De juillet à décembre, la Hongrie occupe la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Viktor Orbán a déclaré vouloir mettre au cœur de celle-ci l’objectif de parvenir à la mise en place d’un cessez-le-feu en Ukraine dans le cadre d’une grande « mission pour la paix »1.

Avant de se rendre en Ukraine et en Russie, le Premier ministre hongrois — dans une lettre adressée au président sortant du Conseil européen Charles Michel ainsi qu’aux dirigeants des États membres — a motivé sa visite controversée par un désir de vouloir « seulement connaître les positions des deux belligérants »2.

  • Après avoir rappelé qu’il « n’a pas parlé au nom de l’Union », Orbán écrit que « si nous [les Européens] ne parvenons pas à contenir ou à arrêter cette guerre, nous assisterons, au cours des deux prochains mois, à des pertes et à des événements militaires plus dramatiques que jamais sur les lignes de front ».
  • Dans sa lettre, le Premier ministre hongrois fait peu mention de la position ukrainienne vis-à-vis d’un cessez-le-feu, mais s’épanche à plusieurs reprises sur les propositions russes (Accords d’Istanbul, plan de paix sino-brésilien).
  • Lundi 8 juillet, trois jours seulement après la « mission pour la paix » d’Orbán à Moscou, l’armée russe frappait un hôpital pour enfants avec un missile de croisière.

Lundi 8 juillet, Orbán s’est rendu à Pékin pour discuter de la guerre en Ukraine et des relations sino-européennes avec le président chinois Xi Jinping. Il s’agit de la deuxième fois cette année que les deux dirigeants se rencontrent après la visite du président chinois à Budapest en mai.

  • Le communiqué chinois lit : « Orbán a rendu compte de ses récentes visites en Ukraine et en Russie. Xi Jinping a apprécié les efforts d’Orbán pour promouvoir une solution politique à la crise ukrainienne et a développé les vues et propositions pertinentes de la Chine »3.
  • Le président chinois a également rappelé que Pékin a « activement promu les pourparlers de paix à sa façon et encourage et soutient tous les efforts favorables à un règlement pacifique de la crise », ajoutant que la Chine poursuivait les mêmes objectifs que la Hongrie4.

Après son voyage en Chine, Viktor Orbán atterrissait hier à Washington pour participer au sommet de l’OTAN, qui marque les 75 ans de l’alliance.

  • Lors de la rencontre, les États membres de l’organisation devraient s’accorder sur la finalisation d’une aide militaire pour l’Ukraine d’un montant de 40 milliards d’euros, qui devrait être versée en 20255.
  • En l’absence de Trump, le Premier ministre hongrois fait figure d’outsider parmi les membres de l’Alliance atlantique, les deux hommes partageant une position commune : paix à tout prix, fin de l’assistance militaire à l’Ukraine dans sa forme actuelle.
  • Dans un entretien avec le quotidien allemand Bild publié lundi 8 juillet, Orbán vantait les effets bénéfiques de la présidence de Trump sur la stabilité du monde : « Trump est « l’homme de la paix ». En tant que président américain, il n’a pas déclenché une seule guerre et a « beaucoup fait pour ramener la paix dans des conflits anciens dans des régions très compliquées du monde. C’est pourquoi j’ai une grande confiance en lui »6.

Les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’OTAN ont rapidement réagi au « grand tour » du Premier ministre hongrois. Donald Tusk a notamment déclaré lors d’une conférence de presse à Varsovie en présence de Volodymyr Zelensky : « L’histoire se souvient des hommes politiques qui prétendaient œuvrer en faveur d’une paix juste mais qui, en réalité, travaillaient à la capitulation »7.