Selon une enquête réalisée du 16 août au 4 septembre par le Public Religion Research Institute (PPRI), dont les résultats ont été publiés mercredi 16 octobre, plus d’un tiers (34 %) des Américains est d’accord avec l’idée selon laquelle « les immigrants qui entrent illégalement aux États-Unis aujourd’hui empoisonnent le sang de notre pays »1.

  • Parmi ces derniers, 61 % s’identifient comme étant des électeurs du Parti républicain, 30 % comme indépendants et 13 % comme démocrates.
  • Les protestants évangéliques et les catholiques blancs sont sur-représentés parmi les répondants en accord avec cette affirmation par rapport aux autres groupes.
  • Plus des deux-tiers de ce groupe déclare avoir « plus confiance dans les médias d’extrême-droite » (70 %) et dans Fox News (65 %), soit une proportion trois fois plus importante par rapport aux répondants déclarant avoir plus confiance dans les « chaînes de télévision mainstream ».

Les séries historiques du PPRI soulignent plus globalement une radicalisation de la perception des Américains vis-à-vis des migrants, tirée vers le haut par les électeurs républicains. En septembre dernier, 31 % se disaient favorables à « l’identification puis la déportation » des migrants résidant illégalement aux États-Unis — 6 points de plus que l’année précédente, et le niveau le plus élevé depuis que l’institut a commencé à poser cette question en 2013.

La rhétorique anti-migrants de Donald Trump s’est durcie ces dernières semaines, notamment depuis que celui-ci a accusé des migrants haïtiens de « mangeurs des chiens et des chats » lors du débat contre Kamala Harris.

  • C’est en octobre dernier que le candidat républicain a commencé à marteler publiquement que les migrants « empoisonnent le sang des États-Unis ». En Iowa, à Cesar Rapids, celui-ci avait ajouté : « ces gens sont très agressifs : Ils boivent, ils se droguent, il se passe beaucoup de choses »2.
  • Afin de lutter contre les « migrants criminels », Trump a annoncé la semaine dernière le lancement de l’opération Aurora : s’il est élu, celui-ci promet de « déporter les migrants » dans des proportions jamais vues dans l’histoire américaine — aux alentours d’un million de personnes par an, selon J.D. Vance.
  • Pour mettre en œuvre ce plan, le candidat a déclaré son intention d’invoquer l’Alien Enemies Act, une loi de 1798 donnant autorité au président de rassembler, détenir puis expulser des ressortissants d’un pays avec lequel les États-Unis sont en guerre. 
  • Ce texte n’a été invoqué qu’à trois reprises au cours de l’histoire américaine, à chaque fois dans le cadre d’un conflit : durant la guerre de 1812 contre le Royaume-Uni, la Première puis la Seconde Guerre mondiale3.

Une nouvelle administration Trump serait en mesure d’aller plus loin qu’une guerre contre les immigrés en situation irrégulière. Lors de la précédente administration, le conseiller du président à la Maison-Blanche Stephen Miller — qui est susceptible de jouer à nouveau un rôle central à Washington en cas de victoire de Trump — avait entamé un projet de « dénaturalisation » visant à retirer la nationalité américaine acquise par des immigrés ayant commis des crimes4. Miller a déclaré sur X (Twitter) en octobre dernier qu’en cas de victoire de Trump, « ce projet sera accéléré en 2025 »5.

Sources
  1. Challenges to Democracy. The 2024 election in focus, Findings from the 2024 American Values Survey, Public Religion Research Institute (PPRI), 16 octobre 2024.
  2. Marianne LeVine et Meryl Kornfield, « Trump’s anti-immigrant onslaught sparks fresh alarm heading into 2024 », The Washington Post, 12 octobre 2024.
  3. Katherine Yon Ebright, The Alien Enemies Act, Explained, Brennan Center for Justice, 9 octobre 2024.
  4. Katie Benner, « Justice Dept. Establishes Office to Denaturalize Immigrants », The New York Times, 26 février 2020.
  5. Publication sur X (Twitter) de Stephen Miller, 11 octobre 2023.