Le cessez-le-feu temporaire décrété unilatéralement par Vladimir Poutine a supposément débuté dans la nuit du mercredi 7 au jeudi 8 mai, à minuit, et devrait durer jusqu’au samedi 10 mai à minuit. Cette période correspond aux célébrations organisées à Moscou pour commémorer les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour lesquelles la Russie a accueilli une vingtaine de dirigeants.

Or, comme pour les précédentes annonces, l’armée russe a d’ores et déjà violé son propre cessez-le-feu plus d’une centaine de fois les 8 et 9 mai.

  • Lors du week-end pascal, le Kremlin avait « ordonné » à ses troupes de suspendre leurs opérations en Ukraine pendant 3 jours « pour des raisons humanitaires ». À 23h55 le 20 avril, soit 5 minutes avant l’expiration du cessez-le-feu, le commandant en chef des armées ukrainiennes déclarait que Moscou l’avait violé à 2 935 reprises 1.
  • Deux jours plus tôt, nous identifions 29 violations par l’armée russe du cessez-le-feu d’une durée de 30 jours limité aux infrastructures énergétiques accepté par Poutine le 18 mars lors d’un appel avec Donald Trump
  • Le Kremlin disait quant à lui avoir recensé des frappes ukraniennes contre des infrastructures énergétiques russes dans 18 régions au cours des 30 derniers jours.

Au cours de la journée du 8 mai, soit le premier jour de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu temporaire, l’armée ukrainienne a compté 193 affrontements sur la ligne de front. La Russie a notamment conduit 18 frappes aériennes et utilisé 32 bombes guidées et 2 659 drones kamikazes 2. De son côté, le ministère russe de la Défense revendiquait jeudi à mi-journée que « les forces armées russes observent strictement le régime de cessez-le-feu », et dénonçait des violations de l’Ukraine — qui n’a pas formellement accepté le cessez-le-feu russe 3.

  • Pour Poutine, la « trêve » annoncée fin avril visait vraisemblablement à diminuer les risques que les célébrations du Jour de la Victoire à Moscou ne soient perturbées par des frappes de drones ukrainiens. 
  • Dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 mai, Kiev a lancé sa plus grande vague d’attaques de drones sur le territoire russe depuis février 2022. Moscou revendiquait avoir détruit 524 drones ukrainiens, la veille de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu 4.
  • Mardi 6, les quatre aéroports internationaux de Moscou ont dû temporairement suspendre tous les vols, conduisant à l’immobilisation de 60 000 passagers à travers le pays. L’avion transportant le président serbe Aleksandar Vučić a notamment été contraint d’effectuer un atterrissage d’urgence à Bakou, en Azerbaïdjan.

La « trêve » décrétée unilatéralement par Poutine, vraisemblablement sans consultations préalables avec la partie ukrainienne, visait également à envoyer un signal « d’ouverture » au président américain, qui a montré récemment certains signes d’impatience quant à l’absence de volonté du président russe de parvenir à une paix durable.

  • Hier, jeudi 8 mai, Donald Trump a appelé sur Truth Social à la mise en place d’un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours, « dans l’idéal ». Le président américain a ajouté : « Si le cessez-le-feu n’est pas respecté, les États-Unis et leurs partenaires imposeront de nouvelles sanctions ».
  • Cette proposition a depuis reçu le soutien de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la Norvège notamment. Le président ukrainien a également réitéré dans la soirée, lors d’un appel avec Trump, être favorable à la mise en place immédiate d’un cessez-le-feu total 5.
  • En réponse à une précédente déclaration de Keith Kellogg le 6 mai sur la perspective d’un cessez-le-feu, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré : « l’établissement d’un cessez-le-feu le long de la ligne de contact pour une période aussi longue, 30 jours, implique une multitude de subtilités qui nécessitent beaucoup de temps et d’attention » 6.

L’administration Trump montre des signes d’impatience de plus en plus prononcés vis-à-vis de Poutine. Mercredi 7, J.D. Vance a déclaré — pour la première fois — que la Russie « demande trop de concessions » vis-à-vis de l’Ukraine 7. Toutefois, pour l’heure, aucune nouvelle initiative n’a été entreprise par la Maison-Blanche pour accroître la pression sur Moscou. Au début du mois de mai, plusieurs sources américaines déclaraient que de nouvelles sanctions contre les secteurs énergétique et bancaire russes avaient été préparées — sans certitude que Trump les signe 8.