Les dirigeants de onze États membres (Allemagne, Danemark, Espagne, Finlande, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Suède et Tchéquie) du Canada et de la Norvège, ainsi que le ministre des Affaires étrangères turc, se sont réunis hier, 2 mars, à Londres pour un sommet sur la sécurité de l’Ukraine à l’invitation du Premier ministre britannique Keir Starmer 1.
- Starmer s’est aussi entretenu avec les dirigeants des trois États baltes peu avant le sommet, et avec Donald Trump après les échanges du Bureau ovale le vendredi 28 février.
- À la fin des discussions, qui ont eu lieu à Lancaster House, le premier ministre britannique a déclaré que le Royaume-Uni, la France et « un ou deux autres » pays allaient travailler avec l’Ukraine sur un « plan pour arrêter les combats » qu’ils vont par la suite présenter aux États-Unis. Starmer a déclaré dans un entretien avec la BBC : « Nous devons trouver les pays en Europe prêts à adopter une approche plus proactive — je ne critique personne. Mais plutôt que d’avancer au rythme de chaque membre, de chaque pays d’Europe, ce qui, au final, serait un processus assez lent, je pense que nous devons probablement constituer une coalition de volontaires » 2.
- Ce plan serait fondé sur trois piliers (déjà évoqués lors des sommets organisés par le président Macron à Paris en février) : une Ukraine en position de force capable de se défendre, des garanties de sécurité européennes et un « filet de sécurité » (backstop) américain. Pour Starmer, l’Europe (ce qui inclut le Royaume-Uni) doit « faire le gros du travail ».
- Le président Macron a déclaré dans la soirée que Paris et Londres proposent une trêve d’un mois 3.
Si la position de Washington est de plus en plus explicitement alignée sur le discours et les positions de Moscou, plusieurs dirigeants européens ont insisté sur l’importance de « l’unité de l’Occident ».
- Pour Donald Tusk, le Premier ministre polonais, « tout doit être fait pour garantir que l’Europe et les États-Unis parlent d’une seule voix ».
- La présidente du Conseil italien, qui avait appelé à l’organisation d’un sommet avec les États-Unis, a quant à elle déclaré : « Il est très, très important d’éviter le risque d’une division de l’Occident. »
Selon un diplomate européen, lors de la réunion, il y a eu « un large soutien à la stratégie de ‘paix par la force’, qui repose sur un soutien accru à l’Ukraine et une pression supplémentaire sur la Russie », et « une convergence sur l’importance de travailler en étroite collaboration avec les États-Unis, notamment dans le cadre de l’OTAN, afin de garantir que tout cessez-le-feu constitue une étape vers une paix juste et durable ».
- Selon la même source, les participants ont déclaré que, « compte tenu du comportement passé de la Russie, la paix doit être protégée par des garanties de sécurité solides. La première ligne de défense reposera sur les forces armées ukrainiennes, qui doivent donc continuer à être soutenues ». « Les contributions européennes aux garanties de sécurité futures doivent être élaborées en étroite coopération avec les États-Unis ».
Les 27 États membres se réuniront pour un conseil d’urgence sur l’Ukraine et la défense ce jeudi 6 mars.
- Les discussions devraient principalement porter sur la hausse des dépenses de défense, avec plusieurs pistes à l’étude : une plus grande flexibilité du Pacte de stabilité pour faciliter l’augmentation des dépenses de défense au niveau national ; des sources de financement supplémentaires au niveau de l’Union, notamment grâce à la flexibilité dans l’utilisation des fonds structurels et des fonds non dépensés du plan de relance NextGenEU ; la modification du mandat de la BEI pour faciliter les prêts à l’industrie de la défense.
- La question d’une nouvelle émission de dette, similaire au plan adopté en 2020 en réponse à la pandémie du Covid-19, devrait également faire l’objet de discussions.
- Les 27 pourraient aussi annoncer un nouveau paquet d’aide militaire pour l’Ukraine, d’un montant total de 20 milliards d’euros.
- Samedi 1er mars, le Royaume-Uni a annoncé un prêt de 1,6 milliard de livres (1,9 milliard d’euros) pour fournir plus de 5 000 missiles de défense aérienne à l’Ukraine. Ceux-ci devraient être construits par Thales à Belfast.
- Pour le moment, l’aide américaine, approuvée lors de la précédente administration démocrate, continue d’arriver en Ukraine et il reste environ 3,85 milliards de dollars de crédits pour le retrait d’équipement 4.
Sources
- Prime Minister Keir Starmer to host leaders summit on Ukraine.
- Jennifer McKiernan, UK and France to present Ukraine peace plan to Trump, PM says, BBC, 2 mars 2025.
- Louis Hausalter, Ukraine, dissuasion nucléaire, dépenses militaires… Les pistes d’Emmanuel Macron pour pousser le « réveil » européen, Le Figaro, 2 mars 2025.
- Flow of U.S. Weapons to Ukraine Has Nearly Stopped and May End Completely, The New York Times, 28 février 2025.