Depuis la divulgation du plan en 28 points, l’armée russe a frappé l’Ukraine avec plus de 600 drones et missiles

Depuis la révélation de l’existence d’un plan de paix russo-américain en 28 points pour mettre fin à la guerre en Ukraine, le mercredi 19 novembre, la Russie a mené 616 frappes de drones et de missiles sur le territoire ukrainien. Les bombardements russes ont provoqué la mort d’une cinquantaine de civils, dont une majorité (34) à Ternopil le 19, une ville située à plus de 600 kilomètres du front.

• Bien que présenté par le secrétaire d’État américain Marco Rubio comme ayant été « rédigé par les États-Unis » sur la base « d’informations fournies par la Russie », le plan en 28 points reprend les demandes maximalistes de Poutine.

• La présence dans le document d’expressions semblant avoir été traduites depuis le russe vers l’anglais — notamment le troisième point : « Il est attendu que la Russie n’envahisse pas […] », un russime calqué de « ожидается » — soulève toutefois des questions quant à son véritable auteur.
• Suite à la divulgation du document, l’envoyé de Trump, Steve Witkoff, publiait sur le réseau social X, vraisemblablement par inadvertance : « Il a dû obtenir cela de K ». La lettre « K » fait ici très certainement référence au négociateur russe, Kirill Dmitriev ¹.

Plusieurs éléments suggèrent ainsi que Moscou est à l’origine de la majeure partie du document. Pourtant, depuis que celui-ci a été rendu public par la partie russe — possiblement par Dmitriev lui-même afin de donner plus de poids à la proposition ² —, les combats continuent sur le front, l’armée continue de cibler des civils, des infrastructures énergétiques et des dépôts de nourriture ³.

• Sur la ligne de front, les troupes russes continuent leur lente avancée dans les principaux secteurs.
• Le ministère de la Défense estonien estime que les villes de Pokrovsk et de Myrnohrad, dans l’oblast de Donetsk, devraient tomber entre les mains de Moscou au cours du mois de décembre ⁴.

• Selon la première version du plan, la partie de la région de Donetsk actuellement occupée par les forces ukrainiennes serait « considérée comme une zone tampon démilitarisée neutre ».
• Bien que « internationalement reconnue comme territoire appartenant à la Fédération de Russie », l’armée russe aurait interdiction de pénétrer dans cette zone et d’y positionner des troupes et des armes, selon le document.
• Tant que Moscou continue de progresser — bien que lentement — dans le sud et l’est du pays, le Kremlin pourrait voir un intérêt à continuer la guerre tout en maintenant un dialogue ouvert avec la Maison-Blanche afin d’éviter des sanctions supplémentaires.

Sur Telegram, le très populaire compte ultra-nationaliste, pro-guerre et affilié au Kremlin, Рыбарь (« pêcheur »), a ainsi écrit hier, dimanche 23 novembre : « L’une des principales questions concernant la nouvelle version de l’accord sur l’Ukraine est la suivante : le gel est-il vraiment avantageux pour la Russie ? […] Si l’on parle du présent, non, ce n’est pas avantageux : s’arrêter sur la ligne actuelle signifierait manquer l’occasion de conquérir davantage de territoires » ⁵.