En 2014, quelques mois seulement après l’invasion de la Crimée, Vladimir Poutine posait aux côtés de dirigeants européens et du président américain Barack Obama à l’occasion de la commémoration du 70e anniversaire du débarquement, en Normandie. L’invitation, envoyée par le président français François Hollande en concertation avec Angela Merkel, consistait alors à « ouvrir une conversation sur la mise en œuvre des Accords de Minsk ».

Une décennie plus tard, Poutine n’a pas été convié aux célébrations du 80e anniversaire, qui se sont tenues le 6 juin dernier.

  • Les pays occidentaux ont œuvré pour isoler diplomatiquement Moscou suite au lancement de l’invasion à grande échelle de février 2022.
  • La Russie est désormais le pays le plus sanctionné au monde, loin devant l’Iran, la Syrie ou la Corée du Nord.
  • En mars 2023, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine – le premier visant un dirigeant de l’un des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité.

Quelques mois après, en août 2023, le président russe annule sa visite en Afrique du Sud à l’occasion du sommet des BRICS de Johannesburg. Les autorités sud-africaines, confrontées à un dilemme qui les aurait conduites à dégrader leurs relations avec Washington en laissant Poutine repartir malgré avoir ratifié le Statut de Rome, décident de ne pas fournir de garanties au président russe.

  • L’annulation de cette visite constituait un lourd échec pour la présidence russe, dont le récit — consistant à présenter son agression militaire comme un effort de « dénazification » de l’Ukraine et de défense des populations — se trouva de facto contesté par un de ses proches alliés.
  • Poutine n’a pas pour autant renoncé à ses déplacements internationaux. Il se rend au Kirghizistan et en Chine en octobre 2023, au Kazakhstan et en Biélorusse le mois suivant puis rend visite au président émirati Mohammed ben Zayed Al Nahyane à Abou Dabi et au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à Riyad en décembre.
  • Depuis le début de l’année, le président russe s’est rendu dans 8 pays, notamment en Corée du Nord — pour la première fois depuis 2000 — et en Mongolie au début du mois septembre, bien qu’Oulan-Bator ait ratifié le Statut de Rome.

En moyenne, Poutine voyage 2,4 fois moins depuis 2022 (7,6 voyages par an) par rapport à la période 2000-2021 (18,2 voyages par an). Le nombre de pays dans lesquels il est en mesure de se rendre s’est considérablement réduit en raison des sanctions internationales, et se limite désormais à l’Asie centrale, les régimes autocratiques asiatiques (Corée du Nord, Chine, Vietnam), l’Iran et quelques États du Golfe et du Caucase.

Samedi 28 septembre, le ministre russe des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov s’adressera à la tribune de l’ONU pour la 8e fois en 10 ans1.

  • Les Nations unies constituent l’une des dernières enceintes internationales où la Russie est toujours en mesure de porter sa voix, bien que celle-ci soit de plus en plus inaudible.
  • Dimanche, Moscou a échoué à faire dérailler l’adoption par les membres de l’ONU du Pacte pour l’avenir en introduisant à la dernière minute un amendement dénonçant un texte « dicté par les pays occidentaux ».
  • Celui-ci a fait l’objet d’une motion d’ordre par le représentant de la République du Congo, qui a obtenu le soutien de 143 États — dont une partie importante de pays du Sud.
  • Seulement 7 pays s’y sont opposés : la Russie, le Bélarus, le Nicaragua, la Syrie, la Corée du Nord, l’Iran et le Soudan. Le Pacte a finalement été adopté par consensus2.
Sources
  1. La dernière visite de Poutine au siège des Nations unies remonte à 2015. Il s’était adressé à distance lors du débat général de l’Assemblée de 2020.
  2. Sommet de l’avenir : les dirigeants mondiaux adoptent le Pacte pour l’avenir, le coup d’envoi d’un nouveau multilatéralisme, plus « légitime, juste et efficace », Nations unies, 22 septembre 2024.