Le nombre de satellites en orbite autour de la Terre a considérablement augmenté ces dernières années : + 56 % entre début 2022 et 2025. Environ la moitié de la flotte globale de satellites en activité aujourd’hui appartient à SpaceX, soit 6 176 objets au 2 janvier 2025, selon la base de données de l’astrophysicien Jonathan McDowell 1.
- Depuis son lancement en 2019, le service d’accès à Internet par satellites piloté par l’entreprise d’Elon Musk, Starlink, s’est imposé comme la seule « méga-constellation » en activité.
- L’unique compétiteur de Starlink, le britannique OneWeb, ne recense que 627 satellites opérationnels — soit 10 fois moins que son rival américain.
- Le projet d’Amazon Kuiper prévoit quant à lui de déployer sa constellation en 2025 avec un objectif à long terme de 3 200 satellites. C’est significativement moins que les 42 000 objets que Starlink souhaite avoir en orbite dans sa méga-constellation.
Starlink est aujourd’hui présent dans la majeure partie du monde. Les seuls pays où le service est inaccessible sont les États refusant de fournir à leur population un accès Internet susceptible de contourner les mesures restrictives et/ou de surveillance mises en place par les gouvernements. C’est notamment le cas de la Chine, qui développe depuis une décennie un « bouclier idéologique » visant à maintenir un contrôle sur les cyber activités de sa population.
Si Pékin refuse de laisser un acteur américain dominer son marché, le Parti soutient le développement d’une alternative chinoise à Starlink : Qianfan (千帆星座). D’autres projets, comme Guo Wang, ont également vu le jour ces dernières années.
- Les services d’accès à Internet via satellites comme Starlink ou OneWeb permettent une connexion peu importe la distance qui sépare les populations des grands centres urbains. En 2022, seulement 76 % de la population chinoise utilisait Internet.
- Les méga-constellations de satellites présentent également un important intérêt militaire, comme l’a démontré Starlink en Ukraine. L’accès à Internet via satellites permet de combler des lacunes en matière de communication, guider des armes longue distance et contourner des brouillages électroniques.
- Pékin apprend du conflit en prévision d’une potentielle invasion de Taïwan, au cours de laquelle un accès à Internet compromis serait susceptible de provoquer des pertes importantes. En Ukraine, les forces russes elles-mêmes auraient déployé des milliers de terminaux Starlink pour bénéficier d’un accès haut-débit 2.
- L’augmentation du nombre d’attaques sur des câbles sous-marins depuis 2022 souligne le rôle crucial joué par les infrastructures physiques dans l’accès et le contrôle des flux d’informations. Seulement 14 câbles relient l’archipel de Taïwan au reste du monde 3.
Qianfan permettrait également de proposer un service chinois aux pays du Sud, notamment dans le cadre des Nouvelles routes de la soie numériques. Les industriels chinois accusent cependant un retard important en matière de capacités de production de satellites (estimées à seulement 300 par an pour Qianfan) et de technologies. Contrairement à SpaceX, qui opère depuis plusieurs années le Falcon 9, la Chine ne dispose pas de lanceurs spatiaux réutilisables — qui présentent des coûts bien plus faibles pour la mise en orbite de satellites.
Sources
- Jonathan’s Space Pages Enormous (`Mega’) Satellite Constellations.
- James Marson et Thomas Grove, « Russia Using Thousands of Musk’s Starlink Systems in War, Ukrainian General Says », The Wall Street Journal, 15 février 2024.
- Juliana Suess, Guo Wang : China’s Answer to Starlink ?, RUSI, 3 mai 2023.