Il s’agissait de la troisième visite de Xi Jinping en France depuis 2014 et de la deuxième depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017.

  • À Paris, l’agenda politique de la réunion a été divisé en trois parties : a) une dimension globale b) une dimension bilatérale axée sur les relations euro-chinoises c) et enfin une dimension axée sur les crises géopolitiques en cours en Ukraine et au Moyen-Orient.

Plusieurs questions commerciales opposent actuellement l’Union à la Chine. 

  • La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a participé à la première partie des échanges et a insisté sur le fait que « l’Europe n’hésitera pas à prendre des décisions fortes ». Une série d’enquêtes visant les panneaux solaires, les éoliennes, le domaine du matériel médical et les voitures électriques ont été ouvertes ces derniers mois par la Commission, pour répondre à ce que Bruxelles perçoit comme des distorsions de concurrence de la part de Pékin.
  • Il est peu probable que la visite du président chinois ait un impact quelconque sur les procédures en cours. La Commission devrait annoncer des tarifs provisoires sur les voitures électriques cet été, avant de prendre une décision finale en novembre.
  • La Chine avait de son côté annoncé en janvier 2024 ouvrir une enquête antidumping visant les eaux-de-vie de vin européens. Xi Jinping aurait accordé un sursis au cognac français : Emmanuel Macron a remercié le président chinois pendant la conférence de presse commune « de son ouverture quant aux mesures provisoires sur le cognac français et son souhait de ne pas les voir appliquer »1.
  • Mais si Emmanuel Macron a insisté sur le fait que l’Europe veut « un cadre de concurrence loyal, c’est-à-dire des règles réciproques, légitimes », Xi Jinping a affirmé que « le soi-disant problème de la surcapacité chinoise n’existe pas ».

La question de la guerre en Ukraine et l’affirmation d’une « amitié sans limite » entre Pékin et Moscou en février 2022 divisent davantage les deux parties. Xi a par ailleurs appelé les Européens à ne pas « salir » la Chine sur l’Ukraine.

  • Le président chinois a exprimé à Paris son soutien à une trêve olympique et s’est engagé à « à s’abstenir de vendre toute arme » à Moscou. Vladimir Poutine est attendu à Pékin la semaine prochaine, du 15 au 16 mai.
  • À ce jour, aucune information n’indique que la Chine fournit des armes ou du matériel militaire à la Russie.
  • Pékin continue cependant d’approvisionner l’industrie de la défense russe en biens à « double usage » : des produits et équipements destinés à des applications civiles qui sont susceptibles d’être utilisés pour produire des missiles, drones, pièces d’artillerie. Les États-Unis considèrent que 90 % des composants microélectroniques importés par la Russie en 2023 provenaient de Chine et 70 % des machines-outils — probablement utilisées pour la construction de missiles balistiques tirés sur les infrastructures civiles et énergétiques ukrainiennes.

Pour la deuxième partie de sa tournée, Xi Jinping s’est rendu en Serbie et Hongrie, les deux pays européens qui gardent depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine une proximité affirmée avec Moscou. Xi a d’ailleurs appelé la Hongrie à « piloter les relations » de l’Europe centrale avec la Chine, dans une tribune publiée dans le journal conservateur proche de Viktor Orbán, Magyar Nemzet2.

  • La Chine est le premier partenaire commercial de la Serbie après l’Allemagne et le premier investisseur en Hongrie – le pays est d’ailleurs le premier de l’Union à avoir rejoint l’Initiative des Nouvelles routes de la soie en 2015.
  • Un accord de libre échange Serbie- Chine devrait entrer en vigueur le 1er juillet. 
  • 16 nouveaux accords de coopération couvrant les infrastructures ferroviaires et routières, les automobiles et, pour la première fois, l’énergie nucléaire et un investissement de 16 milliards d’euros ont été annoncés en Hongrie, ainsi que la construction d’une nouvelle usine de véhicules électriques par Great Wall Motor3
  • Le géant de l’automobile chinois BYD avait déjà choisi la Hongrie pour sa première usine en Europe, tandis que la société chinoise Contemporary Amperex Technology Co. Ltd. construit une usine de batteries dans le pays.
  • Jeudi 9 mai, le directeur Europe de BYD, Michael Shu, a déclaré que le groupe avait pour objectif de supplanter Volkswagen, Tesla et Stellantis sur le marché européen d’ici la fin de la décennie4.