La taille du marché intérieur chinois ainsi que le goût de la population pour la viande porcine — en 1982, 84 % de la viande prête à être consommée en Chine était du porc — a fait de Pékin le principal éleveur de porcs au monde. En 2023, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estimait que plus de la moitié de la population porcine au monde se trouvait en Chine : 440 millions d’animaux.
Lorsqu’on rapporte ce chiffre à la population, se trouve toutefois une réalité étonnante : c’est ainsi le Danemark, et non la Chine, qui est le seul pays au monde où le nombre de porcs dépasse le nombre d’habitants.
- On y compte en effet près de 2 porcs par personne, soit un ratio bien plus important que dans n’importe quel autre pays du monde — l’Espagne étant le 2e, avec 0,7 porc pour chaque personne.
- Contacté par la revue, l’expert danois de la production animale et agricole Henning Otte Hansen place les débuts du développement de la filiale aux années 1880.
- La proximité avec le Royaume-Uni, qui importe des quantités importantes de bacon, l’autorisation de l’importation de céréales pour nourrir les bêtes, qui a marqué le début d’une transition d’une agriculture basée sur les cultures vers une agriculture basée sur l’élevage, ainsi que le niveau d’éducation élevé des éleveurs ont en effet créé un terreau fertile, selon Hansen.
Dès les années 1960, le nombre de porcs — qui a fortement décliné dans les années 1930 — dépasse la population du Danemark, dont la croissance est stable à un rythme d’environ 0,4 % par an. Plus qu’une volonté d’accroître considérablement le nombre d’animaux, ce sont les normes en matière de santé, d’élevage et d’alimentation qui favorisent des taux de croissance élevés ainsi qu’un bon pourcentage de viande, selon la consultante au bureau des statistiques danoises Mona Larsen.
La demande internationale menace toutefois le cheptel porcin danois.
- Au deuxième trimestre 2023, le nombre de porcs en élevage au Danemark est passé sous la barre des 11 millions, son niveau le plus bas depuis les années 1990.
- Cette baisse est due à une hausse significative des bêtes exportées à l’étranger pour être engraissées, tirée vers le haut par une augmentation du prix des aliments pour animaux qui rend l’engraissement au Danemark plus coûteux 1.
- La grande qualité des porcs danois favorise quant à elle la demande étrangère, notamment en Allemagne et en Pologne, qui sont d’importants importateurs.
- La productivité danoise de porcelets par truie est considérable : 41 par an en moyenne, contre 26 au Royaume-Uni ou aux États-Unis 2.
La qualité et la productivité du secteur porcin danois repose sur un soutien gouvernemental important à destination des fermiers et des producteurs. Celui-ci permet à Copenhague de produire trois fois plus de nourriture qu’il n’en a besoin.
- Le Danemark se félicite d’être en mesure d’avoir atteint ces taux de production tout en réduisant son impact environnemental, comme le déclarait l’ex-ministre de l’Environnement et de l’Alimentation Esben Lunde Larsen en janvier 2018 3.
- Cette caractéristique se retrouve à l’échelle de l’Union, qui figure parmi les seules grandes régions jouissant d’une souveraineté alimentaire dans la plupart des des secteurs : produits laitiers, viande, blé…
Sources
- Sigrid Friis Neergaard, Stigende eksport af grise påvirker den danske bestand, Danmarks Statistik, 3 novembre 2023.
- Kjeld Hansen, « Danish bacon : what happens when you push pigs to the limit ? », The Guardian, 30 novembre 2019.
- Søren Tobberup Hansen, « Esben Lunde : Jeg ser gerne en fordobling af svineproduktionen », Landbrugs Avisen, 22 janvier 2018.