Le Fonds monétaire international (FMI) a publié aujourd’hui, mardi 14 octobre, son dernier rapport sur les perspectives de l’économie mondiale. Si l’institution a revu à la hausse ses estimations de croissance par rapport à ses projections d’avril, une tendance de fond pourrait néanmoins menacer l’activité économique mondiale à terme.
- Le FMI anticipe une croissance mondiale de 3,2 % cette année — soit 0,4 point de plus qu’en avril — et 3,1 % l’an prochain (+0,1 point) 1.
- Ces projections retrouvent ainsi le même niveau qu’en 2024 et 2023 2.
- Si l’économie américaine devrait voir sa croissance ralentir à 2 % cette année contre 2,8 % en 2024, les États-Unis dominent le classement des pays du G7.
Tout en notant que l’impact des tarifs douaniers américains avait, pour l’heure, été plus contenu qu’anticipé, Pierre-Olivier Gourinchas, l’économiste en chef du FMI, a déclaré que : « L’incertitude qui plane sur la politique commerciale future a déjà pour effet de réduire l’activité économique. C’est ce que l’on constate lorsque l’on examine les investissements. »
- Si les investissements sont en hausse à l’échelle mondiale, on observe en réalité une baisse par rapport à 2024 lorsqu’on exclut le secteur technologique, qui a considérablement bénéficié des avancées liées à l’intelligence artificielle.
- En septembre, l’économiste Jason Furman notait que les investissements dans les équipements informatiques et les logiciels représentaient 4 % du PIB américain, mais étaient à l’origine de 92 % de la croissance au premier semestre.
- Ainsi, en excluant ces secteurs, le PIB américain aurait connu une croissance annuelle de seulement 0,1 % de janvier à juin.
La baisse des investissements aux État-Unis « reflète l’incertitude à laquelle de nombreuses entreprises font face lorsqu’elles envisagent l’avenir », selon Gourinchas. Tandis que l’économie — et notamment les marchés — américaine continue de croître à un rythme soutenu, ses performances sont de plus en plus liées aux avancées du secteur de l’IA, qui peine pour l’heure à générer des bénéfices.
- Dans un rapport publié en août, le MIT notait : « Malgré 30 à 40 milliards de dollars d’investissements dans l’IA générative, 95 % des organisations n’obtiennent aucun retour sur investissement […] Seuls 5 % des projets pilotes d’IA intégrée génèrent des millions de dollars de valeur, tandis que la grande majorité reste bloquée sans impact mesurable sur le résultat net ».
- À elle seule, l’entreprise OpenAI, dirigée par Sam Altman, a annoncé ces derniers mois une série d’accords avec des entreprises comme Nvidia, AMD ou Oracle pour un montant qui pourrait dépasser les 1 000 milliards de dollars.
- Cette vague d’annonces, impliquant principalement OpenAI et Nvidia, l’entreprise la plus valorisée au monde, « fait craindre qu’un réseau de transactions commerciales de plus en plus complexe et interconnecté ne soutienne artificiellement le boom de l’IA », sur lequel repose désormais une part importante de la croissance américaine 3.
Cette crainte figure également dans le rapport du FMI, qui note : « Une réévaluation brutale des actions technologiques pourrait être déclenchée par des résultats décevants en matière de bénéfices et de gains de productivité liés l’IA, marquant la fin du boom des investissements et de l’exubérance des marchés financiers qui y est associée, avec des implications potentiellement plus larges pour la stabilité macrofinancière ».
Sources
- World Economic Outlook. Global Economy in Flux, Prospects Remain Dim, Fonds monétaire international, 14 octobre 2025.
- Chris Giles, « The paradox of the resilient, fragile global economy », Financial Times, 14 octobre 2025.
- Emily Forgash et Agnee Ghosh, « OpenAI, Nvidia Fuel $1 Trillion AI Market With Web of Circular Deals », Bloomberg, 7 octobre 2025.