Sabine Dullin, Réflexions sur le despotisme impérial de la Russie, Payot

« Un despote et une vision impériale : telle est la prison où l’identité russe est enfermée depuis des siècles. Et ce n’est pas Vladimir Poutine, au pouvoir depuis vingt-cinq ans et artisan de la guerre en Ukraine, qui le démentira ! Il ne fait pas de doute qu’un régime pluraliste et ouvert ne peut émerger durablement en Russie tant que les Russes ne tournent pas aussi le dos à cette identité impériale qui se drape dans un faux anti-impérialisme et une fausse défense existentielle.

Telle est la thèse audacieuse de cet essai qui se poursuit par un choix de textes — pour certains peu connus — d’Européens qui, du XVIe au XXIe siècle, ont interrogé le despotisme impérial de la Russie.

Leur actualité est troublante.

Car ne nous y trompons pas : fascinés et critiques, ces textes sont également un miroir tendu à l’Europe, lui renvoyant ce qu’elle fut : coloniale, impérialiste et fasciste — et ce qu’elle pourrait bien devenir : antidémocratique. »

Parution le 1er octobre.

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Sabine Dullin dans la revue

Ludovic Tournès, Histoire de la diplomatie culturelle dans le monde. Les États entre promotion nationale et propagande, Armand Colin

« Des cours de langue dispensés par les comité de l’Alliance française sur tous les continents à l’exportation de la K-pop et à la politique du Cool Japan, en passant par les émissions de Jazz de Voice of America, les tournées du Bolchoï pendant la guerre froide, ou encore les séries télévisées turques, cet ouvrage présente pour la première fois une histoire mondiale des diplomaties culturelles permettant de comprendre ce phénomène qui a pris une ampleur sans précédent depuis le milieu du  XIXe  siècle. 

On y croisera les États qui orchestrent en coulisse, les associations qui préparent ou relayent sur le terrain, mais aussi les artistes, intellectuels, sportifs ou scientifiques, qui participent à des degrés divers à ces stratégies de valorisation culturelle devenus au cours du XXe  siècle un élément majeur des politiques extérieures étatiques.

Loin d’avoir été submergées par la mondialisation, les nations n’ont pas cessé de jouer un rôle structurant dans les circulations culturelles internationales contemporaines, et au XXIe  siècle plus encore que jamais. »

Parution le 1er octobre.

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Ludovic Tournès dans la revue

Máriam Martínez-Bascuñán, El fin del mundo común. Hannah Arendt y la posverdad, Taurus

« Au lendemain de la première investiture présidentielle de Trump, son attaché de presse a déclaré que l’événement avait rassemblé le plus grand nombre de spectateurs de l’histoire. 

Pour défendre ce qui était manifestement un mensonge, une conseillère de la Maison Blanche avait affirmé qu’il s’agissait de faits alternatifs.

Dans cet essai, Máriam Martínez-Bascuñán soutient qu’à ce moment-là, une ère politique s’est terminée et une autre a commencé.

Avec l’aide de l’intelligence prémonitoire d’Hannah Arendt, elle met en lumière ce nouveau paradigme. Le problème posé par l’apparition des faits alternatifs, des post-vérités et des pré-mensonges n’est pas qu’ils éliminent la vérité — après tout, la vérité n’est pas une valeur absolue en politique —, mais qu’ils détruisent le monde commun qui, depuis un certain temps, permettait la délibération démocratique.

Sans une image commune du monde, il devient impossible de débattre des questions qui nous préoccupent et notre condition de citoyens perd tout son sens. La pluralité des regards ne peut s’exercer que si nous regardons tous la même chose.

Les idées d’Arendt, d’une actualité saisissante, et leur contraste avec celles d’autres penseurs tels qu’Orwell, Foucault ou Platon, servent de guide pour l’analyse de cette nouvelle réalité, dont la complexité ne saurait conduire au désespoir. »

Parution le 2 octobre.

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Máriam Martínez-Bascuñán dans la revue

Claudia Moatti, Sur la politique. Cinq grandes leçons romaines, École française de Rome

« Repenser la res publica, d’où vient — mais par quels détours, quels malentendus ! — le terme moderne de république, c’est, à travers l’expérience romaine antique, éclairer de grandes questions actuelles : qu’est-ce que le peuple ? 

Quelle part de conflictualité peut-on tolérer dans l’espace public ? 

La participation directe est-elle plus démocratique que le système représentatif, la liberté toujours désirable ? 

Quelle place reconnaître à l’Autre dans la cité ?

Ou encore : comment un individu ou un groupe, en s’auto-proclamant défenseur de la grandeur de l’État, devient-il autoritaire ? 

En convoquant cinq grandes notions romaines — res publica, seditio, populus, libertas, societas —, cet ouvrage met la politique à l’épreuve de la langue latine et les concepts en tension avec les pratiques et les conflits de sens.

Il analyse aussi quelques-unes de leurs reconfigurations dans d’autres périodes et selon d’autres enjeux, non pour établir des continuités ou des ressemblances, mais pour affiner les questions et faire comprendre l’importance de la référence au passé pour appréhender les défis contemporains. »

Parution le 2 octobre.

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Georges Didi-Huberman, Les Anges de l’Histoire. Images des temps inquiets, Minuit

« Nos temps sont inquiets ou inquiétants, c’est vrai.

Comment pen­ser cela ?

Comment donner forme — une forme qui ne soit pas stérile, pas seulement désespérée — à cela ?

La tradition religieuse en Occident a produit une philosophie de l’histoire théologico-politique : un dogme de la fin des temps (eschatologie) associé à une notion glorieuse du pouvoir (politique). Tout cela mis en scène dans des visions effrayantes où les anges de l’apocalypse exécutaient militairement les ordres divins concernant le devenir de nos sociétés humaines. 

Aux temps modernes, une pensée de l’ici-bas est venue contes­ter cette vision de là-haut. Les anges de l’apocalypse sont devenus les êtres-anges de l’histoire  : étranges, en effet, car ils manifestent, par crises immanentes, la façon dont les temps historiques nous atteignent, nous étreignent directement. En 1939 et 1940, Walter Benjamin, penseur antifasciste alors aux abois, écrivit, quelques mois avant son suicide, un texte capital pour notre pensée contem­poraine : ses thèses — qui n’en sont pas vraiment — Sur le concept d’histoire. Au centre de ce texte se trouve mise en scène la confrontation avec une simple image : la petite aquarelle de Paul Klee intitulée Angelus Novus.

C’est l’allégorie d’un nouvel ange de l’histoire.

Ce livre — qui prolonge un questionnement ouvert dans Survi­vance des lucioles — tente d’interroger cet ange au prisme de son caractère enfantin mais aussi dialectique, de son rapport à la tradi­tion — juive, en ce cas — autant qu’à l’imagination d’une philosophie de l’histoire capable de forger les motifs d’une possible espérance politique. »

Parution le 2 octobre.

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Donatella Di Cesare, Tecnofascismo, Einaudi

« Un siècle après l’avènement du fascisme, une nouvelle forme de totalitarisme s’affirme dans le monde, qui suit les préceptes de la technique et obéit au principe du sang.

Ce n’est qu’en considérant ces deux tendances, l’une hypermoderne et l’autre régressive, qu’il est possible d’analyser toute la gravité de la montée de la nouvelle droite. 

Des réseaux sophistiqués, entre les mains d’une élite mondiale, aux zones obscures où se déroulent les nettoyages ethniques, ce livre dessine dans ses multiples aspects le paysage contemporain où la politique semble avoir abdiqué au profit de la guerre et où la démocratie est réduite à l’ethnocratie.

C’est précisément la gestion néo-totalitaire des peuples, privés de leur pouvoir et confinés à l’intérieur de murs ethniques, qui est au cœur de la droite technocratique. »

Parution le 7 octobre.

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Barbara Cassin, La guerre des mots. Trump, Poutine et l’Europe, Flammarion

« J’ai eu besoin comme jamais d’écrire ce livre-ci.  Il y va de la culture comme résistance. Trump et Poutine croient en la puissance du langage, ils veulent en être les maîtres.

En supprimant des mots, ils pensent qu’ils suppriment les choses : Trump fait des listes, Poutine parle d’opération militaire spéciale.

Chacun invente sa novlangue : free speech est un bâillon, un démocrate est un nazi. 

Et moi, j’ai peur qu’on ne puisse plus dire : ceci est un mensonge. 

Ils détestent l’Europe d’aujourd’hui et sont nostalgiques d’une Europe chrétienne, morale, conservatrice, sans trans ni woke. Or c’est celle qui revient en force. Est-ce celle-là que nous voulons ? Comment lutter ? À travers la guerre des mots, c’est à la culture qu’ils s’en prennent.

Je crois que la culture, la capacité de juger qu’elle implique, est une forte manière de résister, une manière politique, à notre portée.

Si j’avais à définir la culture de l’Europe, je dirais simplement : il y a des choses à entendre, il y a des livres à lire. »

Parution le 8 octobre.

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Barbara Cassin dans la revue

Baptiste Roger-Lacan (dir.), Nouvelle histoire de l’extrême droite. France 1780-2025, Seuil

« Quand l’extrême droite est-elle née en France ? Comment s’est-elle reconfigurée au fil du temps ? Comment décrire ses organisations et ses pratiques partisanes ? Quels sont ses filiations intellectuelles, son rapport au capitalisme et ses liens avec les forces politiques étrangères connexes ?

De la contre-révolution à l’ascension du Front national, en passant par le régime de Vichy et les guerres coloniales, l’extrême droite française a toujours suivi les dynamiques propres à chaque période.

Pour en raconter la longue histoire, Baptiste Roger-Lacan a rassemblé autour de lui une nouvelle génération de spécialistes qui, ces dernières années, a revisité en profondeur les recherches sur le sujet. Ils mettent en évidence, notamment, l’ancienneté de ses ancrages territoriaux et internationaux ainsi que les modes et formes d’expression de son imaginaire.

Ce livre propose ainsi le récit accessible et renouvelé d’une force politique qui n’a cessé de se redéfinir, se voulant l’expression d’une modernité alternative alors même qu’elle s’est constituée dans l’opposition aux changements.

Parce que l’évolution complexe et continue des extrêmes droites a façonné le paysage politique, culturel et social de la France, c’est toute son histoire qui s’éclaire d’un nouveau jour. »

Parution le 10 octobre.

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Baptiste Roger-Lacan dans la revue

Marie-Janine Calic, Balkan-Odyssee, 1933-1941. Auf der Flucht vor Hitler durch Südosteuropa, C. H. Beck

« Lorsque Hitler est arrivé au pouvoir, beaucoup de persécutés n’avaient qu’une connaissance floue de ce qu’étaient les Balkans. 

Pourtant, ils ne se sont pas seulement enfuis vers l’Occident démocratique et l’Union soviétique communiste.

Certains ont fait le choix du sud-est de l’Europe, supposé arriéré

Au moins 55 000 exilés prirent ainsi la route de la Yougoslavie. Parmi eux se trouvaient des Juifs et des non-Juifs, des conservateurs et des communistes, des sionistes et des internationalistes, des résistants et des apolitiques. 

La star de théâtre Tilla Durieux, les écrivains Manès Sperber et Ernst Toller, le dramaturge Franz Theodor Csokor, le peintre Richard Ziegler et bien d’autres encore ont fui Hitler pour se réfugier dans le sud-est de l’Europe. Marie-Janine Calic fait revivre cette route des Balkans aujourd’hui pratiquement tombée dans l’oubli. Elle raconte des histoires touchantes de courage et d’humanité, de misère et de trahison, de salut et de perdition. 

La fuite vers les Balkans a commencé dès le début de l’année 1933, avec les premières vagues de persécutions nazies. En 1938, l’Anschluss et le pogrom de novembre ont fait gonfler brusquement le flux des réfugiés, car il ne restait pratiquement plus d’autres routes ouvertes.

Mais lorsque l’Italie envahit le royaume de Grèce à la fin du mois d’octobre 1940 et que Hitler planifia l’attaque des Balkans, cette dernière voie de fuite fut soudainement fermée. »

Parution le 13 octobre.

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Philipp Ther, Der Klang der Monarchie. Eine musikalische Geschichte des Habsburgerreichs, Suhrkamp

« Depuis la fin du XVIIIe siècle, la monarchie multinationale austro-hongroise a connu un déclin inexorable et a été confrontée à de profondes divisions internes. Mais les Habsbourg se sont toujours relevés, survivant à Napoléon, à une faillite nationale, à la révolution de 1848 et aux défaites contre l’Italie et la Prusse. Haydn, Mozart et Beethoven ont contribué à maintenir la cohésion de ce vaste empire, tout comme ses rois de la valse, ses princes d’opérette et ses chefs d’orchestre militaires.

La pop habsbourgeoise a conquis les masses et est devenue un produit d’exportation mondial.

L’empire des Habsbourg bourdonnait, chantait, dansait, tourbillonnait et tambourinait — et il n’a disparu que lorsque ses moyens musicaux ont échoué pendant la Grande Guerre.

La musique est un moteur de l’histoire, et Philipp Ther l’utilise comme source historique.

Il se penche sur la relation étroite entre le pouvoir et la musique et montre comment la valse, la polka et les précurseurs de l’Austro-Pop ont maintenu la cohésion de l’État. »

Parution le 13 octobre.

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Andrew Ross Sorkin, 1929. Inside the Greatest Crash in Wall Street History — and How It Shattered a Nation, Viking

« En 1929, le monde a assisté avec stupéfaction à la chute libre de Wall Street, qui a anéanti des fortunes et déclenché une dépression qui allait bouleverser toute une génération.

Mais derrière les téléscripteurs clignotants et les traders paniqués, un autre drame se jouait, celui des visionnaires et des fraudeurs, des titans et des rêveurs, de l’euphorie et de la ruine.

Grâce à un accès à des archives historiques et à des documents récemment découverts, Andrew Ross Sorkin plonge les lecteurs dans le chaos du krach, dans les coulisses d’une bataille acharnée entre Wall Street et Washington et dans l’univers de personnages hors du commun dont l’ambition et la naïveté ont conduit à la ruine.

Les sommets vertigineux et les creux brutaux de cette époque reflètent de manière inquiétante le monde d’aujourd’hui, où les marchés s’envolent, les tensions politiques s’intensifient et la lutte pour l’influence financière se joue une fois de plus.

Ce n’est pas seulement une histoire d’argent.

1929 est un récit sur le pouvoir, la psychologie et l’illusion séduisante que « cette fois-ci, c’est différent ». Il traite des signaux d’alarme ignorés, des financiers tombés en disgrâce et des sceptiques qui ont vu le krach arriver, mais qui ont été écartés jusqu’à ce qu’il soit trop tard. »

Parution le 14 octobre.

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Kevin Passmore, The Maginot Line. A New History, Yale University Press

« La ligne Maginot était une merveille d’ingénierie des années 1930. Les immenses forts, enfouis jusqu’à 80 mètres sous terre, abritaient des hôpitaux, des cuisines modernes, des centres téléphoniques et même des trains électriques. Des kilomètres de galeries souterraines menaient à des casemates dissimulées dans le terrain et à des tourelles qui s’élevaient du sol pour tirer sur l’ennemi. Les fortifications étaient invulnérables à l’artillerie la plus lourde et à la guerre chimique.

Malgré ces préparatifs considérables, la France tomba aux mains de l’Allemagne en un peu moins de six semaines.

Huit décennies plus tard, la ligne Maginot reste dans les mémoires comme une réponse coûteuse et malavisée à un danger évident.

Kevin Passmore en propose un réexamen.

Il retrace les controverses qui ont entouré sa construction, la vie des hommes qui ont servi dans les forts, l’impact sur les habitants germanophones de la frontière et la lutte contre l’espionnage interne. Loin d’être un pas en arrière, la ligne Maginot était un projet ambitieux de modernisation. »

Parution le 14 octobre.

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Cory Doctorow, Enshittification. Why Everything Suddenly Got Worse and What To Do About It, Verso

« La misogynie, le complotisme, la surveillance, la manipulation, la fraude et les déchets de l’IA envahissent Internet.

Pour les monopoles qui dominent le monde en ligne — X, TikTok, Amazon, Meta, Apple — tout cela fait partie d’une stratégie.

Ce processus a été baptisé enshitification par Cory Doctorow. 

D’abord, la plateforme attire les utilisateurs avec un appât, tel que l’accès gratuit ; ensuite, l’activité est monétisée, ce qui attire les clients professionnels et dégrade l’expérience utilisateur ; enfin, une fois que tout le monde est piégé et que les concurrents ont été éliminés, la plateforme exploite toute la valeur et la transfère à ses dirigeants et actionnaires.

En conséquence, les forums en ligne sont devenus des lieux de troubles. Les lieux de rassemblement virtuels où nous imaginions autrefois que les problèmes du monde pourraient être résolus sont désormais des cloaques de haine et d’abus — complètement enshittifiés.

Doctorow énumère les symptômes, pose le diagnostic et identifie les meilleures réponses à ces plateformes malades : les monopoles en ligne doivent être brisés. Les entreprises trop grandes pour faire faillite doivent être ramenées à une taille raisonnable.

Seule une attaque contre leur pouvoir permettra une réglementation efficace et une véritable protection de la vie privée. Les syndicats du secteur technologique doivent protéger les travailleurs qui, à leur tour, doivent nous défendre contre le sadisme et la cupidité de leurs patrons. »

Parution le 14 octobre.

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Henry Farrell et Abraham Newman sur le concept « d’enshittification »

A. Wess Mitchell, Great Power Diplomacy. The Skill of Statecraft from Attila the Hun to Kissinger, Princeton University Press

« Depuis la nuit des temps, les sociétés humaines ont été confrontées à des ennemis trop nombreux ou trop féroces pour être vaincus uniquement par la force des armes. 

Dans ces moments dramatiques, les dirigeants avisés ont eu recours à la diplomatie pour réorganiser le jeu en leur faveur et contrer des adversaires apparemment invincibles. Dans Great Power Diplomacy, l’historien et diplomate américain A. Wess Mitchell raconte l’histoire oubliée de la manière dont les empires les plus légendaires de l’histoire ont utilisé la diplomatie comme un outil de grande stratégie pour déjouer, surpasser et survivre à des adversaires militairement supérieurs.

À travers quinze siècles d’histoire, Great Power Diplomacy fait revivre les moments périlleux, les personnalités hautes en couleur et les intrigues politiques complexes qui ont conduit à certaines des plus grandes réussites diplomatiques de l’histoire, mais aussi à ses plus grands désastres. Parmi les protagonistes figurent des géants tels que Richelieu, Metternich, Bismarck et Kissinger, mais aussi des personnages moins connus tels que des scélérats, des eunuques, des ivrognes et des imbéciles. 

À chaque tournant, la fortune a favorisé les grandes puissances qui ont eu la clairvoyance et l’habileté nécessaires pour former des alliances gagnantes, diviser les coalitions ennemies et, lorsque cela était nécessaire, faire la paix avec leurs adversaires les plus acharnés.

Ce type de diplomatie est devenu un art perdu ces dernières années, les élites occidentales s’étant bercées de l’illusion que la mondialisation et la propagation de la démocratie créeraient un monde sans frontières où les nations vivraient en harmonie et où la guerre serait abolie. Mais, comme le révèle Great Power Diplomacy, nous devons redécouvrir les secrets de l’habileté diplomatique alors que le monde entre dans une nouvelle ère d’instabilité où des grandes puissances de la taille d’un continent se disputent des territoires, des ressources et du prestige. Le riche passé de la diplomatie peut nous servir à nous préparer à cet avenir plus dangereux. »

Parution le 14 octobre.

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Serhii Plokhy, The Nuclear Age. An Epic Race for Arms, Power and Survival, Allen Lane

« Le 16 juillet 1945, l’ère nucléaire a commencé avec l’explosion de la première bombe atomique et les mots de Robert Oppenheimer : maintenant, je suis devenu la Mort, le destructeur des mondes.

Si la menace d’une destruction mutuelle assurée a permis de contenir un paysage géopolitique tendu et en ébullition, des événements tels que la catastrophe de Tchernobyl et des incidents évités de justesse comme la crise des missiles de Cuba ont montré que la destruction totale ne tenait qu’à un dysfonctionnement, une erreur ou un malentendu.

Alors que les gouvernements renforcent leurs arsenaux nucléaires, que les traités visant à limiter l’acquisition et l’utilisation des armes nucléaires sont abandonnés et que les armes nucléaires sont de plus en plus à la portée d’acteurs non étatiques, nous sommes à l’aube d’une renaissance de l’industrie nucléaire.

Depuis la première fission artificielle de l’atome en 1917 et la course à la création de la première bombe atomique pendant la Seconde Guerre mondiale, en passant par la course effrénée aux armements de la guerre froide, jusqu’à l’impérialisme, la motivation néocoloniale et les guerres d’aujourd’hui, la menace posée par les armes nucléaires est plus que jamais d’actualité.

En examinant les motivations des principaux acteurs, Serhii Plokhy aborde la question cruciale de notre temps : que pouvons-nous apprendre de la première course aux armements nucléaires qui puisse nous aider à mettre fin à la nouvelle ? »

Parution le 21 octobre.

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Mia Bennett et Klaus Dodds, Unfrozen. The Fight for the Future of the Arctic, Yale University Press

« Nulle part ailleurs la double menace du changement climatique et des tensions géopolitiques n’est aussi forte qu’en Arctique.

La banquise fond rapidement, les feux de forêt font rage et le pergélisol se meurt. Dans le même temps, l’intérêt mondial pour cette région s’accroît à mesure qu’elle passe du statut de désert de glace à celui de voie navigable internationale.

Mia Bennett et Klaus Dodds examinent l’état actuel de l’Arctique et montrent comment la région est en train de devenir un terrain d’expérimentation pour presque tout — de la gouvernance autochtone aux technologies sous-marines. La concurrence géopolitique croissante s’accompagne de perturbations environnementales. Des pays comme la Russie, la Chine et les États-Unis investissent dans l’Arctique et consolident leurs intérêts en matière d’accès stratégique, d’exploitation des ressources et de construction d’alliances.

Les conséquences de cet anthropocène arctique émergent sont véritablement mondiales : de l’élévation du niveau des mers due à la fonte des glaciers, des tensions entre les grandes puissances déterminées à protéger leur territoire et leurs ressources, ou du bien-être des peuples autochtones qui luttent depuis des siècles pour leurs droits et leur reconnaissance. »

Parution le 21 octobre.

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Klaus Dodds dans la revue

Joel S. Wit, Fallout. The Inside Story of America’s Failure to Disarm North Korea, Yale University Press

« Depuis près de quarante ans, les États-Unis tentent d’empêcher la Corée du Nord de se doter d’armes nucléaires et des missiles nécessaires à leur lancement.

Joel S. Wit, ancien fonctionnaire du département d’État, conduit les lecteurs au cœur des négociations sur le nucléaire, des débats politiques acharnés et des manœuvres diplomatiques secrètes, et raconte à quel point les États-Unis et la Corée du Nord ont frôlé la confrontation armée à plusieurs reprises. S’appuyant sur plus de trois cent entretiens avec des responsables à Washington, Pékin et Séoul, ainsi qu’avec les contacts de l’auteur à Pyongyang, cet ouvrage retrace la manière dont six présidents américains ont abordé le problème de la Corée du Nord.

Wit fait de Barack Obama et Donald Trump les deux présidents les plus responsables de l’échec à enrayer la course de la Corée du Nord vers la construction d’un arsenal nucléaire, car c’est sous leurs mandats successifs que Pyongyang a acquis la capacité de menacer toutes les villes d’Amérique du Nord. Wit dresse également un portrait sans précédent de Kim Jong-un qui réfute l’image caricaturale d’un homme impulsif et illogique.

Comme son père et son grand-père, Kim est un despote impitoyable, mais aussi un négociateur avisé et informé, déterminé à assurer l’avenir de sa dictature en explorant la voie diplomatique ou, à défaut, en se dotant d’un arsenal nucléaire. »

Parution le 28 octobre.

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J. Michael Cole, The Taiwan Tinderbox : The Island-Nation at the Center of the New Cold War, Polity

« L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a choqué le monde entier et bouleversé l’idée selon laquelle une guerre conventionnelle à grande échelle était inconcevable au XXIe siècle.

À l’autre bout de la planète, Taïwan, pays démocratique, est confronté à la menace croissante d’une prise de pouvoir militaire par la Chine — un conflit dont l’impact sur la communauté internationale serait catastrophique.

J. Michael Cole, expert renommé de Taïwan et ancien officier du renseignement, explique comment cette nation du Pacifique est devenue une poudrière susceptible de déclencher un conflit mondial à grande échelle. S’appuyant sur un accès sans précédent aux sources gouvernementales taïwanaises et sur deux décennies d’observation sur le terrain, il explore les causes profondes du conflit entre Taïwan et la Chine, depuis les politiques identitaires qui rendent inconcevable une unification pacifique jusqu’à l’ascension de Xi Jinping, le dirigeant chinois le plus puissant et le plus autoritaire depuis Mao Zedong. 

Proposant une analyse approfondie de la manière dont la guerre en Europe influence les préparatifs de Pékin, Taipei et Washington en vue d’une éventuelle confrontation entre les deux rives du détroit, The Taiwan Tinderbox explique pourquoi la défense de Taïwan doit être érigée au rang de priorité pour la communauté internationale et l’avenir de la démocratie. »

Parution le 28 octobre.

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Marc Lazar, Pour l’amour du peuple. Histoire du populisme en France, XIXᵉ-XXIᵉ siècle, Gallimard

« Depuis un siècle et demi que la République s’est installée, la vie politique française est scandée de moments où apparaissent des mouvements antisystèmes atypiques, plus ou moins durables, qu’on rassemble souvent sous le qualificatif de populistes. 

De prime abord, l’emploi de ce terme peut paraître problématique.

Qu’ont en commun le général Boulanger et Marine Le Pen, les maoïstes et les Gilets jaunes, Jean-Luc Mélenchon et Bernard Tapie ? Ces formations comme leurs dirigeants sont dissemblables et leurs objectifs politiques sont contradictoires. Cependant, ils partagent ce qui forme le cœur de leur discours : une exaltation du peuple, uni dans la même volonté, ainsi qu’un rejet affiché des élites.

Il ne sera pas ici question de juger les populismes, d’en décrire les contours sous les traits d’une maladie ou d’en rester à une approche strictement théorique. 

Dans cet essai érudit, Marc Lazar s’attache à définir le phénomène populiste, analyse chacune de ses manifestations et met ainsi en lumière comment son charme opère, aujourd’hui plus que jamais. Cette histoire du populisme contribue aussi à notre connaissance de la démocratie en France. »

Parution le 30 octobre.

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Marc Lazar dans la revue

Crédits
Sauf indications contraires, les textes sont ceux des quatrièmes de couvertures disponibles sur les sites des éditeurs.