Entre 2021 et 2023, les dépenses militaires russes ont augmenté de près de 60 %, atteignant 126,5 milliards de dollars (constants) l’an dernier. En conséquence, la part représentée par les dépenses de défense dans les dépenses publiques a elle aussi connu une hausse considérable.

Le ministère des Finances russe a soumis cette semaine au gouvernement un ensemble de projets de loi visant à modifier le système fiscal. Ces changements concerneront les citoyens ayant des revenus mensuels supérieurs ou égaux à 200 000 roubles (soit un peu plus de 2 000 euros) — ce qui représente aujourd’hui 3 % de la population active1. Il s’agit de la réforme fiscale la plus importante depuis plus de deux décennies.

  • La Russie applique actuellement un taux d’imposition unique de 13 %. Pour les quelques contribuables dont les revenus sont supérieurs à 5 millions de roubles par an, le taux est de 15 %.
  • Selon les données de la Tax Foundation, seuls quatre pays européens — la Bulgarie, la Roumanie, la Moldavie et la Hongrie — disposent d’un impôt sur le revenu maximal inférieur ou égal à 15 %.
  • Le ministère des Finances propose également d’augmenter l’impôt sur les revenus des entreprises de 20 à 25 %2.

La réforme proposée établira des échelons supplémentaires dont le montant maximal d’imposition sera porté à 22 % pour les revenus supérieurs à 50 millions de roubles. Le taux de 13 % sera conservé pour les revenus allant jusqu’à 2,4 millions, les revenus jusqu’à 5 millions seront taxés à hauteur de 15 %, puis 18 % jusqu’à 20 millions et 20 % jusqu’à 5 millions.

  • Le gouvernement s’attend à ce que cette réforme engrange des recettes budgétaires supplémentaires de 2,6 billions de roubles par an.
  • L’augmentation n’affectera pas les combattants en Ukraine, dont les salaires sont pourtant plusieurs fois supérieurs au salaire moyen.
  • Le gouvernement argue que le taux maximal de 22 % demeurerait inférieur à celui en place dans la plupart des pays — bien que le barème progressif russe ne prévoit pas d’exemptions d’impôt, mais seulement un remboursement partiel.
  • Selon l’analyste de Bloomberg Economics Alexander Isakov, l’augmentation proposée est « modeste » par rapport à une nouvelle hausse qui pourrait atteindre 30 à 35 % lors du prochain cycle électoral3.

En raison de l’inflation et de la croissance accélérée des salaires nominaux depuis le début de la guerre, de plus en plus de Russes devraient être concernés par la réforme. Fin 2023, le salaire moyen russe a augmenté de 7,3 % par rapport à l’année précédente — soit la croissance annuelle la plus forte de cinq dernières années4.

Le gouvernement doit étudier le paquet puis le transmettre à la Douma d’État, où il sera examiné d’ici le 5 août au plus tard. Une fois le projet de loi adopté, celui-ci sera transmis au Conseil de la Fédération et devra ensuite être signé par Vladimir Poutine, pour une entrée en vigueur prévue en janvier 2025.