Né en 1967, à Santa Rosa, dans le département de Canelones, une zone rurale située dans le sud du pays, Yamandú Orsi grandit dans un milieu modeste, ses parents étant fermiers. Ce détail est très important en Uruguay : il s’agit de la première fois depuis la transition démocratique des années 1980 qu’un président n’est pas né à Montevideo, la capitale.
- Orsi a entamé des études de relations internationales en 1986 à l’Université de la République de l’Uruguay avant d’y mettre un terme pour devenir professeur d’histoire dans le secondaire. Pendant plus de 20 ans, il enseigne tout en s’occupant du magasin familial ouvert par son père.
- Il découvre la politique lorsqu’il déménage à Montevideo pour ses études, en fréquentant les rangs du mouvement socialiste Frente Amplio, fondé au début des années 1970. Il entre en contact notamment avec le Movimiento de Participación Popular, le MPP, déjà dirigé à l’époque par Mujica.
Avant de se présenter au niveau national, Orsi a été pendant 9 ans gouverneur de Canelones (2015-2024), où il a fait ses preuves. Il a démissionné pour se présenter à l’élection présidentielle, fort d’une popularité de 60 %, et se revendique de l’héritage politique de l’ancien président (2010-2015) Pepe Mujica, figure très populaire dans le pays. Malgré son âge (89 ans), l’ex-guérillero torturé et emprisonné sous la dictature avant de devenir président a été un élément central de la campagne d’Orsi.
- C’est Mujica qui a repéré Yamandú Orsi à la fin des années 1990, et qui lui aurait dit qu’une fois que l’on arrive à gouverner Canelones, on peut tout gouverner.
- Lorsqu’il a été élu à Canelones, Orsi a mis fin à 200 ans d’hégémonie de la droite dans le département. Malgré une situation économique difficile marquée par un important niveau de dette, celui-ci a réussi à avoir un bilan globalement positif.
Sa méthode : « La esencia de la política son los acuerdos » (L’essence de la politique, ce sont les accords)
Mujica a souligné à plusieurs reprises pendant la campagne les origines d’Orsi : un candidat qui connaît la vie urbaine mais qui sait aussi que la politique va au-delà de la capitale Montevideo. Ce parcours « hybride » lui donne, toujours selon Mujica, un pouvoir de négociation assez inédit — qui a été mis à l’épreuve pendant ses années en tant que gouverneur.
- Orsi a joué sur l’image d’un père de famille calme et honnête durant la campagne. Il a été accusé en mars par Romina Papasso, une militante du camp adverse du Partido Nacional, d’avoir frappé Paula Díaz, une prostituée, en 2014. La victime présumée l’a dénoncé au tribunal.
- Orsi a nié les faits publiquement, notamment sur X (Twitter). L’histoire s’est conclue avec l’emprisonnement de Papasso et de Díaz, qui ont avoué avoir tout inventé. L’affaire n’a fait que renforcer l’image du candidat.
- Orsi ne revendique pas vouloir mettre en place de changements radicaux : il a indiqué vouloir relancer la croissance et réduire le déficit budgétaire et promis de ne pas augmenter la pression fiscale. Il veut également lutter contre la criminalité liée au narcotrafic et souhaite aussi se concentrer sur les échanges avec les pays voisins.
Il prendra ses fonctions le 1er mars 2025.
Une tendance régionale marquée vers la gauche
Yamandú Orsi est le dernier d’une longue série de dirigeants de gauche et de centre-gauche à avoir été élus en Amérique du Sud ces dernières années — une « vague rose » qui fait suite à celle des années 1998-2015.
La gauche d’Orsi incarne cependant un courant beaucoup plus modéré que celle portée par des leaders comme Hugo Chávez.
- Les dirigeants de la région ayant remporté des élections ces dernières années partagent également la particularité d’avoir été porté par des mouvements récents (partis ou coalitions) qui ne disposent pas pour la plupart du soutien d’organisations historiques et bien implantées.
- Plusieurs candidats ont ainsi remporté les élections présidentielles mais sans obtenir de majorités claires dans les Parlements, rendant le passage de leur agenda législatif beaucoup plus incertain.
- Orsi arrivera au pouvoir en mars avec une majorité au Sénat et 48 sièges sur les 99 de la Chambre des représentants suite aux élections du 27 octobre.