La stratégie de sécurité nationale (SSN), publiée la semaine dernière par l’administration républicaine, affichait clairement son objectif : pousser au changement de régime en Europe, approfondir le rapprochement avec la Russie et renforcer la domination de Washington sur l’hémisphère occidental.

Dans une version plus longue du document qui n’a pas été rendue publique, la Maison-Blanche allait plus loin dans sa stratégie de vassalisation de l’Europe.

  • Selon le média américain Defense One, qui a pu consulter cette première version, l’administration Trump appelait à « travailler davantage avec l’Autriche, la Hongrie, l’Italie et la Pologne dans le but de les éloigner de l’Union » 1.
  • Considérant que l’Europe est confrontée à un « effacement civilisationnel » en raison de sa politique migratoire et de sa « censure de la liberté d’expression », cette première SSN proposait de renforcer les relations avec les États membres au sein desquels les partis d’extrême-droite sont les mieux implantés.
  • Le document appelait d’ailleurs à « soutenir les partis, les mouvements et les personnalités intellectuelles et culturelles qui aspirent à la souveraineté et à la préservation/restauration des modes de vie traditionnels européens… tout en restant pro-américains ».

Tandis que le document publié n’identifie pas la Russie comme une menace, mais plutôt comme un acteur dont l’Europe devra se rapprocher pour « rétablir les conditions d’une stabilité stratégique sur le continent eurasien » et atténuer les risques de conflit, la précédente version proposait la création d’un nouveau format alternatif au G7 : le C5. Les États-Unis rejoindraient ce groupe aux côtés de la Russie, de la Chine, de l’Inde et du Japon pour y discuter de sujets majeurs comme la sécurité au Moyen-Orient et la normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite — sans représentants européens.

  • Selon Defense One, une part importante du document est consacrée à « l’échec » de l’hégémonie américaine, décrite comme « un objectif erroné » qui n’était « pas réalisable ».
  • Le document élabore : « Après la fin de la guerre froide, les élites de la politique étrangère américaine se sont convaincues que la domination permanente des États-Unis sur le monde entier était dans le meilleur intérêt de notre pays […] Pourtant, les affaires des autres pays ne nous concernent que si leurs activités menacent directement nos intérêts ».

L’administration Trump a réfuté l’existence de cette première version de la SSN, affirmant qu’il n’existait qu’une seule version du document « qui donne clairement pour instruction au gouvernement américain d’appliquer les principes et les priorités qu’il a définis ».

  • Le désir de réintégrer la Russie à l’économie mondiale se retrouve pourtant dans d’autres propositions mises en avant par l’administration Trump.
  • Dans le plan en 28 points, co-rédigé avec Moscou, la Maison-Blanche proposait ainsi d’inviter la Russie à rejoindre le G8 et de lever les sanctions imposées depuis 2022.

L’appel confidentiel, divulgué fin novembre entre l’émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et Youri Ouchakov, l’un des principaux conseillers diplomatiques de Vladimir Poutine, révélait quant à lui la portée du rapprochement entre la Maison-Blanche et le Kremlin.

Sources
  1.  Meghann Myers, « ‘Make Europe Great Again’ and more from a longer version of the National Security Strategy », Defense One, 9 décembre 2025.