Selon les renseignements danois et d’autres sources américaines et groenlandaises anonymes, trois individus américains proches de la Maison-Blanche auraient initié une campagne de recrutement visant à accompagner la création d’un mouvement sécessionniste au Groenland 1. Le ministre des Affaires étrangères danois, Lars Løkke Rasmussen, a convoqué aujourd’hui, mercredi 27 août, le chargé d’affaires américain à Copenhague.
Pour l’heure, aucun élément ne permet d’affirmer que ces individus agiraient en suivant des instructions directes de l’administration Trump. En mai, les renseignements américains avaient toutefois « intensifié leurs efforts de collecte de renseignements sur le Groenland » 2.
- L’un de ces individus, qui a été vu plusieurs fois en public avec le président américain, aurait été nommé récemment à un poste « qui pourrait lui donner une influence sur la politique de sécurité américaine ». Les deux autres auraient quant à eux déjà travaillé sous Trump.
- Le président américain a affirmé à plusieurs reprises ces derniers mois vouloir prendre le contrôle du Groenland, potentiellement en ayant recours à la force.
- La Maison-Blanche continue de considérer l’annexion du Groenland « par tous les moyens possibles » comme une « priorité stratégique ».
- Au début de l’année, le fils aîné du président, Don Jr., ainsi que le vice-président J.D. Vance se sont successivement rendus sur le territoire danois.
Selon les sources danoises, la stratégie de l’administration Trump pour prendre le contrôle du territoire reposerait sur trois volets : la pression politique exercée sur Copenhague, notamment par J.D. Vance, une « offensive de charme », qui s’est traduite par la visite de Don Jr., et l’infiltration de la société groenlandaise. Le média danois DR fait état de contacts entre ces individus américains et des hommes politiques, des personnalités issues du monde des affaires et des citoyens danois.
Ce groupe serait actif « depuis longtemps » au Groenland à travers différents réseaux. La finalité de l’opération serait l’intégration du territoire aux États-Unis.
- L’ancien Premier ministre du Groenland, Múte Bourup Egede, a déclaré « ne pas être surpris » des tentatives d’ingérence américaine. Il ajoute : « Je pense qu’il faut maintenant se regarder dans les yeux et dire qu’il est inacceptable d’essayer de faire ce genre de choses et revenir à une coopération normale » 3.
- La première ministre danoise Mette Frederiksen a déclaré avoir fait savoir à des sénateurs américains que ces tentatives américaines étaient « inacceptables », lors d’une réunion mercredi 27 août.
- Elle a souligné que ces révélations « montrent à quel point le président Donald Trump souhaite sérieusement s’emparer du Groenland » et « pris note du fait que les Américains ne démentent pas clairement les informations présentées aujourd’hui par DR ».
- Dans un sondage réalisé en début d’année, 85 % des Groenlandais s’opposaient à un rattachement du Groenland aux États-Unis.
Le Groenland occupe une place centrale dans la géopolitique arctique de l’administration Trump. Washington convoite le territoire pour ses ressources naturelles et stratégiques ainsi que sa géographie, notamment dans le cadre de sa rivalité avec Pékin. L’approche révisionniste du président américain en matière d’acquisition territoriale avait provoqué des critiques de la part des dirigeants européens. En juin, Emmanuel Macron avait réalisé la première visite d’un président français sur le territoire.
Sources
- Niels Fastrup et Lisbeth Quass, « Centrale kilder : Mænd med forbindelser til Trump forsøger at infiltrere Grønland », DR, 27 août 2025.
- Katherine Long et Alexander Ward, « U.S. Orders Intelligence Agencies to Step Up Spying on Greenland », The Wall Street Journal, 6 mai 2025.
- Agnete Finnemann Scheel, « Historien kommer ikke bag på Múte B. Egede, men … », DR, 27 août 2025.