Les élections commencent aujourd’hui mais ne se termineront que le 1er juin, avant une annonce des résultats le 4 juin, dans ce qui se présente comme l’une des plus grandes organisations logistiques électorales du monde. Près de 970 millions de personnes sont appelées aux urnes.

  • 15 millions de personnes seront mobilisées pour assurer le bon déroulement du scrutin et de sa supervision.

Le Premier ministre sortant Narendra Modi (BJP, Bharatiya Janata Party) devrait – sauf grande surprise – briguer un troisième mandat. Il souhaite, après ses succès électoraux de 2014 et de 2019, obtenir 400 députés sur 543 afin de dépasser le seuil de la majorité constitutionnelle.

  • Le BJP fédère une coalition, l’Alliance démocratique nationale (NDA), à laquelle s’oppose l’Alliance inclusive de la nation indienne pour le développement (en anglais I.N.D.I.A.), autour du parti du Congrès national indien (INC), qui espère freiner l’avancée de Modi et réduire l’emprise de son idéologie, l’Hindutva.
  • Les derniers sondages donnent entre 380 à 410 sièges à l’Alliance démocratique.
  • Un point important à regarder sera le succès de BJP dans les régions du sud plus développées et politiquement progressistes, qui ont échappé jusqu’à maintenant au parti de Modi.

Si en 2014 Modi avait fait campagne en se présentant comme l’homme capable de relancer l’économie indienne, aujourd’hui, selon Mathieu Gallard, « son bilan économique et social constitue son principal handicap ».

  • Les préoccupations économiques arrivent en effet en tête des sondages. Dans une enquête d’opinion Lokniti-CSDS, 27 % des personnes interrogées estiment que le problème le plus important au moment de décider pour qui voter sera le chômage (contre 11 % en 2019), suivi par la hausse des prix (23 %, contre 4 % en 2019)1.
  • La corruption arrive en quatrième position des préoccupations. 

La campagne électorale a d’ailleur débuté avec le scandale « des obligations électoraux », qui ont permis à de nombreuses entreprises proches du Premier ministre Modi de bénéficier de financements opaques au profit de son parti, le BJP, qui en a obtenu quatre à cinq fois plus que son principal rival, le parti du Congrès. Plusieurs personnes proches de celui-ci ont d’ailleurs été arrêtées, dont le ministre en chef de Delhi.

  • Mais alors que les efforts de centralisation de Modi ont affaibli l’indépendance des institutions et que le parti au pouvoir est largement considéré comme ayant un avantage financier considérable, les élections sont toujours considérées comme libres.
  • Modi est toujours particulièrement populaire. Dans l’enquête Lokniti-CSDS, 48 % des personnes interrogées disent souhaiter qu’il reste à son poste de Premier ministre. 

La stratégie politique de Modi repose sur la polarisation religieuse du pays et « l’instrumentalisation des tensions entre la majorité hindoue et la minorité musulmane ». Pour Christian Jaffrelot, « Le mouvement nationaliste hindou est bien sûr intéressé par le pouvoir politique, mais son objectif principal est de changer la société et d’éliminer des systèmes de valeurs rivaux de leur vision de l’hindouisme, comme le christianisme ».

Sources
  1. Sanjay Kumar et Nirmanyu Chouhan, « Issues that are likely to dominate the Lok Sabha election », The Hindu, 11 avril 2024.