Les données vectorielles du contrôle territorial russe en Ukraine au jeudi 13 novembre, compilées par l’Institute for the Study of War (ISW), un think-tank américain, indiquent que Moscou revendique le contrôle de 28,6 km² des 31,2 km² de Pokrovsk — soit 92 %. La présence de forces russes n’est toutefois confirmée que sur 46 % de la surface municipale.
- Depuis que ces dernières ont pénétré dans la ville à la fin du mois d’octobre, Kiev a fait appel à des unités d’élite pour tenter de contenir leur avancée.
- Leur rôle semble toutefois avant tout consister à maintenir un couloir ouvert pour empêcher le reste des troupes ukrainiennes défendant la ville d’être encerclées.
- La capture de la ville serait érigée par Moscou comme une victoire importante, l’armée russe n’ayant conquis aucune ville majeure depuis Bakhmout en 2023.
Le nombre exact de troupes ukrainiennes dans le secteur de Pokrovsk est inconnu. En raison du manque d’hommes dont souffre Kiev depuis le début de la guerre, la mort de plusieurs centaines voire milliers de soldats pour défendre une ville dont le sort semble d’ores et déjà scellé pourrait accroître la pression sur Zelensky, qui affirme vouloir laisser la décision finale à l’armée.
Dans un entretien publié hier, jeudi 13 novembre, le président ukrainien a reconnu que celle-ci était confrontée à une « situation très difficile à Pokrovsk ».
- Il ajoute : « Personne ne les pousse à mourir pour des ruines […] Je soutiendrai nos soldats, en particulier les commandants qui sont sur place, dans leur manière de contrôler la situation. Sinon, cela nous coûtera trop cher — le plus important pour nous, ce sont nos soldats » 1.
- Bien que d’une ampleur moindre, le dilemme auquel doit faire face l’état-major ukrainien est similaire aux sièges de Bakhmout et d’Avdiivka, deux villes capturées en 2023 et 2024 par Moscou dont la défense avait coûté plusieurs milliers de vies.
- La décision de Kiev sera d’autant plus scrutée que le commandant en chef des forces armées, Oleksandr Syrsky, nommé en février 2024, avait acquis une réputation de « boucher » en raison des lourdes pertes ukrainiennes qui lui sont attribuées lors de la bataille pour Bakhmout, entre 2022 et 2023.
Comme le note l’analyste David Axe, les troupes du 1er corps de la Garde nationale qui terminent de repousser des forces russes au nord de Pokrovsk pourraient être envoyées 100 kilomètres plus au sud, à Houliaïpole, dans l’oblast de Zaporijia, où la 90e division blindée russe progresse rapidement 2. Leur redéploiement au nord de Pokrovsk, sur la nouvelle ligne de défense actuellement en formation, pourrait ainsi avoir des conséquences négatives sur d’autres secteurs du front.
Sources
- Oliver Crook et Daryna Krasnolutska, « Zelenskiy Says Ukraine’s Survival Rests on Funds From Allies », Bloomberg, 13 novembre 2025.
- David Axe, « Pokrovsk is falling. Huliaipole is threatened. Azov Corps can only save one front », Euromaidan Press, 13 novembre 2025.