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Majorité en voie d’extinction
Trump a remporté le Sénat et conservé la Chambre lors des élections de novembre. Il a cependant des marges très étroites dans les deux chambres du Congrès, qui se sont davantage contractées aujourd’hui.
Avec la démission lundi 20 janvier de Mike Waltz, l’élu de Floride nommé par Trump pour être Conseiller à la sécurité nationale, Trump ne dispose plus que d’une majorité de deux sièges à la Chambre (218-215) — une marge qui exigera de faire des concessions à la frange républicaine ultra-conservatrice. Après la démission de JD Vance, la majorité républicaine au Sénat n’est que de 52-47.
L’avènement des techno-césars peu sûrs d’eux
La cérémonie d’investiture a été l’occasion pour les grands PDG — Musk, Bezos, Cook, Altman, Pichai… — de témoigner de leur soutien à l’agenda de Trump. Pour l’historien de Princeton David Bell : « Les oligarques veulent exercer une influence politique — et leur richesse le leur permet. Aujourd’hui, la plupart des hommes politiques américains ne se donnent même plus la peine de prétendre, comme ils le faisaient autrefois, que leurs dons de campagne n’achètent rien d’autre qu’un « accès » politique. Il est désormais assumé et clair que les politiques votent selon les instructions des donateurs ».
Pour le Prix Nobel d’Économie Paul Krugman, les hommes les plus riches de la planète ne se prosterneraient pas devant Trump uniquement pour de l’influence, mais aussi par manque de confiance : « Un milliardaire, après avoir atteint des sommets incroyables, se rend compte qu’il reste un être humain ordinaire qui enfile son pantalon une jambe à la fois, et se demande : ‘Tout ça pour ça ?’ ».
Trump veut utiliser une loi du XVIIIe siècle pour déporter des migrants — pour la première fois en temps de paix
Dans son programme à l’attention des législateurs républicains, traduit et commenté dans nos pages, Trump a signalé vouloir utiliser l’Alien Enemies Act pour expulser des migrants irréguliers qui auraient commis des crimes sur le territoire américain.
Cette loi, ratifiée en 1798, n’a été utilisée qu’à trois reprises, et toujours en temps de guerre : pendant la Guerre anglo-américaine de 1812, la Première et la Seconde Guerre mondiale. Elle a notamment été employée pour détenir et expulser des ressortissants d’origine étrangère, notamment japonaise entre 1941 et 1945. Près de 2 000 de ces bi-nationaux ou descendants d’immigrés japonais sont décédés dans des camps dans l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire américaine.
Réactions des États membres
Le ministre allemand des finances, Jörg Kukies, a déclaré en marge de l’Eurogroupe à propos des possibles tarifs Trump : « L’Allemagne a une économie très ouverte au commerce mondial — elle est l’une des plus vulnérables et des plus exposées chaque fois qu’il est question de droits de douane. Nous sommes tout à fait conscients que les droits de douane à l’importation et à l’exportation sont préjudiciables. Mais nous ne savons pas encore quels sont les détails prévus, il serait impossible de savoir comment nous serons affectés et comment nous pourrons réagir ».
Friedrich Merz qui sera le plus probablement chancelier après les élections fédérales du 23 février (lisez ici le portrait que la revue lui a consacré) a déclaré que la présidence de Trump était une opportunité pour la défense européenne. Il avait également plaidé pour « un agenda positif avec les États-Unis en matière de commerce ».
Plus de cravate rouge
Contrairement à la cérémonie d’investiture de 2017, Donald Trump ne portait pas de cravate rouge vif, mais violette — qui est devenue sa marque signature. C’est son vice-président élu J.D. Vance qui a adopté l’esthétique trumpienne. Il y a huit ans, Mike Pence portait une cravate bleu électrique qui ressemblait à celle du président démocrate sortant Barack Obama.
Et Biden ?
Après la cérémonie, le président démocrate prendra un vol avec Jill Biden pour Santa Ynez, en Californie, où il restera dans une résidence privée pour une durée indéterminée. Traditionnellement, les présidents sortants consacrent leur post-présidence à lever des fonds pour la construction de leur bibliothèque présidentielle, qui se trouve généralement dans leur État natal.
Ce n’est cependant pas toujours le cas : la dernière bibliothèque construite, au sein du Barack Obama Presidential Center, se trouve à Chicago, dans l’Illinois, et non à Hawaï ou l’ex-président démocrate est né.
Biden finit son mandat avec un taux de popularité de 37,1 %. Lire plus
Fin de la bulle ? Trump ne mentionne pas les cryptos
À son « all-time high », le meme coin lancé par Trump le 17 janvier a atteint une capitalisation de 15 milliards de dollars, pour un prix unitaire de 74$ par token.
Au cours des dernières 24 heures, la valeur du $TRUMP a chuté de près de 25 % pour s’établir en-dessous de la barre des 50$.
Le programme du premier jour de Trump à la Maison Blanche : document exclusif
Pour lancer sa présidence impériale, Donald Trump fait de l’état d’urgence sa forme de gouvernement : à la frontière, pour l’énergie, pour l’économie.
Nous traduisons le document exclusif qui détaille le programme des 100 premières heures du 47e président américain. Lire plus
Possibles réponses européennes
Si les premières mesures attendues sont liées à la protection des frontières et aux questions énergétiques, selon un rapport du Wall Street Journal, le président Trump prévoit de charger les agences fédérales d’étudier dès ce lundi les politiques commerciales et d’évaluer les relations commerciales des États-Unis avec la Chine et ses voisins continentaux, sans pour autant imposer de nouveaux droits de douane, comme il l’avait promis durant sa campagne. Dans son discours d’investiture, il a déclaré qu’il allait créer le « External Revenue Service » pour collecter les nouveaux droits de douane sur les produits importés : « J’entamerai immédiatement la révision de notre système commercial afin de protéger les travailleurs et les familles américains. Au lieu de taxer nos citoyens pour enrichir d’autres pays, nous taxerons les pays étrangers pour enrichir nos citoyens ».
À l’échelle de l’Union, plusieurs scénarios sont à l’étude, allant de l’imposition de tarifs compris entre 10 et 20 % sur l’ensemble des importations européennes, à l’adoption des tarifs plus sectoriels (par exemple sur l’acier et l’aluminium), comme lors de son premier mandat.
Pour le moment, les possibles réactions européennes restent floues : le 20 janvier, Teresa Ribera, numéro deux de la Commission von der Leyen, a déclaré qu’il était « important de souligner que nous resterons toujours ouverts et heureux de construire des relations basées sur la coopération ; nous n’aimons pas les approches conflictuelles ».
Trump confirme qu’il va retirer les États-Unis de l’Accord de Paris
Dans un document détaillant ses priorités envoyé aujourd’hui, lundi 20 janvier, aux législateurs républicains au Congrès, Trump a confirmé qu’il retirerait Washington de l’Accord de Paris.
Le Président Trump a pris la parole : « j’ai été sauvé par Dieu pour rendre sa grandeur à l’Amérique »
Pendant le discours d’investiture du Président, les équipes de la Maison Blanche ont fait circuler un document officiel détaillant les mesures du « Day One ».
Déportations de masse, sortie de l’Accord de Paris et refonte radicale de l’État. Nous avons préparé les annonces de Trump d’aujourd’hui avec 10 points à lire ici.
Les deux bibles : le président Donald Trump vient de prêter serment
Le président élu Donald Trump a prêté serment avec deux Bibles lundi (comme le président Obama l’a fait lors de son inauguration en 2013). Trump a utilisé sa propre Bible, offerte par sa mère en 1955 et la Bible de Lincoln, utilisée pour la première fois en 1861 pour la prestation de serment du 16e président des États-Unis. Toutefois, il n’a pas touché la Bible pendant son serment.
Selon Branko Milanovic : « Le 20 janvier 2025 restera comme une date symbolique : celle de la fin de la mondialisation néolibérale. »
Le vice-président des États-Unis J. D. Vance vient de prêter serment
J.D. Vance a prêté serment sur une Bible offerte en 2003 par sa grand-mère — qui occupe un rôle central dans son livre Hillbilly Elegy — avant qu’il ne s’engage dans l’armée.
Vous pouvez retrouver les écrits de J. D. Vance traduits et commentés sur le Grand Continent par ici.
« Air Kiss »
Le cabinet de Trump et le processus de confirmation
Trump est allé beaucoup plus vite qu’en 2016 pour dévoiler les membres qui composeront son administration : fort de l’expérience de son premier mandat, il a annoncé les 23 noms de son futur cabinet avant le 4 décembre, soit seulement 29 jours après l’élection présidentielle. Il lui avait fallu 72 jours en 2016, soit un peu plus que Biden à la suite de sa victoire de 2020 (69 jours). Lire plus
- Aucun des membres n’a encore été confirmé par le Sénat. Mais la chambre pourrait procéder au vote aujourd’hui.
- Pete Hegseth (secrétaire à la Défense), Pam Bondi (procureure générale), Marco Rubio (secrétaire d’État) et Scott Bessent (secrétaire au Trésor) ont déjà été auditionnés.
Pendant combien de temps Trump va-t-il parler ?
En 2017, suite à sa première victoire, le discours de Trump avait duré 17 minutes, soit un peu moins que celui de Biden en 2021 (20 minutes).
Le président-élu a cependant prononcé des discours de plus en plus longs ces dernières années, celui de la Conférence nationale républicaine de juillet 2024 ayant été le plus long de l’histoire : 1 heure et 32 minutes.
« Le plus grand comeback de l’histoire »
C’est devant le juge de la Cour suprême John G. Roberts, Jr. que Trump prêtera serment. C’est également Roberts qui avait présidé le premier procès en destitution du président-élu en janvier 2020, suite auquel Trump avait été acquitté par le Sénat.
Rupture protocolaire : mettre en scène le « choc et l’effroi »
Contrairement à ses prédécesseurs, Trump a fait installer un bureau pour signer ses premières actions exécutives à la Capital One Arena, où il sera accueilli par une foule de partisans MAGA.
Les présidents signent depuis Reagan en 1981 leurs premiers ordres exécutifs dans la President’s Room, une salle qui se trouve dans le Capitole.
Il pourrait signer une série de décrets importants dès les cent premières heure de son mandat
Repérés dans la Rotonde
Joe Rogan, Miriam Adelson, Elon Musk, Sundar Pichai, Howard Lutnick, Bernard Arnault, son fils Alexandre, Dana White, Mike Pence, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, Bill Clinton, Hillary Clinton, George W. Bush, Barack Obama, Tim Cook, Susie Wiles, Marjorie Taylor Greene, Jared Kushner, Javier Milei
Pourquoi aucun chef d’État étranger n’avait jamais été invité lors d’une investiture auparavant ?
L’absence de chefs d’État et de gouvernement étrangers remonte aux premières heures de la République américaine, lorsque la traversée de l’Atlantique était trop longue et parfois incertaine pour prendre part à la cérémonie. Comme de nombreuses traditions et protocoles américains, cette pratique est restée — jusqu’au second mandat de Trump.
Une autre raison expliquant l’absence d’invités étrangers autres que les ambassadeurs — ainsi que l’absence de faste — est la tradition républicaine fidèle à George Washington et aux Pères fondateurs. Lorsque l’Europe était gouvernée par des rois et des princes, le protocole républicain encourager les présidents américains à envoyer un représentant plutôt qu’à se déplacer lui-même. La cérémonie de passation de pouvoir témoigne de la nature strictement civile du pouvoir américain, en contraste avec les monarchies européennes et la primauté de la lignée familiale.
Dans sa farewell address de 1796, George Washington disait : « L’Europe a un ensemble d’intérêts primordiaux qui, pour nous, n’ont aucun rapport ou un rapport très lointain. Elle doit donc être engagée dans de fréquentes controverses dont les causes sont essentiellement étrangères à nos préoccupations. Il est donc imprudent de nous impliquer, par des liens artificiels, dans les vicissitudes ordinaires de sa politique ou dans les combinaisons et les collisions ordinaires de ses amitiés ou de ses inimitiés. »
C’est pour s’en tenir à cette stricte tradition républicaine que les États-Unis n’ont pas nommé d’ambassadeurs à l’étranger avant 1893, soit 100 ans après la fondation du pays, et que les présidents américains n’assistent pas aux cérémonies de couronnement.
Résultats des élections
Trump sera le premier président depuis Grover Cleveland en 1893 à exercer deux mandats non consécutifs. À 78 ans, il sera également le président le plus âgé à avoir prêté serment.
- Bien qu’il ait obtenu une victoire « nette » au collège électoral avec 312 voix contre 226 pour Kamala Harris, la victoire de Trump est loin d’avoir constitué un « raz-de-marée » comme relayé par ses proches et partisans.
- Avec seulement 1,6 point d’avance au vote populaire sur Kamala Harris, le président élu républicain a remporté l’élection avec la marge la plus étroite depuis la victoire de George W. Bush contre le démocrate Al Gore en 2000.
Il y a cinq ans : les émeutes du 6 janvier
Trump sera investi sous la rotonde qui avait été envahie il y a cinq ans par des hommes aux cornes de bison et d’autres militants violents et armés, pour empêcher la certification de l’élection de Joe Biden.
Donald Trump est arrivé à la Maison Blanche pour un moment d’échange informel avec Joe Biden
Biden finit son mandat avec un taux de popularité de 37,1 %.
Selon un sondage Gallup conduit en décembre 2024, les personnes interrogées considèrent qu’on ne se souviendra pas de lui comme un président marquant de l’histoire américaine. Que ce soit sur l’économie, l’énergie, la santé, la défense nationale ou même le changement climatique, les Américains sont plus nombreux à dire que le mandat de Biden a été marqué par une « perte de terrain » plutôt qu’une « progression ». Lire plus
Alors que la transition de 2017 avait été mouvementée, que celle de 2021 avait vu l’irruption des partisans de Trump dans le Capitole — sans que Trump n’assiste à la cérémonie — celle de cette année semble située dans un entre-deux : si Biden puis Harris ont fait campagne sur le fait que Trump était une menace pour la démocratie, il est reçu pour le traditionnel « tea time » précédent l’investiture.
Assombrissement : la tenue de Melania Trump
Pour l’inauguration, Melania Trump a opté pour un manteau bleu marine signé Adam Lippes — ancien directeur artistique de Oscar de la Renta — et un chapeau canotier (lui couvrant la moitié supérieure du visage) d’Eric Javits, deux créateurs américains. Elle avait porté du Ralph Lauren lors de l’inauguration de 2017.
Contrairement à Michelle Obama, qui avait utilisé sa position pour soutenir des créateurs émergents comme Pyer Moss ou Fe Noel — sa robe jaune pour l’investiture de 2009 était signée Isabel Toledo, styliste américaine d’origine cubaine — et Jill Biden, qui a favorisé des marques américaines plus établies telles qu’Oscar de la Renta, Michael Kors ou Ralph Lauren, Melania Trump s’est plutôt démarquée lors du premier mandat Trump par un style peu narratif (malgré sa veste Zara « I really don’t care » porté lors d’une visite aux enfants sans-papiers à la frontière entre les États-Unis et le Mexique).
Elle a surtout privilégié les marques de luxe européennes telles que Valentino, Versace ou Chanel — elle avait porté du Dolce & Gabbana pour son portrait officiel —, apparaissant rarement dans des créations américaines, malgré le slogan « America First » de son mari. Cette année, elle avait opté pour la veste Bar de Dior lors de la convention républicaine en juillet et de la soirée électorale de novembre. Il s’agissait toutefois de pièces de prêt-à-porter, ce qui n’implique pas une collaboration particulière avec la maison détenue par LVMH.
Ses choix ont parfois été expliqués par le fait qu’aucun designer n’a voulu s’associer à Trump : Sophie Theallet, dont les créations étaient régulièrement portées par Michelle Obama, avait écrit une lettre ouverte en 2016 pour refuser « d’habiller ou de s’associer de quelque manière que ce soit avec la prochaine première dame » en raison de la « rhétorique raciste et xénophobe » de la campagne de Trump. Marc Jacobs avait également déclaré en 2017 qu’il n’avait « aucun intérêt » à travailler avec Trump.
Participants : un sacre de l’Empereur ?
La cérémonie se déroule pour la première fois de l’histoire américaine en présence de chefs d’État de gouvernement et de groupes politiques étrangers.
- La pratique faisait de l’investiture du président des États-Unis un moment républicain, tourné vers le pouvoir civil et, donc, la capitale.
- Parmi les invités, seule figure Giorgia Meloni en tant que cheffe de gouvernement européen.
- De nombreux leaders politiques de droite nationaliste ou d’extrême-droite seront présents : l’ancien Premier ministre polonais Morawiecki pour les CRE, accompagné de Marion Maréchal, ainsi qu’Abascal (Vox), Ventura (Chega), Chrupalla pour l’AfD (PfE), tandis que la co-présidente Weidel, invitée, est retenue par la campagne électorale allemande. Nigel Farage, Éric Zemmour et sa compagne Sarah Knafo, l’ancien conjoint de Marine Le Pen, Louis Aliot, et l’un des fils de Nicolas Sarkozy sont aussi invités. Le Premier ministre Viktor Orbán n’aurait cependant pas reçu d’invitation officielle, contrairement aux rumeurs. En ce qui concerne l’Amérique latine, le président du Salvador Bukele, le président équatorien Noboa et surtout le président argentin Javier Milei seront présents.
- Xi Jinping avait été invité, mais sera représenté par le vice-président chinois Han Zheng. La délégation chinoise est composée de 9 personnes.
Le président élu a quitté l’église de St. Johns pour se rendre à la Maison Blanche
Une investiture sous le froid
Il fait très froid à Washington aujourd’hui, lundi 20 janvier, et une grande partie de la cérémonie se déroulera en intérieur, ce qui ne s’était pas produit depuis l’investiture de Ronald Reagan en 1985.
Les organisateurs sont passés de 220 000 tickets prévus initialement pour assister à l’investiture sur le National Mall à 700 dans la Rotonde et 1 800 dans l’Emancipation Hall, la salle de débord attenante.