Comme d’autres chefs d’État, de gouvernement et de députés étrangers avant lui, Scholz a entamé sa visite hier soir par une rencontre avec des élus démocrates et républicains à l’occasion d’un dîner organisé à la résidence de l’ambassadeur allemand à Washington.

  • Avant de s’entretenir avec Joe Biden aujourd’hui, le chancelier allemand s’est confronté à la racine du problème concernant l’assistance à l’Ukraine : le Congrès.
  • Après l’échec d’un premier vote au Sénat mercredi 7 février sur un paquet comprenant une assistance de 60 milliards de dollars pour l’Ukraine — attachée à des financements pour la frontière sud et Israël notamment —, la chambre haute du Congrès a finalement obtenu les voix nécessaires pour faire avancer les discussions sur un texte de 95 milliards de dollars ne contenant plus de financements pour la frontière1.
  • Plusieurs votes pour faire avancer le texte à la Chambre des représentants pourraient avoir lieu au Sénat dans les prochains jours. Il est cependant incertain à cette heure que celui-ci soit considéré en l’état par le speaker Mike Johnson, déjà menacé d’un vote de destitution par l’aile droite du GOP.

Si le gouvernement allemand « suit de très près les discussions entre la Chambre des représentants et le Sénat sur le soutien financier à l’Ukraine », il est difficile de voir à ce stade comment Olaf Scholz pourrait exercer une quelconque pression sur les républicains de la Chambre, sur une question qui s’est plus que jamais transformée en un sujet de politique intérieure2.

En Europe, l’Allemagne revendique de jouer un rôle moteur en faveur de l’assistance à l’Ukraine.

  • Mercredi 31 janvier, le chancelier allemand co-signait avec les Premiers ministres danois, tchèque, estonien et néerlandais une tribune dans le Financial Times appelant à « un effort collectif pour armer l’Ukraine sur le long terme »3.
  • Dans celle-ci, les dirigeants signataires reconnaissent que l’Union a d’ores et déjà échoué à atteindre l’objectif de livraison d’un million d’obus d’artillerie à l’Ukraine avant le 1er mars, conformément à l’engagement pris en mars 2023 (environ 524 000 seront livrés, selon Josep Borrell)4.
  • Jeudi dernier, le Conseil européen est néanmoins parvenu à un accord sur les 50 milliards d’euros d’aide financière à l’Ukraine sur la période 2024-2027, sans tout à fait conclure sur le surplus de 5 milliards par an pour la Facilité européenne pour la paix.

Les deux dirigeants discuteront également du conflit israélo-palestinien et de ses répercussions régionales. Tandis que la Maison-Blanche a évoqué à la fois son « soutien indéfectible au droit d’Israël à l’autodéfense » et « l’impératif d’accroître l’aide humanitaire et la protection des civils à Gaza », Scholz voit « un large consensus entre l’Allemagne et les États-Unis sur la nécessité d’une solution à deux États à la fin du conflit entre Israël et la Palestine »5.

Sources
  1. Annie Karni, « Senate Bogs Down on Ukraine and Israel Aid After G.O.P. Blocks Border Deal », The New York Times, 7 février 2024.
  2. James Angelos, « Trump’s already back, America has ditched Ukraine. What does Europe do now ? », Politico, 8 février 2024.
  3. Olaf Scholz, Mette Fre­deriksen, Petr Fiala, Kaja Kal­las et Mark Rutte, « Letter : Call for a collective effort to arm Ukraine for the long term », Financial Times, 31 janvier 2024.
  4. Andrew Gray et Sabine Siebold, « EU seals plan to send a million artillery shells to Ukraine », Reuters, 20 mars 2023.
  5. Kanzler Scholz trifft US-Präsident Biden. Eine Partnerschaft mit großer Bedeutung, Chancellerie fédérale allemande, 8 février 2024.