Aujourd’hui, mercredi 30 octobre, l’ancien président finlandais Sauli Niinistö a présenté les conclusions de son rapport, réalisé à la demande de la présidente de la Commission européenne, sur le renforcement de la préparation civile et militaire de l’Union 1.

  • Dans celui-ci, Niinistö appelle les États membres à renforcer le partage de renseignements afin de permettre une meilleure coordination face à l’intensification des menaces, ainsi qu’à améliorer les services de contre-espionnage au sein de l’Union face à des cyberattaques et des attaques hybrides qui seraient plus nombreuses et agressives. Cette proposition pourrait conduire à la création d’une agence de renseignement européenne, bien qu’il est très peu probable que les États membres soient alignés sur le sujet.
  • Face à un « monde plus dangereux », le rapport exhorte l’Union à consacrer 20 % de son budget à sa sécurité et à la préparation aux crises, ce qui, selon lui, serait proportionnel à l’ampleur des défis. Les dépenses combinées de l’Union en matière de défense ont augmenté de 20 % entre 1999 et 2021 — contre près de 300 % pour la Russie et 600 % pour la Chine.
  • Le rapport propose également une meilleure coordination entre l’OTAN et l’Union, et met en avant l’importance du respect par les États membres de la cible de 2 % en matière de dépenses de défense.
  • Si l’OTAN reste le « fondement de la sécurité collective », le rapport ajoute que son pilier européen devrait être davantage renforcé. Il estime en effet que « pour que l’Union soit prête à soutenir un État membre en cas d’attaque, nous devons évaluer les éventuelles implications sociétales, économiques, sécuritaires et autres, et identifier les besoins de mesures supplémentaires, en complémentarité avec l’OTAN ».

L’ancien président filandais propose également la création de deux fonds dédiés au déboursements des fonds : la facilité pour la défense de l’Europe (DEF) et la facilité pour la sécurisation de l’Europe (SEF). Le DEF devrait englober les acteurs de la défense et de l’industrie ainsi que les instruments à double usage.

  • Selon le rapport, ces deux structures permettraient de mettre en commun les ressources, de promouvoir plus efficacement la consolidation du marché et de tirer parti de la capacité de l’Union en tant qu’acteur unique en matière de financement et de développement.
  • Le rapport appelle également à explorer de nouvelles possibilités de financement dans le cadre du budget européen et des instruments existants ou nouveaux de la Banque européenne d’investissement.

Lors de la conférence de presse, Ursula von der Leyen a également insisté sur le fait que les projets européens nécessitent des financements communs, qui peuvent provenir soit d’une augmentation des contributions nationales, soit de nouvelles sources de financement.

  • Dans son rapport, Mario Draghi estime les besoins en investissements à l’échelle européenne à 800 milliards d’euros par an d’ici 2030 pour faire face aux transitions en cours — un montant qui pourrait en partie être financé par un nouvel emprunt commun.
  • Les négociations sur le prochain cadre financier pluriannuel 2028-2034 commenceront dès 2025, avec une première proposition de la Commission attendue en juin.

Dans un entretien accordé au Grand Continent, Margrethe Vestager, commissaire chargée de la Concurrence, déplorait également le fait que les États membres soient encore trop divisés et fragmentés en matière de défense. Cette vision est partagée par Guillaume Faury, qui appelle les Européens à « trouver des leviers pour coopérer et gagner en effet d’échelle afin de pouvoir consentir les investissements considérables nécessaires aux technologies de défense ».