La fin de la pandémie de Covid-19 et le retour de l’inflation ont ouvert une période de croissance de la richesse des personnes situées en haut de la distribution des patrimoines supérieure à celle des personnes faisant partie du bas de la distribution.

  • La fortune des cinq hommes les plus riches du monde aurait augmenté de 114 % depuis 2020. L’étude se fonde sur l’évolution de la fortune d’Elon Musk, Bernard Arnault, Jeff Bezos, Larry Ellison et Warren Buffet. 
  • Sur la même période, Oxfam rapporte que le patrimoine des 60 % les plus pauvres à l’échelle mondiale, soit 5 milliards de personnes, a diminué. 

Sur les causes du creusement des inégalités, le rapport met notamment en cause la concentration des pouvoirs et le caractère de plus en plus « monopolistique » du secteur privé. 

  • En termes de pouvoir de marché, la taille croissante des entreprises et la concentration du pouvoir de marché sont une caractéristique commune à plusieurs secteurs : technologique (75 % de la publicité en ligne est contrôlée par Meta, Alphabet et Amazon), agricole (2 entreprises contrôlent 40 % du marché des semences à l’échelle mondiale) ou encore financier (les trois plus grands gestionnaires d’actifs mondiaux contrôlent 20 000 milliards d’actifs). 
  • En termes de propriété, les 1 % des personnes les plus riches détiennent 43 % des actifs financiers à l’échelle mondiale.

Les années 2022 et 2023 ont été marquées par une hausse des profits nets des grandes entreprises.

  • Cette hausse concerne les entreprises de l’énergie (+278 % en 2023 par rapport à la moyenne 2018-2021 pour 14 entreprises pétrolières et gazières), ou encore du luxe (+120 % en 2023 par rapport à la même période pour deux entreprises du secteur) et de la finance (+32 % pour 22 entreprises du secteur). 
  • Ce phénomène concomitant à l’inflation est notamment dû à la protection par les entreprises de leurs marges bénéficiaires, comme analyse l’économiste Isabella Weber : « l’origine de cette inflation n’est pas due aux travailleurs qui réclament des salaires plus élevés, mais bien à ces chocs qui ont été à l’origine de l’explosion des prix et des bénéfices, puis de la protection des marges et de l’augmentation des bénéfices ».
  • Le lien entre la concentration du pouvoir de marché et les salaires est par ailleurs documenté : d’après une étude du FMI, 76 % de la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée dans le secteur manufacturier entre 1960 et 2005 s’explique par la hausse du pouvoir de marché des entreprises.

En 2023, pour 96 des 200 plus grandes entreprises mondiales, 82,4 % des profits nets totaux — qui ont atteint 1 108 milliards de dollars entre juin 2022 et 2023 — ont été utilisés pour des versements de dividendes (444 milliards) et des rachats d’actions (469 milliards).