Le prix du cacao n’a jamais été aussi élevé. Mardi, les contrats à terme à la bourse de New York ont dépassé la barre symbolique des 10 000 dollars la tonne — soit plus que certains métaux, comme le cuivre1. Il aura fallu seulement trois mois pour que son prix soit multiplié par quatre.

Plusieurs facteurs propres au marché du cacao expliquent cette augmentation fulgurante : 

  • en 2024, et ce pour la troisième année consécutive, la demande de cacao est plus importante que l’offre ;
  • les plantations de cacao, dont 60 % de la production mondiale est concentrée en Afrique de l’Ouest, ont été particulièrement impactées par le virus de l’œdème des pousses du cacaoyer (CSSV) qui a dévasté 500 000 hectares rien qu’au Ghana2 ;
  • la culture du cacao est dominée par de petits exploitants qui ne sont pas en mesure d’investir suffisamment pour renouveler leurs plants de cacaoyers. Plus ces derniers vieillissent, plus ils sont sensibles aux maladies et coûteux à entretenir3.

Un autre facteur, moins visible, est également à l’œuvre et pourrait continuer de contribuer considérablement à l’augmentation du prix des denrées alimentaires au cours des prochaines décennies : le changement climatique. Selon une étude publiée le 21 mars dans la revue Communications Earth & Environment, l’augmentation des températures — et notamment la multiplication des vagues de chaleur extrême — pourrait conduire à une augmentation du prix des denrées alimentaires allant jusqu’à 3 % par an à partir de 20354.

  • Les auteurs de l’étude estiment que le réchauffement climatique pourrait entraîner une inflation globale allant de 0,3 à 1,2 % par an, selon les différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre.
  • Lors de la vague de chaleur qu’a subi l’Europe au cours de l’été 2022, la hausse des températures a contribué de 0,43 à 0,93 points de pourcentage à l’augmentation du prix des denrées alimentaires.

Alors que la demande de chocolat à Pâques reste forte malgré l’augmentation des prix, les industriels réduisent le poids des friandises afin d’amortir l’inflation5. Malgré tout, le prix des œufs en chocolat de certaines marques a bondi de 50 % en un an au Royaume-Uni6. Partout dans le monde, l’augmentation du prix du cacao se répercute déjà sur les prix payés par les consommateurs.

Sources
  1. Dayanne Sousa et Megan Durisin Albery, « Cocoa Is More Expensive Than Copper as It Tops $9,000 », Bloomberg, 25 mars 2024.
  2. « Ghana loses over 500,000 hectares of cocoa farms to swollen shoot disease », Cocoa Post, 7 février 2024.
  3. Jack Marley, « Easter eggs are more expensive this year and climate change may be a culprit », The Conversation, 27 mars 2024.
  4. KOTZ, Maximilian, KUIK, Friderike, LIS, Eliza, et al. « Global warming and heat extremes to enhance inflationary pressures », Communications Earth & Environment, 2024, vol. 5, n°1.
  5. Susannah Savage, Madeleine Speed et Claire Jones, « ‘Shrinkflation’ is coming for your Easter egg », Financial Times, 29 mars 2024.
  6. Ellie Simmonds, The eggstraordinary cost of Easter : chocolate eggs soar in price, Which ?, 21 mars 2024.