L’entretien donné par la cheffe de cabinet de Donald Trump, Susie Wiles, publié mardi 16 décembre par Vanity Fair fait apparaître en creux la réelle motivation des actions offensives entreprises par l’administration républicaine à l’encontre du Venezuela : provoquer la démission de Nicolás Maduro.

  • La Maison-Blanche déclare exercer une pression militaire — via le déploiement de navires de guerre dans les Caraïbes — et économique — par l’imposition d’un blocus — sur Caracas afin de mettre fin au trafic de drogue vers les États-Unis.
  • C’est avec cet objectif affiché de dissuader les narco-trafiquants d’entreprendre le trajet vers le nord du continent à bord d’embarcations rapides que la marine américaine a mené au moins 26 frappes depuis septembre.
  • Au jeudi 18 décembre, 99 personnes ont été tuées par les États-Unis au large des côtes vénézuéliennes et dans les Caraïbes.

Wiles estime que Trump « veut continuer à faire exploser des bateaux jusqu’à ce que Maduro capitule ». Elle ajoute : « Et des personnes bien plus intelligentes que moi sur ce sujet affirment qu’il y parviendra » 1. Afin d’accroître la pression sur le régime de Caracas, le président américain a annoncé mardi 16 la mise en place d’un « blocage complet de tous les pétroliers sous sanctions » souhaitant quitter ou entrer dans le pays.

Cette stratégie de suffocation économique pourrait être insuffisante pour provoquer le départ de Maduro.

  • Le régime vénézuélien avait déjà fait l’objet de sanctions américaines lors du premier mandat de Donald Trump (2017-2021), notamment sur la compagnie pétrolière nationale PDVSA.
  • Malgré l’annonce d’un « blocus » — qui n’est pas total, celui-ci ne concernant (pour l’instant) que les navires sous sanctions —, l’entreprise américaine Chevron continue d’extraire et de transporter du pétrole vénézuélien vers les États-Unis.
  • Plus des deux-tiers (70 %) des navires utilisés pour transporter le pétrole vénézuélien figurent actuellement sur les listes de sanctions du département du Trésor américain 2.
  • Près de 1 500 pétroliers appartenant à la « flotte fantôme » mondiale peuvent assurer une part importante du transport du pétrole du pays 3.

Caracas a protesté contre la légalité de ces actions, notamment la saisie le 10 décembre du Skipper, un pétrolier placé sous sanctions qui transportait du pétrole extrait au Venezuela, par la marine américaine. Nicolas Maduro a notamment obtenu du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, mercredi 17 décembre la « réaffirmation de la position des Nations unies sur la nécessité pour les États membres de respecter le droit international » 4.

Selon le chercheur du CSIS Ryan Berg, Cuba aurait conseillé à Maduro de jouer la montre car les Américains finiront par se lasser 5.

  • Aux États-Unis, l’année 2026 sera avant tout dominée par les élections de mi-mandat et la situation économique.
  • Trump fait déjà l’objet de critiques au sein de son propre parti quant à son manque d’intérêt pour les questions intérieures, au profit de l’international.

Alors que le GOP a subi ces derniers mois plusieurs défaites électorales, il pourrait vouloir se concentrer sur les élections de novembre afin de maximiser les chances de victoire des candidats républicains.

Sources
  1. Chris Whipple, « Susie Wiles Talks Epstein Files, Pete Hegseth’s War Tactics, Retribution, and More (Part 2 of 2) », Vanity Fair, 16 décembre 2025.
  2. Benoit Faucon, Costas Paris et Shelby Holliday, « The $8 Billion Black Market for Venezuelan Oil Is Suddenly Closing Down », The Wall Street Journal, 17 décembre 2025.
  3. Marc Caputo, « « Quite a buffet » : U.S. ready to seize more tankers with Venezuelan oil », Axios, 16 décembre 2025.
  4. Michael Rios, « Venezuela’s Maduro says Trump’s comments on land and oil reveal his true motives », CNN, 18 décembre 2025.
  5. Nora Gámez Torres, « U.S. ‘blockade’ of oil tankers likely not enough to push Maduro out, experts warn », Miami Herald, 18 décembre 2025.