Joe Biden vient d’annoncer, dimanche 21 juillet, qu’il se retirait de la campagne pour l’investiture du Parti démocrate. Il avait remporté 3 896 des 3 934 « délégués promis »1 lors des primaires.

  • Les sondages indiquent depuis plusieurs mois que les électeurs démocrates nourrissent de sérieux doutes vis-à-vis de l’âge du candidat et de sa capacité à terminer un second mandat.
  • Son débat catastrophique du 27 juin contre Donald Trump a provoqué une levée de boucliers contre sa candidature au sein du Parti démocrate.
  • De nombreux cadres du Parti, d’importantes figures politiques (Barack Obama, Nancy Pelosi notamment) ainsi que 29 élus démocrates du Congrès ont exprimé de sérieux doutes en privé vis-à-vis de sa candidature et/ou l’ont appelé à se retirer.
  • Alors que sa santé physique et cognitive ont été de plus en plus questionnées, la Maison-Blanche a annoncé mercredi 17 juillet que Biden avait été testé positif au Covid-192. Dans un entretien publié le lendemain, le président déclarait qu’il se retirerait si « un problème médical se manifestait »3.

Les conséquences sur la campagne démocrate pour l’élection présidentielle sont multiples : 

  • Biden a annoncé soutenir la vice-présidente Kamala Harris pour l’investiture du Parti. Les délégués, qui devaient voter en faveur de Biden lors de la convention, sont « libres » de prendre en compte le choix du président ou non.
  • On peut néanmoins s’attendre à ce qu’une majorité suive l’avis du président et reportent leur vote sur Kamala Harris, qui deviendrait ainsi la candidate du Parti démocrate pour l’élection de novembre.
  • La vice-présidente devra également choisir un colistier avec qui elle figurera sur le ticket présidentiel en novembre. Les principales figures démocrates qui pourraient être considérées sont Josh Shapiro, Andy Beshear, Gretchen Whitmer, Gavin Newsom ou encore Wes Moore.

Bien qu’une telle situation ne se soit jamais présentée auparavant, la majeure partie des juristes considère que Harris devrait pouvoir bénéficier de la totalité des fonds de la campagne démocrate. Un avocat républicain, Charlie Spies, a néanmoins argué que Biden et Harris doivent tous deux être nommés par les délégués pour qu’un transfert de fonds ait lieu4.

Aucun président en exercice ayant été candidat à sa réélection n’a abandonné aussi tard sa campagne dans l’histoire des États-Unis.

  • Harry Truman avait renoncé à briguer un troisième mandat après avoir perdu la primaire démocrate dans le New Hampshire en 1952.
  • Lors des primaires de 1968, Lyndon B. Johnson avait annoncé ne pas être candidat à l’investiture démocrate lors d’un discours prononcé le 31 mars, moins de 3 semaines après la première primaire du parti dans le New Hampshire.
  • Calvin Coolidge est le seul président républicain ayant déclaré ne pas souhaiter se re-présenter à l’investiture du GOP après avoir entamé son mandat. Il avait cependant annoncé sa décision 8 mois avant les primaires, en août 1927.

Joe Biden devient ainsi le 7ème président américain a ne pas avoir brigué un nouveau5 mandat électoral après avoir été élu à la Maison-Blanche : James K. Polk (1848), Rutherford B. Hayes (1880), Theodore Roosevelt (1908), Calvin Coolidge (1928), Harry Truman (1952) et Lyndon Johnson (1968).

Sources
  1. Pledged delegates.
  2. Statement from Press Secretary Karine Jean-Pierre, Maison-Blanche, 17 juillet 2024.
  3. « President Biden Talks Black Voters, Economic Equity, and Political Divisiveness in Exclusive BET News Interview », BET News, 18 juillet 2024.
  4. Charlie Spies, « Biden Has 100 Million Reasons to Stay In », The Wall Street Journal, 8 juillet 2024.
  5. Avant l’entrée en vigueur du 22e amendement en 1951 qui a fixé une limite de 2 mandats présidentiels, qu’ils soient consécutifs ou non, les présidents étaient libres de briguer autant de mandats qu’ils le souhaitaient.