Le débat sur l’aide européenne à la Palestine, lancé par la déclaration apparemment unilatérale du commissaire européen hongrois Olivér Várhely sur sa suspension, a fait apparaître des lignes de fractures entre États membres de l’Union vis-à-vis de l’attitude à adopter à ce sujet, suite à l’attaque du Hamas contre Israël. 

  • Le débat sur la suspension de l’aide de l’Union européenne à la Palestine a été ouvert hier lorsque le commissaire européen Olivér Várhelyi a annoncé la suspension des versements de l’aide au développement de l’Union européenne à la Palestine à hauteur de 691 millions d’euros, ainsi que la mise « en révision » du portefeuille d’aides financières, dans le but d’en mener une « évaluation complète ».
  • Le commissaire hongrois s’était déjà prononcé en faveur d’une suspension de l’aide financière à la Palestine en juillet 2022, souhaitant la soumettre à davantage de contrôles et la conditionner dans ce cas précis à une révision du contenu des livres scolaires palestiniens accusés d’inciter à la violence. L’aide, approuvée par l’ensemble des pays européens exceptée la Hongrie, a finalement été débloquée. 
  • L’Allemagne et l’Autriche avaient plus tôt dans la journée annoncé une suspension des financements bilatéraux à la Palestine – à hauteur de 20 millions d’euros et de 19 millions d’euros respectivement.
  • Le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez a exprimé son désaccord avec la suspension de l’aide. La France a également indiqué aujourd’hui qu’elle était en désaccord avec la suspension de l’aide aux populations palestiniennes, « pleinement conforme aux engagements de la France » pour le Quai d’Orsay.
  • Le Haut représentant au affaires étrangères Josep Borrell a rectifié l’annonce initiale, et annoncé hier soir le maintien des versements prévus pendant la période d’évaluation de l’aide, ajoutant que « La suspension des paiements – punissant l’ensemble du peuple palestinien – aurait nui aux intérêts de l’UE dans la région et n’aurait fait que renforcer les terroristes ». 
  • Le Danemark a cependant annoncé aujourd’hui la suspension de son aide au développement à la Palestine.

Que représente et à quoi sert l’aide financière européenne pour l’Autorité palestinienne ? 

  • Le financement du budget de l’Autorité palestinienne a la particularité d’être très dépendant de l’aide internationale.
  • La Team Europe, qui rassemble les institutions européennes, les États-membres — et leurs agences de mise en œuvre et banques publiques de développement —, ainsi que la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) est la première contributrice à l’aide financière internationale à la Palestine. 
  • Le soutien financier total prévu par l’Union européenne sur la période 2021-2024 s’élève à 1,2 milliard d’euros.

L’Union étant une contributrice clef de l’aide internationale à la Palestine, la question du maintien de son aide financière est loin d’être uniquement politique ou symbolique ; les conséquences économiques et sociales d’une suspension de l’aide pour les populations palestiniennes ne seraient pas négligeables. 

  • L’aide européenne contribue notamment au financement des services publics et des programmes sociaux de l’Autorité palestinienne, via le programme PEGASE (Mécanisme Palestino-européen de Gestion de l’Aide Socio-économique), en Cisjordanie et à Jérusalem Est comme dans la bande de Gaza. 
  • Sur les neufs premiers mois de 2023, le programme PEGASE a financé les salaires et retraites des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne à hauteur de 52 millions de dollars. 
  • L’Union contribue également au programme des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens UNRWA – à hauteur de 82 millions d’euros en 2023.