Les prix du cacao ont considérablement augmenté depuis le début de l’année 2024 en raison de la propagation du virus de l’œdème des pousses du cacaoyer (CSSV), qui a dévasté 500 000 hectares rien qu’au Ghana, et du changement climatique, qui favorise des conditions météorologiques extrêmes, les maladies et les parasites.
- Une tonne de cacao s’échange aujourd’hui contre 6 000 dollars à la bourse de New York, soit deux fois moins qu’en décembre 2024, lorsqu’un pic à 12 000 dollars la tonne avait été atteint.
- Le prix du cacao demeure toutefois considérablement plus élevé que durant la période 2020-2023, lorsqu’une tonne coûtait en moyenne entre 2 000 et 3 000 dollars.
Si le marché semble être en voie de se stabiliser, il pourrait s’agir plutôt d’un répit passager. Près des deux-tiers (environ 60 %) de la production mondiale de cacao est aujourd’hui concentrée en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana, où celle-ci est dominée par de petits exploitants qui ne sont pas en mesure d’investir suffisamment pour renouveler leurs plants de cacaoyers et s’adapter au changement climatique.
Selon une étude de chercheurs de l’Université d’Oxford publiée en février, les températures élevées ont un impact direct sur la production de cacao.
- Les sites de production situés dans trois des principaux pays producteurs (Brésil, Ghana et Indonésie) où les températures étaient jusqu’à 7 degrés plus élevées ont enregistré des rendements de cacao inférieurs de 20 à 31 % 1.
- Or, c’est notamment durant la saison de récolte du cacao (qui a lieu entre octobre et mars) que les températures ont enregistré les plus fortes hausses au Ghana et en Côte d’Ivoire.
- La région connaît chaque année trois semaines de plus par an au cours desquelles la température est supérieure à 32°C en raison du changement climatique — soit une température supérieure à la plage optimale pour les cacaoyers 2.
Face à la perspective d’une baisse durable de la production mondiale de cacao, les chocolatiers explorent des alternatives.
- L’une des techniques utilisées par certains industriels, inventée dès le début des années 1800 par le chimiste et chocolatier néerlandais Coenraad Johannes van Houten, est l’alcalinisation du chocolat.
- Cette méthode consiste à traiter le cacao avec des agents alcalinisants comme le carbonate de potassium afin de lisser et modifier le goût tout en l’adoucissant, ce qui permet d’utiliser moins de cacao dans les recettes.
- D’autres entreprises, comme l’allemand Planet A Foods, cherchent à remplacer totalement le cacao par des graines de tournesol fermentées et torréfiées, un produit qu’ils appellent le « ChoViva » 3.
- La Chine, dont le marché est de plus en plus ouvert aux produits chocolatés, s’est elle aussi lancée dans la culture de cacaoyers.
Les Européens sont les plus vulnérables à ces transformations.
- Si l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie du Sud-Est sont les principaux producteurs de fèves de cacao, c’est en Suisse et au Danemark où la consommation de produits chocolatés est la plus élevée : plus de 10 kilos par habitant en 2023.
Sources
- Lander, Tonya A., Atta-Boateng, Acheampong, TOLEDO-HERNÁNDEZ, Manuel, et al., « Global chocolate supply is limited by low pollination and high temperatures », Communications Earth & Environment, 2025, vol. 6, n°1, p. 97.
- Climate change is heating up West Africa’s cocoa belt, Climate Central, 12 février 2025.
- Lara Williams, « I Saw a Vision of Chocolate’s Future in an Amsterdam Brownie », Bloomberg, 4 novembre 2025.