Les législatives sont en grand partie vues comme un référendum sur le bilan du président Yoon Suk-yeol (Pouvoir au peuple, conservateur PP), élu en mars 2022 contre le candidat du Parti démocrate (centre gauche, PDC) Lee Jae-myung — avec la plus faible marge de l’histoire (0,7 %). Le président compte sur ces élections pour obtenir une majorité à l’Assemblée — dominée depuis quatre ans par le PDC — ce qui lui permettrait de mettre en oeuvre son programme de reformes. En cas de victoire de l’opposition, Yeol se trouverait certainement paralysé jusqu’à la fin de son mandat en 2027.

  • La popularité du président Yeol a continué de baisser ces derniers mois, surtout parmi les jeunes électeurs. Toutefois, selon un sondage du 4 avril, 39 % des personnes interrogées voteraient pour le PP contre 37 % pour le PDC.
  • Son opposant, Lee Jae-myung, a été la cible d’une tentative d’assassinat en janvier dernier. Il fait actuellement l’objet d’un procès pour corruption.

Parmi les préoccupations centrales des électeurs figurent l’inflation des prix des aliments1, mais aussi une réforme de Yeol visant à augmenter le nombre d’étudiants admis dans les écoles de médecine de 2 000 par an (soit une augmentation de 67 %).

  • L’opposition du PDC a présenté les élections tout au long de la campagne comme un référendum sur le mandat du président Yeol, pointé du doigt comme étant coupable de la hausse des prix.
  • L’inflation a grimpé à 3,1 % en février et en mars contre 2,8 % en janvier, et les prix des aliments et des boissons ont augmenté de 6,9 % sur l’année.
  • Après une visite dans un magasin d’alimentation qui avait spécialement baissé ses prix, l’oignon vert — interdit désormais dans les bureaux de vote — est devenu un symbole de contestation politique.
  • Le gouvernement a annoncé en mars une réduction des droits de douane sur les fruits et un paquet de soutien à l’économie de 150 milliards de wons (autour de 110 millions d’euros) afin de limiter la pression sur les prix.

De son côté, le PP essaie d’attirer le vote conservateur en promettant de chasser du pouvoir les « progressistes corrompus ».

La polarisation sans précédent du débat politique offre une chance aux nouveaux entrants — le New Reform Party, le New Future Party et le Green-Justice Party —, bien qu’aucun gain considérable ne soit attendu pour ces trois partis.

  • La Corée du Sud est un cas d’étude parfait de la tendance quantifiée par Gallup en février : dans des nombreuses pays, les jeunes femmes sont de plus en plus progressistes, tandis que les hommes du même âge de plus en plus conservateurs2.
  • Lors de l’élection présidentielle coréenne de 2022, si les hommes et les femmes âgés ont voté de manière uniforme, les jeunes hommes se sont fortement ralliés au parti Pouvoir au peuple, alors que les jeunes femmes ont soutenu le PDC dans des proportions presque égales et opposées.
  • Lors de son élection en 2022, Yeol avait promis l’abolition du ministère de l’Égalité des genres.
  • La fertilité et les risques liés à la baisse de la population sont un thème central de la campagne. La population sud-coréenne pourrait diminuer de moitié d’ici 2100. Le taux de fécondité en Corée du Sud, le plus faible au monde, a encore chuté de 8 % en 2023, passant de 0,78 à 0,72 enfants par femme.

Alors que la Corée du Nord multiplie les tirs de missiles depuis le début de l’année, quel que soit le résultat des élections, les grandes lignes de la politique étrangère de Yeol resteront très probablement inchangées. Au centre de son agenda : renforcer la coopération avec les États-Unis et le Japon et maintenir une ligne dure à l’égard du programme nucléaire nord coréen. Contrairement à son prédécesseur, Yeol a adopté depuis le début de son mandat une position plus affirmée par rapport à la Chine.