En 2025, le Venezuela a exporté en moyenne plus de 600 000 barils par jour de pétrole brut, essentiellement lourd, principalement à destination de la Chine, mais aussi de Cuba et des États-Unis. Il a également exporté environ 100 000 barils par jour de produits raffinés.
- Washington vise actuellement les navires de la « flotte fantôme » 1 utilisés pour contourner les sanctions, souvent des pétroliers vieillissants qui changent de pavillon et coupent leurs transpondeurs. Ces pétroliers, qui sont plus de 100 à être sous le coup de sanctions américaines, se dirigent surtout vers la Chine et Cuba.
- En revanche, certaines exportations sont toujours tolérées : Chevron, par exemple, bénéficie d’une licence spéciale depuis 2023 et peut continuer à envoyer du brut vénézuélien vers les raffineries américaines à bord de ses propres navires autorisés.
- Selon l’administration Trump, le Venezuela de Maduro utiliserait l’argent du pétrole pour financer « le terrorisme lié à la drogue, la traite des êtres humains, les meurtres et les enlèvements ». Hier, 22 décembre, le président américain a déclaré qu’il serait « sage » pour le président vénézuélien de quitter le pouvoir.
Le Venezuela dépend de quelques pays clefs pour écouler son pétrole.
- La Chine est de loin le premier acheteur du pétrole vénézuélien.
- En décembre 2025, Petróleos de Venezuela a expédié plus de 600 000 barils par jour vers la Chine, soit près de 80 % de ses exportations totales, ce qui représentait environ 4 % des importations chinoises de brut 2.
- En 2025, les États-Unis ont importé environ 17 % de la production vénézuélienne.
- Allié traditionnel de Caracas, Cuba est fortement tributaire des livraisons de pétrole vénézuélien à bas prix pour son approvisionnement domestique, le pétrole brut vénézuélien couvrant environ 40 % des besoins d’importation de pétrole du pays 3.
- Un arrêt des livraisons vénézuéliennes aggraverait la crise énergétique cubaine, le pays étant déjà confronté à des pénuries de carburant. Il devrait alors se tourner vers des fournisseurs alternatifs, mais à des conditions généralement moins favorables.
Pékin — tout comme Havana — a fermement condamné le blocus naval, le ministère chinois des Affaires étrangères dénonçant la saisie de navires comme une « violation grave du droit international ». Il a affirmé que le Venezuela avait le droit de développer de manière indépendante une coopération mutuellement bénéfique avec d’autres pays, et que Pékin soutenait Caracas dans la « défense de ses droits et intérêts légitimes ».
- À court terme, il n’y a pas de risque pour l’approvisionnement de la Chine, qui doit toutefois envisager des solutions de remplacement pour ses raffineries et pourrait recourir davantage à d’autres bruts lourds — Moyen-Orient, Russie —, tout en puisant dans ses stocks.
- Les estimations concernant la quantité de brut déjà stockée par la Chine varient, allant d’environ 1 milliard de barils à 1,4 milliard de barils. En tant que premier importateur de pétrole au monde, la Chine occupe une position particulièrement forte et le pays est devenu le principal déterminant du prix du pétrole, plus que l’Opep, augmentant ses achats lorsque les prix baissent et les réduisant lorsqu’ils augmentent 4.
L’impact du blocus sur l’approvisionnement mondial dépendra de plusieurs facteurs, notamment de son efficacité et de sa durée.
- Le 23 décembre, les contrats à terme de Brent ont augmenté de 6 centimes pour atteindre 62,13 dollars le baril. Le brut américain West Texas Intermediate (WTI) a quant à lui augmenté de 2 centimes pour atteindre 58,03 dollars.
- Le 22 décembre, les prix avaient déjà augmenté de plus de 2 %, le Brent enregistrant sa plus forte hausse quotidienne en deux mois et le WTI, sa plus forte hausse depuis le 14 novembre 5.
- Cette hausse reste toutefois modérée, car plusieurs facteurs compensent le retrait du marché du pétrole vénézuélien, comme des stocks abondants, une demande hivernale atone et l’anticipation d’un possible accord de paix en Ukraine qui pourrait assouplir les sanctions sur le pétrole russe.
- Un risque plus important pour le prix du pétrole à moyen et long terme pourrait toutefois provenir d’ailleurs : les menaces de l’administration Trump d’imposer de nouvelles sanctions au secteur énergétique russe si Moscou refuse un accord de paix en Ukraine 6 pourraient avoir un effet plus important sur les marchés.
Sources
- Josh Wingrove, Eric Martin, Trump Orders Blockade of Sanctioned Oil Tankers in Venezuela, Bloomberg, 17 décembre 2025.
- Idrees Ali, Phil Stewart, Shariq Khan, Marianna Parraga, Trump orders ‘blockade’ of sanctioned oil tankers leaving, entering Venezuela, Reuters, 18 décembre 2025.
- Juan Forero, Ryan Dubé, U.S. Oil Blockade of Venezuela Pushes Cuba Toward Collapse, Wall Street Journal, 21 décembre 2025.
- Clyde Russell, China overtakes OPEC+ as the main oil price maker, Reuters, 23 décembre 2025.
- Seher Dareen, Oil steadies as market weighs geopolitical risks against bearish fundamentals, Reuters, 23 décembre 2025.
- Eric Martin, Kate Sullivan, Alberto Nardelli, Natalia Drozdiak, US Readies New Russia Sanctions If Putin Rejects Peace Deal, Bloomberg, 17 décembre 2025.