La violation de l’espace aérien polonais par une vingtaine de drones russes dans la nuit du 9 au 10 septembre a mis en lumière la vulnérabilité des pays membres de l’OTAN face à de potentielles futures attaques. Si le cas polonais était l’exemple le plus visible de la guerre hybride que la Russie livre à l’Europe depuis 2022, plusieurs dizaines de drones ont été aperçus en Europe depuis cet été.
La revue a été en mesure de recenser 47 événements de ce type au vendredi 3 octobre, dont près de la moitié (19) en Pologne.
- Pour chacun de ces événements, plusieurs drones ont parfois été aperçus en même temps. Il ne s’agit ainsi pas tant d’un décompte précis du nombre d’engins aperçus que d’une liste non-exhaustive « d’incidents » impliquant des drones.
- Au total, des drones partis de Russie ont été aperçus ou se sont écrasés dans trois pays membres de l’OTAN : la Pologne, la Roumanie et la Lituanie.
- Dans la grande majorité des cas, les autorités nationales n’ont pas été en mesure d’identifier la provenance de ces engins.
Les drones sont difficiles à tracer car ils ne disposent pas de signes distinctifs permettant d’identifier leur provenance ou leur destination. Dans certains cas, des civils ont été arrêtés pour avoir fait voler des drones civils achetés dans le commerce, qui ne mesurent que quelques dizaines de centimètres d’envergure. Dans les cas où l’implication de Moscou est avérée, il s’agissait de drones militaires Geran, une variante russe du drone iranien Shahed qui mesure plus de 3 mètres de long. Ces engins peuvent contenir des explosifs ou bien servir de leurre.
- Lorsqu’ils sont lancés par la Russie et non par des civils, ces drones — peu importe leur taille et capacités — peuvent avoir plusieurs fonctions.
- Ils peuvent exercer une pression psychologique et politique sur les pays membres de l’OTAN mais aussi servir à collecter des renseignements. C’est notamment ce que suspectent les autorités allemandes suite au survol par des drones de plusieurs sites sensibles, parmi lesquels une centrale électrique et un chantier naval de sous-marins les 25 et 26 septembre 1.
- Le trafic aérien est le secteur le plus touché par ces vols de drones : en septembre, 14 aéroports européens ont été contraints de fermer temporairement ou de suspendre une partie des vols en raison de la mise en place de mesures de sécurité 2.
Sources
- « Drohnen sollen Kraftwerk, Klinik und Werft ausgespäht haben », ZDFHeute, 1er octobre 2025.
- Greg Dickinson, « Drone incursions are on the rise at European airports. Here’s why you should be worried », The Telegraph, 2 octobre 2025.