Qui est Tim Walz, le colistier choisi par Kamala Harris dans la course pour la Maison Blanche ?

Né à West Point dans le Nebraska d’une mère femme au foyer et d’un père travaillant dans le secteur de l’éducation, Tim Walz s’engage, à 17 ans, dans la Garde nationale de son État d’origine. Il travaille ensuite dans l’industrie avant d’étudier au Chadron State College et d’être diplômé d’un Bachelor of Science en 1989. Il enseigne un an en Chine, avec WorldTech, dans la province du Guangdong, puis s’installe dans le Minnesota, dans le Midwest, et obtient un maîtrise de l’Université du Minnesota. 

• Engagé dans la Garde nationale du Minnesota, il enseigne la géographie au lycée Mankato West où il entraîne l’équipe de football. En 1991 il soutient la création de la première association qui réunit homosexuels et hétérosexuels (gay-straight alliance), alors même que le mariage entre personnes du même sexe avait été interdit dans l’État trois ans plus tôt. En 2003, il prend sa retraite de la Garde nationale comme sergent-major.

• En 2006, il se présente pour la première fois à la Chambre des représentants des États-Unis dans le 1er district du Minnesota (une zone fortement rurale) comme membre du Parti démocrate-paysan-ouvrier, une branche locale du Parti démocrate. Il est élu avec 52,7 % des voix¹. En mars 2017, il annonce sa candidature au poste de gouverneur avec le slogan « One Minnesota », témoignant d’une volonté de dépasser les clivages politiques. Il remporte la primaire démocrate avec 42 % des voix puis est élu gouverneur avec près de 54 % des suffrages.

• Il est réélu comme gouverneur en 2022. Cette fois-ci, le Parti démocrate remporte aussi le Sénat. Si Walz était jusque-là considéré comme modéré, le soutien du Sénat de son État lui permet de mettre en place de nombreuses mesures progressistes, qui feront sa popularité et façonneront son image.

L’État du Minnesota devient un modèle pour la gauche à l’échelle nationale², avec des congés parentaux et médicaux payés, un crédit d’impôt pour enfant le plus élevé des États-Unis, ou encore la mise en place de la gratuité des petits-déjeuners et des déjeuners pour tous les étudiants de l’État en 2023, en produisant l’une des images les plus iconiques de son mandat.

Il s’engage également dans la protection des élèves LGBT, dans l’amélioration des conditions de vie des soldats et des anciens combattants. Il est notamment attentif aux problèmes plus négligés de la vie militaire, comme la santé mentale et le suicide, ainsi que sur l’importance des garderies dans les bases militaires.

• Il a également géré les manifestations de Minneapolis en 2020 après le meurtre de George Floyd. Les républicains l’accusent notamment d’avoir attendu un jour avant de répondre à la demande du maire d’envoyer la garde nationale. 

Pour l’aile gauche du Parti démocrate, il est celui qui a incarné au niveau d’un État la part la plus progressiste de l’agenda « Build Back Better », plateforme sur laquelle Biden avait été élu en 2020³. 

Particulièrement attentif et sensible à la culture populaire, en tant que gouverneur du Minnesota il a solennellement proclamé le 20 juillet 2023 « le jour de Beyoncé » (Beyoncé Day).

La décision de Kamala Harris de le choisir comme colistier est cependant risquée : alors que d’autres candidats, comme Josh Shapiro, le gouverneur de Pennsylvanie paraissent plus évidents.

• Harris choisit le gouverneur d’un État qui compte 10 votes au Collège électoral, alors que Josh Shapiro en Pennsylvanie (un swing state), en compte 19. L’État du Minnesota n’a pas voté pour un candidat républicain à l’élection présidentielle depuis 1972. 
• Walz est aussi beaucoup moins influent à l’échelle nationale que Shapiro et va donc devoir se bâtir une image en à peine 3 mois.

Le pari d’un candidat à la vice-présidence issu d’un État du Midwest, représentant d’une Amérique rurale en net contraste avec l’image d’une Kamala Harris qui reste associée à la Californie, semble avoir eu l’effet escompté sur leur adversaire. C’est ce que montre la réaction publiée par Donald Trump à la suite de l’annonce, qui se focalise sur cette dimension :

En matière de politique étrangère il sur une ligne consensuelle avec la politique menée par Joe Biden, ce qui permet de donner des gages à la majorité du Parti démocrate⁴.

• Walz a exprimé son soutien à Israël tout au long de sa carrière mais est en faveur d’un cessez-le-feu et d’une solution à deux États. Il a qualifié d’« intolérables » les attaques du 7 octobre. Si, en 2015, il a soutenu l’accord sur le nucléaire iranien, il a cependant précisé que « si l’Iran viole les termes de l’accord, [les États-Unis] se réservent le droit de ré-imposer des sanctions économiques strictes ». 
• Après l’invasion russe de l’Ukraine à grande échelle, il avait signé une loi visant à désengager les investissements de l’État de Minnesota en Russie. Après sa rencontre avec le Président ukrainien en 2023, il avait déclaré « Il fut un honneur d’entendre le président Zelensky de vive voix et de lui offrir notre soutien indéfectible ». 

Cependant, certaines de ses positions diffèrent des opinions démocrates. Walz considère ainsi qu’il est bien placé pour réunir les propriétaires d’armes « responsables », et ceux qui militent pour un contrôle strict des armes. De même, il a voté en faveur d’un contrôle plus strict des réfugiés⁵.

Au total, les réactions au sein de la coalition démocrate sont quasi unanimes de Barack Obama à Alexandria Ocasio-Cortez, qui salué une « excellente décision », en passant par Joe Manchin (« Je ne vois personne de mieux placé que le gouverneur Walz pour rassembler notre pays »), mais aussi les principaux syndicats du pays.

Le remplacement de Joe Biden par Kamala Harris sur le ticket présidentiel démocrate a remobilisé la base du parti et suscité un élan d’enthousiasme en vue de l’élection. La nomination de son colistier devrait contribuer à cette tendance.

Les sondages d’intention de vote témoignent d’une tendance favorable au ticket démocrate dans tous les swing states.