Alors que l’Occident paraît uni dans la condamnation ferme de l’attaque du Hamas, la plupart des pays arabes et musulmans ont fait le choix d’une forme de neutralité : en appelant à la désescalade — entre distance stratégique et soutien ambigu — ou en ne prenant pas de position, dans une neutralité qui confine à l’attentisme.

Après l’Iran (dont nous avons étudié ici le positionnement), l’Algérie est donc le premier pays à prendre position d’une manière aussi claire, en condamnant d’une manière unilatérale l’État d’Israël (considéré comme le seul responsable « d’attaques brutales ») et en revendiquant le droit des Palestiniens à combattre « l’occupation sioniste ». Depuis, plusieurs autres pays ont pris position dans le même sens : lire la suite de notre analyse mise à jour le 7 octobre à 23h00 ici.

Dans un communiqué officiel diffusé sur les réseaux sociaux par le compte du Ministère des affaires étrangères algérien, on peut lire :

« L’Algérie suit avec une grande préoccupation l’évolution des attaques brutales d’Israël sur la bande de Gaza, qui ont coûté la vie à des dizaines de fils et filles innocents du peuple palestinien, tombés en martyrs face à la persistance de l’occupation sioniste dans la politique d’oppression et de persuasion qu’elle impose au courageux peuple palestinien. 

L’Algérie condamne fermement ces politiques et pratiques qui violent les règles humanitaires les plus élémentaires et les références de la légitimité internationale. 

Dans ce contexte, l’Algérie renouvelle sa demande d’une intervention immédiate de la communauté internationale à travers les instances internationales compétentes pour protéger le peuple palestinien de l’arrogance et du crime que l’occupation zioniste a érigé en caractéristique de cette coopération. 

L’Algérie renouvelle également sa conviction que l’occupation coloniale sioniste est au cœur du conflit arabo-israélien et que la fin des fléaux et tragédies adverisites résultant de ce conflit réside incontestablement dans la réponse aux droits nationaux légitimes du peuple palestinien et dans son habilitation à établir son statut indépendant sur les frontières de 1967 avec Al-Quds Al Sharif [l’un des noms arabes de Jérusalem] comme capitale. 

Alger, le 7 octobre 2023 »

Quelques points de contexte : 

  • L’Algérie et Israël n’ont jamais eu de relations diplomatiques officielles, l’Algérie participant au boycott d’Israël par la Ligue arabe et ne reconnaissant pas officiellement l’État d’Israël. L’Algérie refuse par ailleurs l’entrée à toute personne détenant un passeport israélien ou tout autre passeport avec un visa d’Israël dans son territoire.
  • Cette position est au cœur de la doctrine du président algérien Abdelmadjid Tebboune, notamment en relation aux accords d’Abraham et dans une fonction anti-marocaine. Lors d’une interview avec les médias algériens le 20 septembre 2020, il déclarait : « Nous avons remarqué une sorte de course à la normalisation. C’est une chose à laquelle nous ne participerons jamais, ni ne bénirons, la question palestinienne est sacrée pour nous et c’est la mère de toutes les questions et ne sera résolue que par l’établissement d’un État palestinien, avec les frontières de 1967, avec Jérusalem sainte comme capitale. »