Le marché européen représente environ un quart des revenus mondiaux des Big Tech

L’annonce, vendredi 5 décembre, par la Commission européenne d’une amende de 120 millions d’euros au réseau social d’Elon Musk, X (ex-Twitter), au titre du règlement sur les services numériques (DSA), a provoqué de vives condamnations de la part de hauts responsables américains.

Musk lui-même a appelé à « dissoudre l’Union européenne » et a menacé de représailles à la fois l’Union « mais aussi aux personnes qui ont pris cette mesure ».

• Le vice-président américain J.D. Vance, qui critique fréquemment la réglementation européenne des entreprises américaines, a écrit avant l’annonce de l’amende que l’Union « devrait soutenir la liberté d’expression au lieu d’attaquer les entreprises américaines pour des futilités ».

• L’ambassadeur américain auprès de l’Union, Andrew Puzder, a quant à lui accusé l’Union de s’attaquer uniquement à des entreprises américaines, évoquant une potentielle « tentative visant à favoriser les concurrents européens » ¹.
• Le secrétaire d’État Marco Rubio semble être allé plus loin en déclarant dimanche 7 décembre sur X que l’amende « ne constitue pas seulement une attaque contre X, c’est une attaque contre toutes les plateformes technologiques américaines et le peuple américain par des gouvernements étrangers ».
• Il ajoute : « L’époque de la censure des Américains en ligne est révolue » ².

Il s’agit de la troisième amende que l’Union impose à une grande entreprise technologique américaine depuis le début de l’année. En avril, deux pénalités avaient été adressées à Apple (500 millions d’euros) et à Meta (200 millions) dans le cadre du Digital Markets Act. S’ils sont importants, ces montants sont toutefois inférieurs à ce que l’Union serait légalement en droit d’imposer.

Malgré la rhétorique américaine, pour les Big Tech l’accès au marché intérieur reste clef. 

• Au cours du troisième trimestre 2025, près d’un quart (23 %) des revenus générés par Meta dans le monde provenaient du marché européen — ce qui représente 11,5 milliards de dollars (10 milliards d’euros).
• L’entreprise présidée par Mark Zuckerberg, qui gère les réseaux sociaux Facebook, WhatsApp, Instagram, Threads et Messenger, dispose de plusieurs centaines de millions d’utilisateurs en Europe à travers ses diverses plateformes.
• Pour Alphabet, l’entreprise qui exploite YouTube (troisième plateforme la plus utilisée au monde), le marché européen représentait 29 % de ses revenus au troisième trimestre, soit près de 30 milliards de dollars.

Le rapport de force qui s’est engagé entre les grandes entreprises technologiques américaines et l’Union a pris une place centrale dans les relations transatlantiques depuis le retour au pouvoir de Trump. L’administration républicaine tente notamment de faire pression pour obtenir un assouplissement des lois européennes sur le numérique en échange d’une réduction des droits de douane sur l’acier et l’aluminium.