En Bavière, la CSU de Markus Söder arrive en tête mais avec un résultat loin des scores historiques du parti, dans le sillage de la chute déjà subie lors des dernières élections législatives.
- Le premier parti à l’issue des élections régionales du 8 octobre en Bavière est à nouveau la CSU (PPE) du ministre-président Markus Söder, qui obtient 37,0 % des voix (- 0,2 pp). Bien qu’arrivant cette fois encore largement en tête, la CSU ne peut être pleinement satisfaite de ce résultat — le parti était habitué à pouvoir gouverner seul jusqu’en 2017.
C’est à droite que les gains de voix les plus importants ont été réalisés.
- Le parti de droite des Électeurs libres (FW, Renew), partenaire de coalition de la CSU lors de la dernière législature, a gagné 4,2 points de pourcentage pour atteindre 15,8 % des voix. Il semble avoir paradoxalement profité de l’attention accrue suscitée par l’affaire concernant son dirigeant, Hubert Aiwanger, accusé d’avoir distribué dans sa jeunesse des tracts négationnistes.
- Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD, ID) a terminé à 14,6 % (+ 4,4 points). Le fait qu’une grande partie de la campagne ait été axée sur l’immigration semble lui avoir particulièrement profité.
Les Verts (Verts/ALE) et les sociaux-démocrates (SPD, S&D) ont tous deux perdu des voix et ont terminé à 14,4 % (- 3,2 pp) et 8,4 % (- 1,3 pp) respectivement. Cela semble être le résultat d’un mécontentement croissant à l’égard de la coalition dite « feu tricolore » (Ampel, soit rouge-jaune-vert) qui dirige le gouvernement fédéral allemand.
- Le dernier partenaire de la coalition fédérale, le parti libéral FDP (Renew), a été le plus durement touché. Il a perdu 2,1 points de pourcentage et n’a terminé qu’à 3,0 %, soit en dessous du seuil de 5 % nécessaire pour rester au Landtag bavarois.
- Les deux partis de la coalition au pouvoir (CSU et FW) ont d’ores et déjà fait part de leur volonté de poursuivre leur travail gouvernemental commun.
Les résultats des élections au parlement de Hesse présentent des parallèles avec ceux de la région voisine.
- Là aussi, les Verts, les sociaux-démocrates et le FDP accusent une baisse claire, s’établissant à 14,8 % (-5 pp), 15,1 % (-4,7 pp) et 5,0 % (-2,5 pp), tandis que l’AfD est en nette hausse à 18,4 % (+ 5,3 pp), devenant le deuxième parti de la région après la CDU. Échouant à se maintenir au-dessus de la barre des 5 %, le parti de gauche radicale Die Linke (GUE/NGL) perd sa représentation au parlement de Magdebourg, sa part de voix étant divisée par deux à 3,1 % (- 3,2 pp).
- La principale différence avec le cas bavarois concerne le score des conservateurs. La CDU, qui gouverne la région en coalition avec les Verts, gagne en effet 7,6 points de pourcentage, à 34,6 %, se rapprochant à nouveau de ses niveaux historiques depuis le début du siècle.
À l’issue du vote, deux coalitions apparaissent possibles, qui impliquent toutes deux la CDU. Avec 52 sièges sur 133, celle-ci pourrait choisir de poursuivre son travail gouvernemental avec des Verts (22 sièges) ; ces derniers, fragilisés par un mauvais résultat, pourraient voir leur position affaiblie dans les négociations de coalition à venir. Elle pourrait aussi privilégier une grande coalition avec le SPD (23 sièges). La seconde option recueille le plus grand nombre d’opinions positives selon les sondages du jour de l’élection.
- La tête de liste du SPD dans la région était Nancy Faeser, présidente régionale du SPD mais aussi ministre fédérale de l’intérieur. Les 15 % des voix recueillis par le parti font donc doublement figure de sanction pour le gouvernement fédéral. La démission de Faeser de la présidence du SPD hessois apparaît à ce stade probable.
- L’élection consacre également l’influence de Boris Rhein, ministre-président conservateur du Land, sur la politique régionale. Rhein a maintenu ses distances avec les controverses lancées ces dernières semaines par une partie de la direction fédérale du parti (notamment Friedrich Merz) sur les questions culturelles. Issu de l’aile centriste du parti, il entretient des bonnes relations de travail avec les Verts, qu’il considère au lendemain de l’élection comme ses « premiers interlocuteurs » dans la perspective des négociations à venir.
A l’échelle nationale, l’AfD se situe toujours en deuxième position dans les sondages, à 22 %, derrière la CDU/CSU à 27 %.