Depuis le 18 octobre, une trentaine d’attaques contre des emprises américaines en Syrie et en Irak ont été recensées1.

  • Une dizaine de sites dont sept en Syrie et quatre en Irak ont été visés. En Syrie, à l’exception de la base d’At Tanf, la plupart des sites se concentrent sur la rive orientale de l’Euphrate, dans la sphère d’influence américaine. En Irak, deux sites au Kurdistan irakien –dont la capitale de facto, Erbil–  ont été pris pour cible, ainsi qu’une emprise américaine à Bagdad et l’ancienne plus grande base américaine en Irak, la base aérienne Al-Asad.
  • Les attaques ont été réalisées au moyen de drones et de roquettes. La plupart ont été interceptés par les systèmes de défense antimissiles américains. Quelques militaires ont été blessés et des infrastructures ont été endommagées. 
  • La majorité des attaques a été revendiquée par un groupe se présentant sous le nom d’Al-Muqawama al-Islamiyah fi al-Iraq (la Résistance islamique en Irak). Apparu sur une chaîne Telegram le 18 octobre 2023, ce groupe rassemblerait des factions islamistes chiites irakiennes proches de l’Iran opérant dans les deux pays comme les Kataeb Hezbollah (aussi appelé Hezbollah irakien), la Asaib Ahl al-Haq (AAH), le Harakat Hezbollah al-Nujaba (HHN) et les Kataeb Sayyid al-Shuhada (KSS).

Après avoir confirmé les attaques et déclaré que les États-Unis n’hésiteraient pas à utiliser la force pour se défendre, Washington a annoncé le déploiement de moyens militaires accrus tout en menant une série de frappes aériennes sur des cibles pro-iraniennes.

  • Le 18 octobre 2023 à l’occasion d’une conférence de presse, l’unité de commandement responsable du Proche et Moyen-Orient, le Commandement central (Centcom), a affirmé « surveiller avec vigilance la situation en Irak et dans la région ». Il a été ajouté que « les forces américaines défendront les forces américaines (sic) et celles de la coalition [contre l’État islamique] contre toute menace »2.
  • Dans une déclaration du 21 octobre 2023, le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin a annoncé le déploiement d’une batterie de défense de zone terminale à haute altitude (THAAD) ainsi que de bataillons Patriot supplémentaires dans la région.
  • Ce dispositif de défense antimissile destiné à protéger les infrastructures est complété par le déploiement de F-16 du 119e escadron de chasse expéditionnaire.
  • Le 27 octobre 2023, le Centcom a déclaré avoir mené des frappes aériennes contre « plusieurs sites utilisés par des groupes soutenus par l’Iran pour cibler les forces américaines dans la région. »

Au-delà d’une réaction aux mesures prises par le gouvernement américain suite au déclenchement de la guerre de Soukkot (visite du Centcom en Israël le 16 octobre 2023, déploiement des groupes aéronavals USS Eisenhower et USS Gerald R. Ford et du 354e escadron de chasse), ces attaques s’inscrivent dans un contexte durable de conflictualité entre les troupes américaines et des acteurs opposés à leur présence.

  • L’opposition à Téhéran et à ses divers proxys présents au Levant (Hachd al-Chaabi ou Popular Mobilization Forces) reste structurante. Washington a notamment pour objectif d’endiguer le corridor terrestre reliant la capitale iranienne à Beyrouth. 
  • La Coalition internationale contre Daech continue de lutter contre la présence persistante de l’organisation terroriste en Syrie et en Irak, bien que cette dernière ne contrôle plus de territoire depuis la chute du califat à Baghouz le 23 mars 2019.
  • En plus de relations fortement dégradées avec Damas, les accrochages aériens entre aéronefs russes et américains sont réguliers en Syrie. 
  • En dehors du Levant, la présence américaine est remise en cause par les houthis au Yémen, comme le confirme la récente destruction par un destroyer américain de missiles et de drones tirés par l’organisation en mer Rouge le 19 octobre 2023.
Sources
  1. Institute for the Study of War, Iran update, 29 October 2023.
  2.  U.S. Central Command Press release, 18 October 2023.