L’administration démocrate se montre de plus en plus critique vis-à-vis de la guerre menée par Israël à Gaza depuis quelques semaines.

  • Dimanche 3 mars, la vice-présidente américaine Kamala Harris appelait à la mise en place d’un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza, qualifiant la situation humanitaire de « catastrophe »1.
  • Depuis janvier, plusieurs rapports témoignent de la dégradation notoire de la relation entre Biden et Netanyahou, un responsable américain ayant décrit une « immense frustration » à la Maison-Blanche.
  • La semaine dernière, le ministère de la Santé de Gaza — contrôlé par le Hamas — déclarait que le bilan humain dans l’enclave avait dépassé les 30 000 morts.

Tandis que Washington et plusieurs États arabes travaillent à la négociation d’un cessez-le-feu avant le Ramadan — qui débute dimanche 10 mars —, l’administration Biden continue de fournir discrètement des armes utilisées par Tsahal à Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, les États-Unis ont approuvé plus de 100 ventes de matériel militaire à Israël — le tout dans le plus grand secret2.

  • L’administration démocrate n’a pas eu à avertir le Congrès ni le public de la quasi-totalité de ces ventes car le montant de ces transferts ne dépassait pas un seuil spécifique.
  • Afin d’éviter le processus d’examen de ces ventes de matériel militaire à un État étranger, la Maison-Blanche a eu recours à une « règle d’urgence ». D’autres livraisons déjà approuvées ont quant à elles été « accélérées »3.

L’aide militaire à Israël est néanmoins susceptible d’être prochainement réévaluée. 

  • La Maison-Blanche a récemment demandé au département d’État et au Pentagone « une liste de tous les transferts d’armes vers Israël qui sont prévus ou qui doivent être approuvés dans les semaines à venir »4.
  • Des responsables américains ont précisé que « cette demande n’était pas le signe d’une décision imminente de la Maison-Blanche de ralentir ou de suspendre tout transfert d’armes à Israël ».
  • Il s’agit néanmoins de la première demande de cette nature formulée par l’administration américaine depuis le 7 octobre. D’autres requêtes de ce type ont eu lieu au cours des dernières années concernant l’assistance militaire à l’Ukraine.

Israël est historiquement le principal récipiendaire de l’aide étrangère américaine. Entre 1946 et 2022, l’État hébreu a reçu plus de 300 milliards de dollars d’aide militaire et économique — soit 130 milliards de plus que l’Égypte, deuxième dans le classement. Au début du mois de décembre 2023, deux mois après l’attaque du Hamas, Blinken évoquait « une urgence qui nécessite la vente immédiate » de munitions pour chars d’assaut et d’obus d’artillerie utilisés dans la bande de Gaza5.

Sources
  1. Erica L. Green, « Harris Calls for an ‘Immediate Cease-Fire’ in Gaza », The New York Times, 3 mars 2024.
  2. John Hudson, « U.S. floods arms into Israel despite mounting alarm over war’s conduct », The Washington Post, 6 mars 2024.
  3. Jared Malsin et Nancy A. Youssef, « How the U.S. Arms Pipeline to Israel Avoids Public Disclosure », The Wall Street Journal, 6 mars 2024.
  4. Barak David, « White House asks State Dept., Pentagon for Israel-bound weapons list », Axios, 7 mars 2024.
  5. Arms Sales : Congressional Review Process, Congressional Research Service, 4 janvier 2024.