À près de 100 kilomètres au nord-est de Pokrovsk, où a lieu la majorité des affrontements sur la ligne de front, l’armée russe progresse dans le secteur de Lyman à un rythme lent mais constant depuis le mois de novembre. La ville, qui avait été libérée par les forces ukrainiennes en octobre 2022 après cinq mois d’occupation russe, est désormais de nouveau contestée pour la première fois depuis trois ans.

  • La perte de Lyman par Moscou dans les premiers mois ayant suivi le lancement de l’invasion, en février 2022, avait constitué une importante défaite pour Poutine.
  • En Russie, certains parlaient de la première « ville russe » perdue au profit d’une armée ennemie depuis la Seconde Guerre mondiale 1.

Entre septembre et octobre 2022, en l’espace de quelques semaines, les forces de Kiev avaient repris 12 000 kilomètres carrés de territoire autour de Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays.

  • La contre-offensive de Kharkiv, qui avait aussi bien surpris les observateurs étrangers que la population ukrainienne, reste à ce jour l’une des principales victoires militaires de Kiev, avec une progression moyenne de 7 kilomètres par jour 2.

Le 17 novembre, le groupe d’analystes Deep State rapportait des infiltrations russes dans la ville depuis le sud-est 3. Les défenseurs ukrainiens ont toutefois été en mesure de repérer puis d’empêcher la progression de ces groupes de reconnaissance et de sabotage, composés la plupart du temps de quelques combattants seulement, à l’intérieur des limites de Lyman.

Deep State notait toutefois que « la pression constante exercée par les forces russes et leur supériorité numérique peuvent à tout moment changer la situation ».

  • Lyman fait partie du réseau défensif de Donetsk reliant Kramatorsk et Sloviansk, les plus grandes villes du Donbass toujours sous contrôle ukrainien — ce qui en fait les principales cibles de Moscou.
  • La présence de la rivière Donets au sud, de nombreuses voies navigables et de zones humides autour de la ville constituent des obstacles naturels qui limitent les capacités de l’armée russe à masser des blindés et de l’artillerie.
  • Afin de traverser ces cours d’eau, l’armée russe tente d’installer des pontons. Ceux-ci sont systématiquement repérés par des drones ukrainiens puis détruits par des moyens plus lourds, généralement des bombes guidées américaines et françaises larguées depuis des avions 4.

Si le secteur de Pokrovsk et Myrnohrad concentre la plupart des assauts russes, c’est autour d’Houliaïpole, dans le nord-est de l’oblast de Zaporijia, à l’Est de Lyman et dans l’oblast de Kharkiv, au Nord, que Moscou a réalisé la plupart de ses gains territoriaux en novembre.

  • Tandis que l’armée russe peine à percer autour de Pokrovsk et Kostiantynivka, Lyman pourrait constituer une deuxième option attrayante pour l’État-major russe afin de poursuivre sa progression vers Kramatorsk et Sloviansk.
Sources
  1. Mehul Srivastava et Max Seddon, « Ukrainians vow to push past Lyman as pressure grows on Putin », Financial Times, 2 octobre 2022.
  2. Seth G. Jones et Riley McCabe, Russia’s Battlefield Woes in Ukraine, CSIS, 3 juin 2025.
  3. Publication de Deep State sur Telegram, 17 novembre 2025.
  4. David Axe, « Ukraine plays deadly whack-a-bridge at Lyman—but Russian engineers are winning », Euromaidan Press, 3 octobre 2025.