En début de semaine, l’Iran a ravivé les craintes relatives à une escalade régionale, avec des frappes dans trois pays voisins : en Irak, en Syrie et au Pakistan.

L’Iran a revendiqué une frappe à Erbil, dans le Kurdistan irakien.

  • Les autorités ont déclaré avoir ciblé un « centre du Mossad » en « représailles » de l’élimination de haut gradés iraniens par Israël1.
  • La frappe a fait au moins quatre morts civils et six blessés d’après les autorités régionales2 — parmi lesquelles l’homme d’affaires kurde Peshraw Dizayee. 
  • En réaction, l’Irak a rappelé son ambassadeur en Iran. Le ministre des Affaires étrangères irakien, Fouad Hussein, a déclaré considérer ces attaques comme une « agression » contraire au droit international. Dans un entretien accordé à CNN, il a souligné : « les Iraniens ne veulent pas ou ne peuvent pas attaquer Isräel, alors ils cherchent des victimes autour d’eux »3.
  • Le département d’État américain4, ainsi que le secrétaire d’État aux Affaires étrangères britannique David Cameron5, ont fermement condamné la frappe.

Mardi, l’Iran a également frappé le Pakistan, dans la province orientale du Baloutchistan. 

  • L’attaque a ciblé deux positions du groupe sunnite Jaish al-Adl, impliqué depuis mi-décembre dans au moins quatre affrontements avec les forces de sécurité iraniennes à la frontière entre les deux pays6.
  • Comme l’Irak, le Pakistan a rappelé son ambassadeur à Téhéran ce mercredi 17 janvier. Le ministère des Affaires étrangères pakistanais a dénoncé un « acte illégal » et une « violation de la souveraineté du Pakistan »7.

Les autorités iraniennes ont également revendiqué mardi des frappes en Syrie qui auraient ciblé « plusieurs groupes terroristes » — dont l’État islamique —, cette fois-ci en représailles suite aux attentats de Kerman du 3 janvier.

Ces trois frappes ont par ailleurs eu lieu dans un contexte d’intensification de la riposte américaine et britannique contre les forces houthistes, soutenues par l’Iran, en mer Rouge et au Yémen.

  • Si les craintes liées à une extension régionale du conflit sont amplifiées par ces frappes iraniennes, l’Irak et la Syrie constituent un terrain d’affrontements depuis le mois d’octobre. Des forces soutenues par Téhéran — notamment la Résistance islamique en Irak, un regroupement informel de factions pro-iraniennes — étant à l’origine de plusieurs attaques visant les emprises américaines dans la région.
Sources
  1. IRNA, « IRGC discloses details about anti-terror missile strikes », 16 janvier 2024.
  2. Reuters, « Iran strike sparks dispute with Iraq as fears of regional upheaval grow », 15 janvier 2024.
  3. Fuad Hussein interview by CNN, https://transcripts.cnn.com/show/ctw/date/2024-01-16/segment/02, 16 janvier 2024.
  4. Compte X (Twitter) du porte-parole du département d’État américain, 16 janvier 2024.
  5. Compte X (Twitter) de David Cameron, 16 janvier 2024.
  6. Institute for the Study of War, Iran Update, January 16, 2024, 16 janvier 2024.
  7. Ministry of foreign affairs of Pakistan, « Pakistan’s Strong Condemnation of the Unprovoked Violation of its Air Space », 17 janvier 2024.