L’accroissement du nombre de zones inhabitables pour les populations humaines est une conséquence directe du réchauffement climatique, que ce soit à cause de l’atteinte de températures trop élevées pour le corps humain1 ou, dans le cas des Tuvalu, tout simplement du fait de la disparition du territoire.

  • L’archipel de l’océan Pacifique et sa population de 11 400 habitants sont en effet menacés par la hausse du niveau de la mer. En 2050, la moitié des terres de Funafuti, l’île abritant la capitale, seront quotidiennement submergées sous l’effet des marées2
  • Les Tuvaluans font partie des 11 % de la population mondiale qui réside actuellement dans des zones menacées par la montée du niveau de la mer.

Le ministre des Affaires étrangères des Tuvalu, Simon Kofe, s’est déjà fait connaître internationalement par sa stratégie de communication remarquée, visant à sensibiliser sur l’avenir menacé de l’île.

  • En 2021, une vidéo diffusée à l’occasion de la COP 26 le mettant en scène prononçant un discours en costume derrière un pupitre révélait progressivement qu’il se trouvait à moitié immergé, l’eau jusqu’à la taille3.
  • En 2022, il annonce de la même manière la création d’un double numérique des Tuvalu dans le métavers, anticipant la disparition de l’île4.

Les innovations des Tuvalu face à la menace climatique ne se limitent pas à la communication.

  • En novembre, le Premier ministre des Tuvalu, Kausea Natano, a pris les devants sur la catastrophe en concluant un accord inédit avec l’Australie : l’accord de voisinage (nommé Falepili Union) anticipe les migrations climatiques inévitables qui toucheront la population tuvaluane, en prévoyant l’accueil par l’Australie des habitants touchés par la montée des eaux.
  • Celui-ci prévoit un accueil des Tuvaluans à un rythme maximum de 280 par an qui auront accès à l’éducation, au système de santé et au système social australien.
  • L’accord comporte par ailleurs un volet d’aide financière de 16,9 millions de dollars australiens (environ 10 millions d’euros) pour un projet d’adaptation des côtes à la montée des eaux.

L’accord, conclu moins d’un mois avant la COP 28, a provoqué un regain d’attention sur la situation des États insulaires face au réchauffement climatique, dans la lignée de l’initiative de Bridgetown portée par la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, lors de la COP 27. La plupart de ces pays font partie des plus petits émetteurs mondiaux, mais sont les premiers menacés, dans leur existence même, par le réchauffement climatique.

Cet accord historique, qui doit encore être ratifié par les deux pays, ne fait cependant pas l’unanimité, notamment du fait de l’ampleur des contreparties accordées à l’Australie.

  • Ces dernières accordent à Canberra un contrôle accru sur la politique de sécurité de l’archipel, dont la localisation est stratégique dans le contexte de la rivalité de l’Australie avec la Chine. Selon les termes de l’accord, les Tuvalu ne pourront pas signer d’accord de sécurité avec un pays tiers sans l’accord de l’Australie.
  • L’accord conclu avec les Tuvalu doit également être compris dans le contexte du réinvestissement par l’Australie de ses relations avec les États insulaires voisins face à la progression diplomatique chinoise. En 2022, la Chine a signé un accord de sécurité avec les Îles Salomon qui a fait craindre l’installation sur l’île d’une base militaire chinoise5.
  • Les Tuvalu sont par ailleurs un allié officiel de Taïwan dans la région, avec qui elles entretiennent des relations diplomatiques.
  • L’ancien Premier ministre, Enele Sopoaga, actuellement dans l’opposition, a déclaré qu’il pouvait « faire mieux » et s’est plutôt déclaré en faveur de la conclusion d’un « accord international » en ce qui concerne les migrations climatiques6. Des élections auront lieu le 26 janvier 2024. 
  • L’Australie reste par ailleurs parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre mondiaux — dépassant même les États-Unis en termes d’émissions par habitant. Pour Sopoaga, ces émissions restent le principal problème.