Le conflit armé en Éthiopie fait partie des plus meurtriers du XXIe siècle. Sur l’année 2022, la guerre du Tigré a fait plus de morts au combat que la guerre d’Ukraine, selon l’Institut de Recherche sur la Paix d’Oslo, avec plus d’une centaine de milliers de morts contre 81 000 en Ukraine1. Les estimations du nombre de victimes civiles se situent par ailleurs entre 300 000 et 800 0002.

  • La guerre du Tigré a commencé le 4 novembre 2020 avec l’entrée en rébellion du Front pour la libération du peuple du Tigré (FLPT) contre le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed – arrivé deux ans plus tôt au pouvoir – et à l’offensive du gouvernement de ce dernier. 
  • La rébellion des forces tigréennes a fait suite au remplacement par Abiy Ahmed de sa coalition du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien, par un parti unifié sans référence ethnique, le Parti de la Prospérité, provoquant l’éloignement du FLPT, l’ethnie tigréenne subissant par ailleurs des discriminations de la part du nouveau gouvernement. 
  • L’accord de paix signé le 2 novembre 2022, avec la médiation de l’Union africaine, devait marquer l’arrêt des combats et du blocus de la région du Tigré par le gouvernement, permettre l’accès de l’aide humanitaire dans la région et y rétablir les services essentiels à la population.

En octobre dernier, les Nations Unies ont annoncé que le mandat de la commission  d’enquête sur les crimes de guerre et les exactions commises dans le cadre du conflit – mise en place en décembre 2021 avec le soutien notamment de l’Union européenne – ne serait pas renouvelé par le Conseil des droits de l’homme. 

  • Dans le communiqué de presse accompagnant la publication de son dernier rapport, le 13 octobre, le président de la commission a averti sur le fait que la communauté régionale et internationale « ne devraient pas oublier les victimes de ce conflit brutal ». 
  • Des crimes de guerre en Éthiopie ont été documentés dès 2021, dans un rapport des Nations Unies qui pointait du doigt  la « brutalité extrême » du conflit et de possibles violations du droit international humanitaire – avec des exactions commises par les forces du gouvernement éthiopien comme des insurgés du Tigré.
  • Une étude publiée en juillet 20233 fait par ailleurs état du caractère répandu des violences sexistes et sexuelles dans le cadre du conflit. Près de 10 % des femmes et des filles interrogées ont subi des violences sexuelles, en majorité des viols ; 30 % ont subi des violences physiques. 

Les conflits territoriaux restent d’actualité en Éthiopie. Des affrontements et des violences ont également été constatés dans la région de l’Oromia4. Le Premier ministre Abiy Ahmed a par ailleurs déclaré en août un état d’urgence de six mois dans la région de l’Amhara5, limitrophe du Tigré, actuellement en proie à des affrontements entre les forces gouvernementales et les forces armées régionales – anciennement alliées dans le cadre du conflit du Tigré – notamment celles de la milice Fano. Une frappe aérienne a tué plus d’une vingtaine de personnes en août et les Nations Unies ont annoncé6 qu’au moins 183 personnes avaient été tuées dans des affrontements entre juillet et août. 

Sources
  1.  Peace Research Institute Oslo, « Conflict Trends : A Global Overview, 1946-2022 », June 2023.
  2.  Selon une étude de l’université Ghent, Jan Nyssen, « Documenting the civilian victims of the Tigray war », January 2023.
  3. Fisseha G. et al.,  « War-related sexual and gender-based violence in Tigray, Northern Ethiopia : a community-based study », BMJ Global Health, 2023.
  4.  RFI, « Éthiopie : violents combats dans l’Oromia malgré des pourparlers entre gouvernement et rebelles », Mai 2023.
  5.  France 24, « Ethiopia declares ‘state of emergency’ over Amhara violence », 4 August 2023.
  6.  Reuters, « Fighting in Ethiopia’s Amhara kills at least 183, UN says », 29 August 2023.