politique plus agressive de soutien à la production de vaccins en proposant des contrats inconditionnels aux fabricants de vaccins, le coût initial aurait été inférieur à 20 milliards de dollars, mais il aurait permis de sauver 35 000 vies, et aurait contribué à hauteur de 64 milliards à l’augmentation du PIB américain en 2021.2 En effet, les seuls effets fiscaux (augmentation des impôts et diminution des dépenses de prestations sociales) auraient dépassé le coût de l’accélération de la vaccination d’au moins 12 milliards de dollars, ce qui signifie que l’accélération de la vaccination, de cette manière, n’aurait eu en réalité aucun coût net pour le gouvernement américain.

Un autre article a examiné un scénario dans lequel les cas de Covid et les décès dans le monde diminuent fortement par rapport à leurs niveaux de mai, conformément à un programme d’accélération de la production et de la diffusion des vaccins suffisant pour ramener les nouvelles infections à des niveaux très bas d’ici septembre.3 Par rapport au scénario initial de la pandémie élaboré par l’Institute for Heath Metrics and Evaluation (IHME), l’accélération de la vaccination permettrait de sauver un million de vies, dont la plus grande partie dans les pays en développement, et conduirait à une augmentation du PIB mondial d’environ 500 milliards de dollars. Environ deux tiers de ce PIB supplémentaire concernerait les économies en développement, et un tiers les économies avancées (dominées par le G7). 

La possibilité d’accélérer encore les programmes de vaccination dans les économies avancées diminue, car des fractions importantes de leurs populations sont désormais vaccinées. Cependant, une mise en œuvre énergique du programme du G7 pourrait accélérer considérablement les vaccinations dans les pays en développement, sauvant ainsi des vies, et soutenant une croissance économique qui profiterait également aux exportateurs basés dans les pays du G7. Tout le monde profiterait ainsi de la réduction des possibilités de mutation du virus, qui pourrait réinfecter les populations du monde entier. 

Une mise en œuvre énergique du programme du G7 pourrait accélérer considérablement les vaccinations dans les pays en développement, sauvant ainsi des vies, et soutenant une croissance économique qui profiterait également aux exportateurs basés dans les pays du G7. Tout le monde profiterait ainsi de la réduction des possibilités de mutation du virus, qui pourrait réinfecter les populations du monde entier.

Joseph E. Gagnon et Steven Kamin

Certes, avant même l’annonce du G7, plusieurs pays ainsi que l’organisation multinationale COVAX avaient déjà confirmé l’achat de près de 12 milliards de doses, soit suffisamment pour vacciner l’ensemble de la population adulte mondiale (15 ans et plus).4 Même après un ajustement à la baisse des calendriers de production annoncés par les fabricants, Simon Evenett et Matt Linley estiment que toutes ces doses pourraient être disponibles d’ici la fin 2021.5

Cependant, tous les vaccins en cours de développement n’ont pas été approuvés, et certains pourraient ne jamais l’être. Les fabricants peuvent être trop optimistes quant à leur capacité à obtenir les matériaux ainsi que les équipements nécessaires, alors qu’ils sont plusieurs à se disputer des ressources limitées. Enfin, de nombreux pays parmi les plus pauvres du monde ne disposent pas des ressources nécessaires pour acheter les vaccins, et pour les diffuser rapidement auprès de leur population. 

Par conséquent, le G7 dispose d’une marge de manœuvre considérable pour renforcer et accélérer le programme mondial de vaccination par une action énergique. Pour énumérer les plus grandes priorités : les pays devraient travailler ensemble pour atténuer les effets d’embouteillage liés à l’approvisionnement, comme le recommandent Chad Bown et Chris Rogers.6 Ils devraient privilégier les vaccins les plus prometteurs, comme le suggère Monica DeBolle, en particulier les vaccins à ARNm qui se sont avérés plus efficaces pour prévenir la transmission du SRAS-CoV-2.7 Ils devraient aussi, avec d’autres économies avancées, soutenir l’achat et la diffusion des vaccins dans les pays pauvres par une combinaison de subventions et de prêts à faible coût. L’engagement du G7 concorde avec une autre proposition récente et de grande envergure présentée par le FMI et par d’autres institutions multilatérales, qui vise à vacciner 40 % de la population mondiale d’ici la fin de l’année, et 60 % d’ici le premier semestre 2022. Ils estiment que ce vaste programme coûtera 50 milliards de dollars, une somme éclipsée par les avantages économiques liés à la suppression de la pandémie, même sans tenir compte des nombreuses vies qui seraient sauvées. 

En fin de compte, l’accélération du rythme des vaccinations dans le monde est un investissement que le G7 ne peut se permettre de manquer.

Crédits
La version anglaise de ce texte a été publiée sur le site du Peterson Institute of International Economics.