Politique

« Le point de bascule » : le discours complet de Javier Milei après sa victoire 

« Aujourd’hui commence la construction de la grande Argentine. »

Depuis le quartier général de La Libertad Avanza, le président argentin a prononcé un discours triomphal, promettant de « rendre sa grandeur à l’Argentine ».

Gonflé par une victoire surprise, Milei proclame la mort du péronisme.

Nous le traduisons.

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Le Grand Continent
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© AP Photo/Rodrigo Abd

Le président argentin Javier Milei est monté sur la scène hier soir aux environs de 22h30 (heure de Buenos Aires) au Quartier général de sa coalition La Libertad Avanza pour prononcer un discours triomphaliste après sa large victoire aux élections législatives de dimanche.

Tout d’abord, merci. Je souhaite remercier tous les Argentins pour cette nouvelle élection, pour ce nouvel acte électoral et pour la magnifique élection qui a eu lieu, inaugurant un nouveau système de vote : le Bulletin de vote unique en papier, qui n’avait jamais pu être adopté. Contrairement à ce qui est dans l’intérêt des gouvernements en place — parce que ce nouveau système met fin à la fraude —, nous avions dit que nous le ferions, et nous l’avons fait. Car nous sommes en faveur d’un système démocratique et transparent.

Jusqu’ici, chaque parti argentin imprimait ses propres bulletins : l’électeur devait choisir celui de son candidat parmi des piles souvent incomplètes, une pratique propice à la fraude.

Avec la Boleta Única de Papel, l’État fournit désormais un seul bulletin officiel qui réunit tous les candidats et partis. L’électeur y coche simplement son choix — une réforme saluée pour rendre le vote plus transparent, équitable et moderne.

En même temps, tout comme je remercie tous les Argentins pour cet immense acte civique, je serais hypocrite si je ne remerciais pas plus particulièrement tous ceux qui ont continué à embrasser et à soutenir les idées de la liberté pour rendre sa grandeur à l’Argentine.

Cette campagne a été marquée par le slogan : Make Argentina Great Again, relancé par l’administration Trump, sur X par le secrétaire au Trésor américain.

En définitive, pour paraphraser l’un de nos derniers spots de campagne : « Si tu voyais comme l’Argentine est belle… et comme le violet lui va bien ! » Aujourd’hui a clairement été un jour historique pour l’Argentine. Le peuple argentin a décidé de laisser derrière lui cent ans de décadence et de persister sur le chemin de la liberté, du progrès et de la croissance. 

Le violet est la couleur de la coalition de Milei, La Libertad Avanza.

Aujourd’hui, nous avons franchi le point de bascule ; aujourd’hui commence la construction de la grande Argentine.

Naturellement, en répétant ce que j’ai dit il y a un instant, mais de façon plus ordonnée, je veux célébrer la mise en œuvre du Bulletin de vote unique en papier, qui a été un succès dans tout le pays et a nettement amélioré notre système démocratique.

Deuxièmement, je veux remercier les assesseurs électoraux de La Libertad Avanza, et aussi chacun des présidents provinciaux du mouvement, pour l’effort immense qu’ils ont accompli, et qui s’est traduit par un score magnifique de 41 % des voix.

Ce score est même légèrement plus important que le chiffre avancé par Milei hier soir : avec 92 % des bulletins dépouillés ce matin, La Libertad Avanza est arrivée en tête dans une majorité de provinces, recueillant 42 % des voix, devant les péronistes qui obtiennent 24,5 %.

En définitive, je veux remercier les dix millions d’Argentins qui nous ont soutenus.

Mais ce résultat n’aurait pas été possible sans chacun des membres de ce gouvernement. C’est pourquoi je veux les remercier tous : car s’il y a quelque chose qui a caractérisé cette gestion, c’est la production constante de résultats.

Je veux remercier le chef de cabinet, Guillermo Francos.

Je veux aussi remercier tout particulièrement la docteure Patricia Bullrich et le docteur Luis Petri, car nous sommes à un peu plus de deux ans de cette réunion à Acassuso, convoquée par le président Mauricio Macri, où nous avons décidé d’unir nos forces pour vaincre le populisme.

Je veux aussi remercier très chaleureusement le ministre Luis « Toto » Caputo — et le remerciement à « Toto » ne peut être séparé de celui que j’adresse à celui qui dirige la Banque centrale, Santiago Bausili, un géant.

Je veux également remercier l’ancien ministre des Affaires étrangères Gerardo Werthein, qui a accompli quelque chose d’inédit non seulement dans l’histoire argentine, mais dans l’histoire mondiale : jamais les États-Unis n’avaient offert un soutien d’une telle ampleur. Et ce soutien continuera d’être représenté par un colosse venu du ministère de l’Économie, Pablo Quirno.

Derrière le discours triomphaliste, l’Argentine est en fait dans une situation critique et tient depuis quelques semaines grâce à la promesse américaine d’une opération de sauvetage budgétaire — dont nombre d’observateurs s’accordent pour dire qu’il est périlleux pour le Trésor américain, tout en profitant à des proches de Scott Bessent. L’investissement personnel de Trump dans le soutien financier au pays en pleine campagne électorale est une évidente opération d’ingérence des États-Unis envers un allié idéologique.

Je veux aussi remercier pour son travail auprès des plus vulnérables cette combattante infatigable qu’est Sandra Pettovello.

Naturellement, je ne peux pas ne pas mentionner le colosse Federico Sturzenegger, le ministre le plus réformiste de l’histoire argentine.

Je veux également remercier notre ministre de la Santé Mario Lugones, notre ministre de la Justice Mariano Cúneo Libarona, notre ministre de l’Intérieur Lisandro Catalán, ainsi que le président de la Chambre des députés, Martín Menem.

Je veux aussi remercier quelqu’un que la grande majorité d’entre vous ne connaît pas, mais qui est le cerveau juridique derrière tout cela : María Ibarzábal.

Je veux également remercier celui qui sort et parle pour moi, qui porte ma voix régulièrement : mon porte-parole, Manuel Adorni.

Et, comme il ne pouvait en être autrement, les deux colosses qui ont été les architectes de ce miracle : Santiago Caputo et Karina Milei. Merci beaucoup.

Ces remerciements appuyés aux membres de son gouvernement — auxquels sont attribués des adjectifs hyperboliques comme « colosse », « géant » — reprennent le style de la présentation de la « banda presidencial » lors de son concert de campagne que nous avions commenté dans la revue.

Au-delà de ces remerciements à l’équipe — car sans eux tout cela rien n’aurait été possible —, ce résultat n’est rien d’autre que la confirmation du mandat que nous avons reçu en 2023. Aujourd’hui, tout le pays, de La Quiaca à Ushuaïa, a confirmé sa volonté de changer de manière irréversible le destin de la patrie.

Pendant les deux premières années, nous nous sommes consacrés à empêcher l’Argentine de tomber dans le précipice, car nous faisions face aux pires conditions initiales de l’histoire, combinant le pire des trois plus grandes crises de notre pays :

— un excédent monétaire deux fois supérieur à celui qui avait précédé le Rodrigazo de 1975 ;

Le « Rodrigazo » désigne une série de mesures chocs d’ajustement prises sous le gouvernement péroniste en 1975.

— un déséquilibre patrimonial à la Banque centrale pire que celui de 1989, avant l’hyperinflation sous Alfonsín ;

— et des indicateurs sociaux plus mauvais que ceux de 2001.

C’était donc un champ de mines.

Mais grâce à cet ensemble de personnes extrêmement talentueuses qui m’entourent, nous avons réussi à nous en sortir — et aujourd’hui l’Argentine est reconnue dans le monde entier pour ce que nous avons accompli au cours de ces deux dernières années.

Dans les deux années à venir, nous devons consolider la voie réformiste que nous avons engagée, pour changer une bonne fois pour toutes l’histoire du pays.

Nous nous concentrons désormais sur les réformes nécessaires pour assurer la croissance et le décollage définitif de l’Argentine, afin de rendre l’Argentine grande à nouveau.

C’est pourquoi je veux souligner le rôle du nouveau Congrès, qui sera essentiel pour garantir ce changement de cap.

À partir du 10 décembre, nous passerons de 37 à 101 députés, et de 6 à 20 sénateurs.
Par conséquent, je n’hésite pas à dire qu’à partir du 10 décembre, nous aurons, sans aucun doute, le Congrès le plus réformiste de l’histoire de l’Argentine.

Nous sommes engagés à faire de l’Argentine le pays le plus libre du monde, et nous tiendrons notre contrat électoral avec chacun des Argentins qui nous ont soutenus — et avec ceux qui ne l’ont pas fait aussi, car la grande Argentine est pour tous.

Et je veux préciser une chose importante : je ne dis pas cela uniquement pour les sièges obtenus par La Libertad Avanza.

En dehors des inadaptés de toujours, qui croient qu’on répare l’économie en dansant la danse de la pluie et qui ne savent que mettre des bâtons dans les roues, il y a des dizaines de députés et de sénateurs d’autres partis avec lesquels nous pouvons trouver des accords fondamentaux.

Nous nous réjouissons de constater que, dans de nombreuses provinces, la deuxième force n’a pas été le kirchnérisme, mais les partis au pouvoir local — des gouvernements rationnels, pro-capitalistes, pour lesquels un plus un font deux.

La victoire écrasante — dans des proportions inespérées — fait croire à Milei que sa coalition vient d’accomplir un renversement historique : bien plus qu’une victoire électorale, il proclame la fin du péronisme kirchnériste en Argentine.

C’est pourquoi nous voulons inviter la grande majorité des gouverneurs disposant d’une représentation parlementaire à discuter ensemble de ces accords.

En définitive, nous pourrons désormais traduire en lois les principes du Pacte de Mai.

Ce « pacte » désigne un accord proposé en 2024 par le gouvernement de Javier Milei aux gouverneurs des provinces argentines pour mettre en place une série de réformes ultralibérales.

Nous pourrons nous asseoir pour discuter des bases d’une Argentine différente — une Argentine qu’aujourd’hui, nous ne pouvons même pas encore imaginer.

Car un fait est désormais clair : deux Argentins sur trois ne veulent pas revenir en arrière.

Et plus encore : nous avons battu le kirchnérisme avec 14 points d’avance.

Et même si, comme toujours, ils ont quelques problèmes avec les mathématiques et aiment additionner des pommes et des poires, voulant additionner deux partis différents, nous leur avons quand même infligé onze points d’écart.

En définitive, les Argentins ont montré qu’ils ne veulent pas revenir au modèle de l’échec : celui de l’inflation, de l’émission monétaire, de l’État inutile, de l’insécurité.

Les Argentins ont dit basta au populisme. Le populisme, plus jamais !

Comme en 2023, nous sommes bien plus nombreux à vouloir avancer qu’à vouloir reculer.
Notre priorité pour les deux prochaines années sera d’offrir, non seulement aux 15 millions d’Argentins qui nous ont soutenus en 2023, mais aux 47 millions d’Argentins, un avenir meilleur — celui qu’ils méritent.

Nous ne défendrons pas seulement les réformes déjà réalisées, mais nous ferons passer aussi celles qui manquent encore pour atteindre cet avenir.

Parce que nous voulons être un pays qui croît, pour redevenir l’Argentine que nous n’aurions jamais dû cesser d’être, pour rendre à l’Argentine sa grandeur.

Nous avons une opportunité historique et unique en tant que nation.

Nous avons la responsabilité de mettre de côté les intérêts partisans et de penser en tant que pays.

Nous croyons que nous pouvons travailler ensemble avec toutes les forces avec lesquelles nous partageons des points d’accord, afin d’adopter les changements que l’Argentine réclame à grands cris depuis tant d’années.

Merci à tous, donc. Que Dieu bénisse les Argentins. Que les Forces du ciel nous accompagnent.

Les « Fuerzas del Cielo » désigne une communauté d’influenceurs sur Internet qui constitue la garde rapprochée algorithmique du miléisme.

Et vive la liberté, bordel ! Vive la liberté, bordel ! Vive la liberté, bordel !

Rendons sa grandeur à l’Argentine ! Merci beaucoup.

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