Hier, mercredi 3 janvier en fin d’après-midi, deux explosions meurtrières ont eu lieu en Iran à Kerman durant les commémorations de la mort du général Qassem Soleimani — tué le 3 janvier 2020 par une frappe de drone américain.
- Le bilan s’élève à au moins 84 morts d’après les autorités 1. Il s’agit de l’une des attaques les plus meurtrières depuis la révolution iranienne de 1979.
- L’Iran commémorait également la mort de Sayyed Razi Mousavi, haut gradé iranien tué le 25 décembre en Syrie par une frappe attribuée à Israël par Téhéran. Le président iranien avait émis en réponse des menaces de représailles contre Israël 2.
- Le général de la force iranienne Al-Qods, Ismael Qaani, a établi un lien entre l’assassinat du général Sayyed Moussavi Razi et l’attentat de Kerman : « Le martyre de Sayyed Razi et le crime de Kerman montrent que l’ennemi est désespéré » 3.
- Le président iranien a par ailleurs rappelé mercredi 3 janvier son soutien à « l’Axe de résistance », réaffirmant : « La tempête Al Aqsa va continuer et sonnera la fin du régime sioniste » 4.
- Toutefois, le Guide suprême iranien Ali Khamenei est resté assez vague dans ses accusations, désignant « les ennemis maléfiques et criminels de la nation iranienne » qui « ont une fois de plus créé une tragédie et martyrisé un grand nombre de nos chers concitoyens à Kerman, dans l’atmosphère des tombes des martyrs à Kerman ».
- Si l’attentat n’a pas été revendiqué, deux groupes terroristes pourraient être derrière cette attaque : l’État islamique au Khorassan et Jaish al-Adl, groupe djihadiste sunnite du Sistan-Balouchestan (province du Sud-Est de l’Iran).
- Jaish al-Adl avait été responsable d’un attentat qui avait tué une trentaine de soldats iraniens en 2019. L’Iran avait par ailleurs accusé l’État islamique du Khorasan d’un attentat en août 2023 (un mort) et en octobre 2022 (13 morts) à Chiraz.
La visite du président iranien en Turquie est ainsi annulée pour la seconde fois depuis les attaques du 7 octobre, et reste très attendue. Malgré sa proximité avec l’Union européenne et l’OTAN, le président turc a durci son positionnement à l’encontre de l’État hébreu depuis le 7 octobre.
- Erdogan avait affirmé la nécessité d’adopter « une position commune » avec l’Iran sur le conflit au cours d’un entretien le 26 novembre — deux jours avant une première rencontre prévue et finalement annulée.
- Ayant d’abord adopté une position d’appel à la désescalade suite aux attaques du 7 octobre, la Turquie a progressivement durci sa rhétorique vis-à-vis d’Israël, qu’il a qualifié d’« État fasciste » et accusé explicitement de perpétrer un génocide dans la bande de Gaza.
- Le gouvernement turc a également critiqué la position de l’Union européenne qui se trouverait « du mauvais côté de l’histoire » face à la situation humanitaire 5.
- Le 1er janvier, une manifestation en soutien à la Palestine, au cours de laquelle le fils du président, Bilal Erdoğan, a pris la parole, a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes à Istanbul.
- Le 2 janvier, Ankara a annoncé l’arrestation de 24 personnes suspectées d’espionnage au profit des services de renseignement israéliens 6.
Dans son discours prononcé hier soir, dans le contexte de l’hommage au général Soleimani et suite à la frappe ayant tué le numéro deux du Hamas à Beyrouth, le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a menacé Israël de représailles et s’est dit prêt, « si une guerre est menée contre le Liban », à mener une guerre et des combats « sans aucune limite, ni règle ».
Sources
- IRNA (Agence nationale de presse iranienne), « SCO lowers flags to half-mast in respect for victims of Iran attack », 4 janvier 2024.
- Agence de presse iranienne, Communiqué, 31 décembre 2023.
- Communiqué.
- Allocution d’Ebrahim Raïssi diffusée le 3 janvier.
- Ministère des Affaires étrangères turc, « Communiqué de presse concernant le Rapport de la Commission européenne sur la Türkiye pour l’année 2023 », 8 novembre 2023.
- Reuters, « Turkey detains 34 people suspected of ties to Israel’s Mossad -senior official », 2 janvier 2024.