Le 18 août, invoquant le déploiement par Kiev de « plus de 120 000 militaires près de la frontière avec le Belarus », Minsk a déclaré avoir eu à initier le « redéploiement de près d’un tiers de son armée à la frontière avec l’Ukraine » dans le cadre de ce que le régime biélorusse présente comme un « exercice »1.

  • Hier, dimanche, 25 août, le ministère des Affaires étrangères ukrainien a appelé dans un communiqué « les forces armées biélorusses à cesser leurs actions inamicales et à retirer leurs forces de la frontière de l’Ukraine »2.
  • Kiev dénonce notamment la présence près de son territoire d’un « nombre important » de forces d’opérations spéciales, de matériel militaire lourd, d’équipements d’ingénierie ainsi que d’ex-mercenaires de Wagner.
  • Les « exercices militaires » biélorusses près des frontières des pays de l’OTAN (Pologne, Lituanie, Lettonie) ou de l’Ukraine sont assez fréquents, le dernier en date ayant eu lieu en juillet aux côtés de militaires chinois.

Le déploiement auquel on assiste depuis une semaine se distingue néanmoins par son ampleur. Si le tiers de l’armée biélorusse représente seulement un effectif d’environ 16 000 militaires3 — un chiffre relativement faible compte tenu de la taille de l’armée ukrainienne ainsi que de la longueur de la frontière (plus de 1 000 km) —, la menace est prise très au sérieux par Kiev alors que ses troupes combattent à la fois dans le sud et l’est du pays ainsi que sur le territoire russe.

Il est toutefois très peu probable que Minsk lance une offensive contre l’Ukraine.

  • Bien que le Bélarus ait, à bien des égards, cessé d’être un État souverain à mesure que la Russie a renforcé son emprise sur le pays, le rapport de forces est largement en faveur de l’Ukraine. 
  • Moscou pourrait cependant chercher à impliquer davantage son vassal dans la guerre afin de contraindre le commandement ukrainien à déplacer des troupes mobilisées sur d’autres secteurs pour renforcer sa frontière4.
  • C’est du territoire biélorusse qu’avait été lancée une partie de l’invasion russe en février 2022, qui se trouve à moins de 100 kilomètres de Kiev.

La menace que fait peser le Kremlin sur l’Ukraine via le Bélarus relève d’une opération psychologique (PsyOp) éprouvée par les autorités russes depuis 20225. Son efficacité est néanmoins relative en raison de la faible menace que l’armée biélorusse est capable de poser sans une participation directe russe.

Sources
  1. « Lukashenko : Belarus had to redeploy a third of its army to the border with Ukraine », Belta, 18 août 2024.
  2. Заява МЗС України щодо недружніх дій Республіки Білорусь, Ministère des Affaires étrangères ukrainien, 25 août 2024.
  3. The Military Balance 2024, The International Institute for Strategic Studies.
  4. Nadia Prychliak, « Перекидання білоруських військ : у ДПСУ розповіли, що коїться біля українського кордону », Unian, 26 août 2024.
  5. Riley Bailey, Kateryna Stepanenko et Frederick W. Kagan, Russian Offensive Campaign Assessment, 11 décembre 2022, Institute for the Study of War.