Dans son dernier rapport annuel sur les véhicules électriques publié aujourd’hui, mercredi 14 mai, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dresse un bilan globalement positif de l’électrification des transports à l’échelle globale, aspect clef de la transition énergétique 1.

  • Les ventes de voitures électriques ont dépassé les 17 millions d’unités dans le monde l’an dernier, atteignant une part de marché supérieure à 20 %.
  • Sur ces 17 millions, près des deux-tiers (65 %, soit 11 millions) ont été vendus sur le marché chinois. Ainsi, depuis juillet 2024, les ventes de voitures électriques ont dépassé celles des voitures à moteur thermique en Chine.
  • Les ventes ont également considérablement augmenté l’an dernier en Asie et en Amérique latine, avec une hausse du nombre de véhicules mis sur le marché de plus de 60 % par rapport aux niveaux de 2023.
  • À l’échelle de l’Union, la part des véhicules électriques dans le total des ventes a légèrement reculé, passant de 22 à 21 % l’an dernier, soit son niveau de 2022.

Les projections de l’Agence indiquent que plus de 20 millions de véhicules électriques seront vendus dans le monde cette année, ce qui représenterait une part de marché supérieure à 25 %. Elle devrait atteindre 40 % en 2030. Toutefois, le rapport ajoute que les incertitudes liées aux évolutions des politiques des États dans le cadre de la guerre commerciale lancée par Donald Trump, la détérioration des perspectives économiques ainsi que la baisse du prix du baril de pétrole « pourraient affecter l’adoption des véhicules électriques, mais aussi l’ensemble du marché automobile ».

  • L’un des principaux risques liés à l’imposition de tarifs douaniers ainsi qu’à la réorganisation des chaînes de valeur est l’augmentation du prix des composants utilisés pour la production de véhicules électriques, notamment les batteries.
  • Tandis que les constructeurs chinois confortent leur avance technologique sur leurs concurrents américains et européens tout en maintenant des prix plus bas, les voitures électriques en Allemagne sont toujours en moyenne 20 % plus chères que leurs équivalents thermiques, et 30 % plus cher aux États-Unis.
  • À la suite de l’imposition début avril par Trump des droits de douane de 25 % sur les importation d’automobiles, le coût moyen de véhicules neufs a augmenté de 2,5 % en avril — sa hausse mensuelle la plus importante depuis 2020 2.
  • Parmi les constructeurs américains, Tesla — dont la part du marché de l’électrique aux États-Unis est supérieure à 50 % — a enregistré l’une des augmentations les plus importantes : +2,8 %.

En raison de sa taille, le marché automobile américain représente une part considérable des efforts à mener pour atteindre les objectifs climatiques fixés dans le cadre de l’Accord de Paris, dont Trump a retiré les États-Unis dès le 20 janvier.

  • L’introduction de l’Inflation Reduction Act (IRA) en 2023 avait considérablement élargi le nombre de véhicules éligibles à des crédits d’impôt, dont le montant moyen l’an dernier était de 4 000 dollars.
  • Au cours des deux dernières années, les États-Unis ont ainsi accordé les subventions par voiture les plus élevées parmi les trois principaux marchés de véhicules électriques au monde.
  • Les incitations fiscales ont déjà fait leurs preuves dans d’autres pays pour augmenter le nombre de véhicules électriques vendus, comme en Norvège, où les politiques mises en place depuis les années 1990 (exemption de taxe d’achat et d’importation sur les voitures électriques, suppression de la TVA…) ont permis à l’électrique d’atteindre près de 90 % de parts de marché l’an dernier.

Depuis le retour de Trump à la Maison-Blanche, l’administration républicaine a mis en place un gel général des financements de l’IRA et supprimé plusieurs programmes individuels. En conséquence, l’AIE a divisé par deux ses projections de croissance : aux États-Unis, les véhicules électriques devraient représenter 20 % du marché des véhicules légers en 2030, soit deux fois moins que dans son rapport annuel de 2024.