il Grand Continent, Fratture della guerra estesa. Dall’Ucraina al metaverso, LUISS University Press

« Que se passe-t-il au cœur de l’interrègne  ?

Dans l’explosion des rivalités géopolitiques, la guerre est là. Du Donbass au métavers, des fronts se sont ouverts. L’invasion de l’Ukraine par la Russie nous a sidérés, mais comprendre cet affrontement crucial ne suffit pas. Comment, dès lors, organiser le continent  ?

Notre ère est en effet traversée par un phénomène occulte et structurant que nous proposons d’appeler la guerre étendue. De la technocratie aux nouvelles technologies, ses ramifications sont devenues planétaires  : un monde irrigué d’infrastructures qui recèlent un empire de données et articulent un nouvel ordre dont on ne peut déterminer encore la forme. Le champ de bataille de la guerre hors limites a évolué.

Le sol européen est-il en train de changer sous nos pieds  ? »

Vous l’attendiez ? il Grand Continent, version italienne de votre revue, sort enfin en version papier.

Parution le 20 octobre. En précommande sur le site dès le 13 octobre.

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Richard Bourke, Hegel’s World Revolutions, Princeton University Press

« Hegel était largement considéré comme le plus grand philosophe de son époque. Depuis, son œuvre a façonné les débats sur des questions aussi variées que la religion, l’esthétique et la métaphysique. Sa contribution la plus durable est sa vision de l’histoire et de la politique.

Dans Hegel’s World Revolutions, Richard Bourke revient aux arguments originaux de Hegel, clarifiant leur véritable importance et éclairant leur pertinence pour la société contemporaine. Il montre que l’anatomie du monde moderne est au cœur de la pensée de Hegel. D’une part, il affirmait que la modernité était une délivrance de l’asservissement, mais d’autre part, il considérait qu’elle avait libéré l’esprit de la réflexion critique.

Richard Bourke explore cette situation difficile dans les termes d’une série de révolutions mondiales qui, selon Hegel, ont inauguré l’essor de la société civile et l’émergence de l’État constitutionnel. Il interprète la pensée de Hegel, en particulier sa philosophie de l’histoire, en la replaçant dans le contexte de son époque. Il retrace ensuite la réception des idées politiques de Hegel. À rebours de la révolte anti-hégélienne de l’après Seconde Guerre mondiale, il soutient que le dénigrement de la pensée hégélienne par les principaux philosophes a appauvri notre approche de l’histoire et de la politique… »

Parution le 31 octobre

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Branko Milanovic, Visions of Inequality ; From the French Revolution to the End of the Cold War, Harvard University Press

« “Comment voyez-vous la répartition des revenus à votre époque et comment et pourquoi pensez-vous qu’elle va changer ? » C’est la question que Branko Milanovic imagine poser à six des économistes les plus influents de l’histoire : François Quesnay, Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, Vilfredo Pareto et Simon Kuznets. En examinant leurs travaux dans le contexte de leur vie, il retrace l’évolution de la pensée sur l’inégalité, montrant à quel point les points de vue ont varié selon les époques et les sociétés. En effet, Milanovic affirme qu’on ne peut pas parler d' »inégalité » comme d’un concept général : toute analyse est inextricablement liée à une époque et à un lieu particuliers.

Visions of Inequality nous emmène de Quesnay et des physiocrates, pour qui les classes sociales étaient prescrites par la loi, jusqu’aux traités classiques du XIXe siècle de Smith, Ricardo et Marx, qui considéraient les classes comme une catégorie purement économique déterminée par les moyens de production. Il montre comment Pareto a repensé la classe comme une question d’élites par rapport au reste de la population, tandis que Kuznets a vu l’inégalité naître du fossé entre les zones urbaines et les zones rurales. Il explique également pourquoi les études sur l’inégalité ont été éclipsées pendant la guerre froide, avant leur remarquable résurgence en tant que préoccupation centrale de l’économie d’aujourd’hui. »

Parution le 10 octobre

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David Petraeus et Andrew Roberts, Conflict ; The Evolution of Warfare from 1945 to the Russian Invasion of Ukraine, Harper

« Dans cette étude approfondie et incisive, le général David Petraeus, qui a commandé les coalitions dirigées par les États-Unis en Irak – pendant le Surge – et en Afghanistan, puis qui a été directeur de la CIA, et l’historien primé Andrew Roberts, explorent plus de 70 ans de conflit. Petraeus et Roberts montrent à quel point les erreurs critiques ont été répétées à maintes reprises, et le défi, pour les hommes d’État comme pour les généraux, d’apprendre à s’adapter à divers nouveaux systèmes d’armement, théoriques et stratégiques. Parmi les conflits examinés figurent les guerres israélo-arabes, les guerres de Corée et du Viêt Nam, les deux guerres du Golfe, les guerres des Balkans dans l’ex-Yougoslavie, les guerres soviétiques et celles de la coalition en Afghanistan, ainsi que les conflits de guérilla en Afrique et en Amérique du Sud. L’ouvrage s’achève par un regard sur l’invasion désastreuse de l’Ukraine par Poutine – nouvelle illustration des résultats tragiques obtenus par les dirigeants qui refusent de tirer les leçons de l’histoire – et par une évaluation de la nature des guerres à venir. Conflict n’est pas seulement une évaluation critique de notre passé récent, mais aussi un manuel essentiel de la guerre moderne qui fournit des connaissances cruciales pour mener la bataille aujourd’hui ainsi que pour comprendre ce que les décennies à venir nous réservent. »

Parution le 17 octobre

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Ernesto Ferrero, Italo, Einaudi

« À l’occasion du centenaire de la naissance d’Italo Calvino, Ernesto Ferrero nous offre un portrait de l’écrivain depuis les coulisses, dans ses traits de caractère les moins connus, dans ses facettes privées, tout au long de ses vingt années de proximité et de travail commun chez Einaudi. Les relations de Calvino avec ses parents prennent vie, l’importance de l’empreinte familiale, sa passion pour la bande dessinée et son goût pour le dessin, son amitié avec Eugenio Scalfari, les suites de la guerre des partisans, ses passions d’après-guerre, ses liens avec la Ligurie, ses amours, y compris le chapitre de sa relation avec Elsa De’ Giorgi, peu étudié jusqu’à présent. Et puis le travail quotidien, avec ses petits secrets, chez Einaudi et dans les rédactions des journaux, la rencontre avec Hemingway à Stresa, la visite à Silvana Mangano et Vittorio Gassman sur le tournage de Riso amaro. Et encore le traumatisme de l’invasion soviétique en Hongrie et le détachement progressif du PCI et de la politique militante, le voyage en Amérique, le mariage avec Chichita Singer et les joies de la paternité avec la naissance de leur fille Giovanna, les lectures scientifiques décisives, les rencontres clés (Perec, Barthes, Queneau), la fascination des images, la découverte du structuralisme et les séjours dans les métropoles comme dans tant de romans d’amour, de Paris à Rome, jusqu’à l’atterrissage idéal dans la pinède toscane de Roccamare, où il a écrit ses Lezioni americane. L’insulaire Calvino semble toujours être ailleurs, mais reste en contact étroit avec son temps. Le fil conducteur de sa biographie est étroitement lié à son œuvre et en éclaire de l’intérieur la genèse et les développements, la méthode de travail, toujours soutenue par une forte tension éthique, expérimentale et conceptuelle. Même le désenchantement radical de ses dernières années n’empêche pas Calvino de donner de l’espace à tout ce qui n’est pas l’enfer, de se réinventer et d’inventer de nouvelles façons de faire de la littérature. »

Parution le 3 octobre

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Henri Pirenne, Histoires de l’Europe. Œuvres choisies, Gallimard

« Pour qui s’intéresse à l’histoire intellectuelle du premier XXe siècle, Henri Pirenne (1862-1935), père de l’école historique gantoise, incarne une figure majeure. Formé à l’historiographie allemande – qui considère les facteurs collectifs et inconscients plutôt que les faits politiques et le rôle des individus –, auteur d’une Histoire de la Belgique à succès, symbole de la résistance à l’occupation allemande pendant la Première Guerre mondiale, l’historien belge a développé au cours des années 1920 une nouvelle vision de l’histoire de l’Europe en ouvrant deux immenses chantiers dont les chercheurs, aujourd’hui encore, n’ont pas fini de débattre : l’histoire urbaine et l’origine des villes ainsi que les conséquences pour l’Europe de la progression de l’islam au VIIe siècle. En résultèrent deux grands livres parus après sa mort : Histoire de l’Europe (1936) et Mahomet et Charlemagne (1937), dont les lignes principales avaient été tracées depuis 1922. Les travaux de Pirenne sur l’histoire du Moyen Âge publiés dès la fin du XIXe siècle l’avaient déjà gratifié d’une forte notoriété, impressionnant par son souci d’incorporer la démographie historique et la recherche statistique en histoire économique et sociale. Précurseur et pionnier, il fut l’un des premiers à se pencher sur les apports d’une histoire comparative, développant des méthodes originales et novatrices, ainsi qu’un véritable art de la synthèse. Composée d’ouvrages fondamentaux, devenus des références historiographiques, et d’un vaste choix d’articles, discours, essais et journaux qui donnent à voir l’ampleur des thèmes abordés par Pirenne, cette édition « Quarto » propose au lecteur de retracer le cheminement d’un intellectuel dont l’influence marquera la création de la revue des Annales par Marc Bloch et Lucien Febvre. »

Paru le 28 septembre

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Frank Trentmann, Aufbruch des Gewissens Eine Moralgeschichte der Deutschen von 1942 bis heute, Fischer

« Frank Trentmann raconte l’histoire de l’Allemagne des 80 dernières années sous l’angle de la morale. Comment se fait-il qu’après la Shoah et la guerre d’extermination, les Allemands aient été considérés comme moralement purifiés en 2015, année de la « culture de bienvenue » ? Et le sont-ils vraiment ? Avec la bataille de Stalingrad à l’hiver 1942/43, la perspective de la population allemande sur la guerre a changé : des questions de culpabilité et de responsabilité ont surgi, point de départ d’un réveil des consciences. De la « dénazification » au mouvement écologique, en passant par le miracle économique et les années 68, de la politique de la mémoire à la migration et à l’asile, du mouvement pacifiste à la guerre en Ukraine, Frank Trentmann montre la diversité des attitudes, des débats et des actions. »

Parution le 25 octobre

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Dinah Ribard, Le Menuisier de Nevers. Poésie ouvrière, fait littéraire et classes sociales (XVIIe-XIXe siècle), éditions du Seuil

« Le Menuisier de Nevers est un nom d’auteur. C’est même le premier à être devenu célèbre parce que celui qui s’en servait proclamait dans ses livres qu’il était un ouvrier. Tout ici est étonnant : la date d’abord, autour de 1640, bien en amont de l’industrialisation de la France et d’une démocratisation de la culture ; la disparition complète du canon littéraire, ensuite, de ce poète longtemps fameux, réédité, lu et commenté, qui s’appelait en fait Adam Billaut. La chronologie de la poésie ouvrière pose le problème historique qui se trouve au coeur de ce livre. La littérature n’a pas attendu que les ouvriers deviennent des acteurs de l’histoire, au XIXe siècle, pour consacrer des auteurs issus du peuple laborieux. L’apparition de ce travailleur manuel sur la scène littéraire à l’époque de Louis XIV prouve que la littérature n’enregistre pas le mouvement de l’histoire : elle est une forme d’action qui transforme les voies d’accès à la parole publique et façonne l’histoire des classes sociales.

Au cours des deux siècles suivants, on a trouvé naïve et populaire la poésie très savante de ce « Virgile au rabot ». Exception glorieuse dans une société férocement hiérarchique, sa figure a maintenu hors de la littérature les très nombreux artisans qui ont composé des vers dans cette période. Elle a ensuite été relayée par les ouvriers poètes qui ont intéressé un moment les éditeurs et écrivains progressistes de l’époque industrielle. En retrouvant tout ce peuple d’auteurs, Dinah Ribard montre que la littérature est une contribution essentielle à l’histoire de l’inégalité. »

Parution le 27 octobre

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Stefan Bollmann, Zeit der Verwandlung. München 1900 und die Neuerfindung des Lebens, Klett-Cotta

« Franziska zu Reventlow et Frank Wedekind, Hedwig Pringsheim et Thomas Mann, Lou Andreas Salomé et Rainer Maria Rilke, Marianne von Werefkin et Wassily Kandinsky : tous partent courageusement et énergiquement vers 1900 dans la ville allemande la plus moderne de l’époque, afin de mener une vie plus libre et émancipée. Leurs destins inspirants nous montrent qu’à cette époque, tant de choses ont commencé qui se poursuivent encore aujourd’hui.

C’est à Munich, ville d’art où l’on boit de la bière et où l’on aime le carnaval, que se produit entre 1886 et 1914 un renouveau culturel sans précédent : psychothérapie et Art nouveau, Sécession et revue satirique, émancipation des femmes et fluidité des genres – tout cela s’épanouit ici pour la première fois et dans une diversité sans précédent. À Munich, on comprend d’abord que la jeunesse est un mode de vie. Un médecin hypnotiseur développe pour ainsi dire ex nihilo la thérapie comportementale. Pour protéger l’art de la tutelle, la première Sécession voit le jour et, dans son sillage, l’art abstrait avec le Blaue Reiter. De nouvelles revues et de nouveaux cabarets font de Munich la sinistre capitale satirique de l’Empire gouverné depuis Berlin. Pendant ce temps, Franziska zu Reventlow montre que l’amour libre n’est plus une affaire d’hommes. Et avec l’invention de la danse moderne, les rôles et les identités sexuelles traditionnels s’estompent définitivement. Un panorama aussi grandiose que coloré du renouveau et du changement, au centre duquel se trouvent des femmes et des hommes talentueux qui ont désiré, lutté et vécu cette transformation. »

Parution le 14 octobre

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Xavier Casals Meseguer et Enric Ucelay-Da Cal, El fascio de las ramblas. Los origenes catalanes del fascismo español, Pasado Presente

« Les auteurs de ce livre soulèvent trois questions importantes que les histoires de l’Espagne et de la Catalogne du XXe siècle négligent. La première est l’erreur d’évoquer l’existence de deux dictatures militaires alors que le pays en a connu quatre, liées entre elles. Une réalité reflétée par la figure du général Martínez Anido, qui a pris part à chacune d’elles. Deuxièmement, la trajectoire du fascisme espagnol avant la guerre civile a connu deux étapes distinctes, l’une dans les années 1920 et l’autre dans les années 1930 républicaines : sa genèse et ses propositions sont inséparables des villes et des rivalités entre elles. La troisième est que dans la Catalogne des deux premières décennies du XXe siècle, deux autorités se sont formées, puisque, avec la Mancomunité, la « Capitania Cubana » a émergé.Casals et Ucelay-Da soulignent que le fascisme de « première génération » avait une composante locale à Barcelone, basée sur les Ramblas, puisque ce boulevard a acquis un rôle inattendu en tant que scène du processus qui a donné naissance au fascisme barcelonais et, en même temps, en tant que puissant espace symbolique pour la « première génération » du fascisme à Barcelone. C’était aussi un espace symbolique puissant, car c’est là que se trouvaient les quartiers généraux des composantes impliquées dans son développement (patrons, syndicalistes, ultra-catalanistes, militaires, « bande noire », nationalistes espagnols), et c’était le théâtre de leurs luttes. »

Parution le 23 octobre

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Natividad Planas, Koukou, le royaume enfoui. Enquête sur les relations entre Europe et Islam (XVIe-XVIIe siècle), Fayard

« Au XVIe siècle et au début du XVIIe, dans la province ottomane d’Alger, les bel Cadi gouvernent un territoire situé dans le massif du Djurdjura, appelé royaume de Koukou. En fréquents conflits avec les autorités du pays, ils s’allient aux Habsbourg d’Espagne pour fragiliser la présence ottomane au Maghreb, entretenant de véritables relations diplomatiques avec la monarchie hispanique pendant quasiment un siècle. Les liens entre Koukou et l’Europe ont été oubliés, ou plutôt enfouis, par l’historiographie coloniale française, pour imposer de l’intérieur de l’Algérie l’image d’une région déconnectée du monde.

Revenant aux sources de cette histoire, Natividad Planas mène une enquête inédite où l’on croise une foule dense constituée de rois, reines, pachas, ambassadeurs, « courriers », vice-rois, marins, religieux, renégats, esclaves, gens de Koukou, de Majorque et de Castille. Elle restitue ainsi le dynamisme des sociétés rurales du Maghreb, activement investies dans les enjeux politiques de leur temps et la profondeur des relations transméditerranéennes. Notre connaissance des relations entre Europe et Islam à l’époque moderne s’en trouve bouleversée, par-delà les lieux communs sur les affrontements militaires et les conflits religieux. » 

Parution le 4 octobre

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Gilles Deleuze, Sur la peinture. Cours (mars – juin 1981), éditions de Minuit

« De 1970 à 1987, Gilles Deleuze a donné un cours hebdomadaire à l’université expérimentale de Vincennes, puis de Saint-Denis à partir de 1980. Les huit séances de 1981 retranscrites et annotées dans le présent volume sont entièrement consacrées à la question de la peinture.Quel rapport la peinture entretient-elle avec la catastrophe, avec le chaos ? Comment conjurer la grisaille et aborder la couleur ? Qu’est-ce qu’une ligne sans contour ? Qu’est-ce qu’un plan, un espace optique pur, un régime de couleur ?…Cézanne, Van Gogh, Michel-Ange, Turner, Klee, Pollock, Mondrian, Bacon, Delacroix, Gauguin ou le Caravage sont pour Deleuze l’occasion de convoquer des concepts philosophiques importants : diagramme, code, digital et analogique, modulation. Avec ses étudiants, il renouvelle ces concepts qui bouleversent notre compréhension de l’activité créatrice des peintres. Concrète et joyeuse, la pensée de Deleuze est ici saisie au plus près de son mouvement propre. »

Parution le 5 octobre

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Brock Cutler, Ecologies of Imperialism in Algeria, Nebraska University Press

« Entre 1865 et 1872, la mort et la maladie se sont répandues dans le cadre de la catastrophe écologique la plus grave de l’histoire moderne de l’Afrique du Nord : une invasion de sauterelles a détruit les récoltes au cours d’une sécheresse désastreuse qui a laissé de nombreux Algériens sans terre et affamés. La famine a provoqué des migrations qui ont concentré les personnes vulnérables dans des camps insalubres où le typhus et le choléra sévissaient. Avant que les pluies ne reviennent et que les récoltes ne se normalisent, quelque huit cent mille Algériens étaient morts.

Brock Cutler explore la manière dont les divisions écosociales dans un écosystème étendu ont produit l’impérialisme moderne dans l’Algérie du XIXe siècle. Des crises écologiques massives, tant culturelles que naturelles, ont arraché les communautés à leurs foyers, les individus à ces communautés et la société à ses relations écologiques typiques. Dans le même temps, les crises incessantes, bien que lentes, du colonialisme de peuplement et du capitalisme impérial extractif ont clivé l’Algérie à la France d’une nouvelle manière. Bien que ces crises aient lieu dans le Maghreb du XIXe siècle, le processus qu’elles décrivent dépasse ces limites spatiales et temporelles, traversant le champ de l’impérialisme moderne jusqu’à aujourd’hui. »

Parution le 1er octobre

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William Klooster (ed.), The Cambridge History of the Age of Atlantic Revolutions, 3 volumes, Cambridge University Press

« En trois volumes, la Cambridge History of the Age of Atlantic Revolutions rassemble des experts de tous les coins du monde atlantique qui révèlent l’époque dans toute sa complexité. L’âge des révolutions atlantiques a marqué la transition d’une époque marquée par le régime monarchique, les privilèges et le colonialisme à une époque qui s’est distinguée par le régime républicain, l’égalité juridique et la souveraineté des nations américaines. Les soixante et onze chapitres reflètent les dernières tendances et discussions sur cette phase transformatrice de l’histoire, soulignant non seulement les causes, les événements clés et les conséquences des révolutions, mais aussi l’expérimentation politique, la contingence et la survie des institutions coloniales. Les volumes examinent également les tentatives des populations asservies et indigènes, ainsi que des personnes libres de couleur, pour changer leur situation, offrant une révision indispensable à la première synthèse sur cette époque réalisée par R.R. Palmer il y a soixante ans. »

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Jan-Otmar Hesse, Exportweltmeister. Geschichte einer deutschen Obsession, Suhrkamp

« Lors de la finale de la Coupe du monde 1986, l’équipe nationale allemande a dû s’incliner 3-2 face à la sélection argentine de Diego Maradona. Malgré cela, les Allemands de l’Ouest ont pu se sentir champions du monde, car cette année-là, la République fédérale a exporté pour la première fois plus de biens que tout autre pays. Le pays était « champion du monde de l’exportation » – champion dans une discipline qui n’est pas seulement le fondement de notre prospérité : la force des exportations allemandes est un élément de la fierté nationale et une indication de l’excellente réputation des marchandises « Made in Germany ».

L’historien économique Jan-Otmar Hesse part sur les traces de ce succès, qui doit beaucoup à l’étonnante capacité d’adaptation des entreprises allemandes et à une politique favorable à l’exportation. D’importants jalons ont été posés dès la fin du XIXe siècle. La République de Weimar a créé les premiers instruments de soutien à l’économie d’exportation. La politique monétaire de l’après-guerre a renforcé leur compétitivité mondiale. Exportweltmeister raconte comment des ateliers et des manufactures sont devenus des acteurs mondiaux et comment un pays pauvre en matières premières est devenu la superpuissance économique qu’il est aujourd’hui. »

Parution le 30 octobre

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Marlene L. Daut, Awakening the Ashes ; An Intellectual History of the Haitian Revolution, University of North Carolina Press

« La révolution haïtienne a porté un coup puissant au colonialisme et à l’esclavagisme et, tandis que ses penseurs et ses combattants ouvraient la voie à la liberté universelle, ils ont imposé les idéaux anticoloniaux, antiesclavagistes et antiracistes dans la grammaire politique moderne. Premier État des Amériques à abolir définitivement l’esclavage, à proscrire les préjugés de couleur et à interdire le colonialisme, Haïti a établi une nation dans un monde atlantique hostile. L’esclavage était omniprésent dans le reste des Amériques et les nations et empires étrangers n’ont cessé d’attaquer la souveraineté haïtienne. Pourtant, les écrivains et les hommes politiques haïtiens ont défendu avec succès leur indépendance tout en plantant les racines idéologiques d’un État égalitaire.

Dans Awakening the Ashes, Marlene L. Daut situe les révolutionnaires, pamphlétaires et penseurs politiques haïtiens des XVIIIe et XIXe siècles, célèbres ou moins connus, dans l’histoire mondiale des idées, montrant comment leurs systèmes de connaissance et d’interprétation ont occupé le devant de la scène à l’époque des révolutions. Alors que les conceptions modernes de la liberté et de l’égalité sont souvent liées à la Déclaration française des droits de l’homme ou à la Déclaration d’indépendance des États-Unis, Marlene L. Daut soutient que la référence la plus immédiate devrait être ce qu’elle appelle le principe de 1804, selon lequel aucun être humain ne devrait plus jamais être colonisé ou réduit en esclavage, une idée promulguée par les Haïtiens qui, contre toute attente, ont bouleversé l’empire français. »

Parution le 17 octobre

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Robert Hornsby, The Soviet Sixties, Yale University Press

« À partir de la mort de Staline en 1953, l’ère des « années soixante » en Union soviétique a été tout aussi dynamique et transformatrice qu’à l’Ouest. Le romantisme idéologique des années révolutionnaires a été ravivé, avec un accent renouvelé sur l’égalitarisme, l’égalité et la construction d’une utopie communiste. La terreur de masse a été maîtrisée, de grandes victoires ont été remportées dans la course à l’espace, les dogmes culturels staliniens ont été remis en question et les jeunes ont dansé sur du jazz et du rock’n’roll. Robert Hornsby examine cette période remarquable et surprenante et montre que, même si le niveau de vie s’est élevé, certains aspects de l’époque antérieure ont perduré.

La censure et le maintien de l’ordre sont demeurés stricts, et les massacres perpétrés lors des manifestations de Tbilissi et de Novocherkassk, ainsi que les invasions de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie, ont montré les limites de la réforme. La rivalité avec les États-Unis atteint peut-être son point le plus instable, l’amitié avec la Chine se transforme en inimitié amère et la décolonisation mondiale ouvre de nouveaux horizons à l’URSS dans le monde en développement. Ces années tumultueuses ont transformé la vie des citoyens soviétiques et contribué à remodeler le monde. »

Paru le 26 septembre

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Edward N. Luttwak et Eitan Shamir, The Art of Military Innovation, Harvard University Press

« Lorsque les Forces de défense israéliennes (FDI) ont été créées en mai 1948, elles étaient petites, mal équipées et déjà en guerre. Faute d’armes suffisantes ou d’une base industrielle nationale capable de les produire, l’armée naissante a dû se contenter de tout ce qui lui tombait sous la main. Cet esprit d’improvisation a permis aux FDI de remporter une victoire décisive lors de la première guerre israélo-arabe.

Aujourd’hui, ce même esprit a fait des FDI l’armée la plus puissante du Moyen-Orient et l’une des plus performantes au monde. Dans The Art of Military Innovation, Edward N. Luttwak et Eitan Shamir retracent les origines de ce succès stupéfiant. Selon eux, ce qui distingue les FDI, c’est la singularité de leur structure organisationnelle. Depuis sa création, il s’agit de la seule armée à service unique au monde, regroupant les forces aériennes, navales et terrestres au sein d’un seul et même organisme institutionnel. Cette structure unique, associée à un jeune corps d’officiers, permet de prendre des initiatives à partir de la base. Il en résulte une organisation souple, encline au changement plutôt qu’à la tradition.

Les FDI ont favorisé certaines des avancées les plus significatives de ces soixante-dix dernières années en matière de technologie militaire, depuis la première utilisation de drones en temps de guerre jusqu’au célèbre système de défense antimissile Iron Dome, en passant par la première arme laser, Iron Beam. Les innovations moins connues en matière de formation, de logistique et de ressources humaines ont été tout aussi importantes. »

Parution le 10 octobre

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Lorraine Daston, Rivals ; How Scientists Learned to Cooperate, Columbia Global Reports

« Au cours des quelque 350 dernières années, la « communauté scientifique » internationale est devenue le bastion du consensus et de l’action concertée, en particulier face à deux crises mondiales : un changement climatique désastreux et une pandémie mortelle. Comment la « communauté scientifique » a-t-elle vu le jour et pourquoi fonctionne-t-elle ? Rivals tente de répondre à ces questions sous la forme d’un bref aperçu historique, de la fin du XVIIe siècle au début du XXIe siècle, à travers la création de deux projets gigantesques : la Carte du Ciel, ou la grande carte des étoiles, et l’Atlas international des nuages, dont l’Organisation météorologique mondiale a été la première à se doter après la Seconde Guerre mondiale.

Ces nouveaux modèles de collaboration intergouvernementale et de réseaux d’observation à l’échelle mondiale allaient plus tard rendre possible l’accumulation de preuves de phénomènes planétaires tels que le changement climatique. S’appuyant sur des documents originaux conservés à Paris, Genève et Uppsala, l’historienne des sciences Lorraine Daston propose une étude des collaborations scientifiques réussies ou non. »

Parution le 17 octobre

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Montassir Sakhi, La révolution et le djihad. Syrie, France, Belgique, La Découverte

« Après le soulèvement de la population syrienne contre la dictature de Bachar al-Assad en 2011, sa répression sanglante a conduit nombre de révolutionnaires à s’engager dans la lutte armée. L’intervention de groupes se réclamant de l’islam politique et les ingérences étrangères ont ensuite rendu le conflit singulièrement opaque. Jusqu’à l’émergence en 2014 de l’État islamique, qui a fait de la religion le noyau d’une politique de la terreur. Ce qui a conduit une petite minorité dévoyée des jeunes Européens ayant rejoint la révolution à perpétrer, en France et en Belgique, de terribles attentats-suicides en 2015 et 2016.

Pour tenter d’éclairer ces enchaînements tragiques, les interprétations idéologiques centrées sur la  » radicalisation  » de l’islam politique ont trop souvent prévalu. D’où l’importance de ce livre, qui s’appuie à l’inverse sur les témoignages des acteurs – ; révolutionnaires syriens et  » migrants du djihad  » – ; recueillis par l’auteur entre 2015 et 2023 au Moyen-Orient et en Europe. On y découvrira comment des gens ordinaires ont vécu leurs engagements, marqués par le dépassement des organisations partisanes et le rapprochement improbable entre islamistes et gauches. Ces témoignages mettent en récit le sens de leurs actions, de la mobilisation pacifique initiale à la guerre révolutionnaire. Ils éclairent le rôle du symbolisme religieux dans la révolution syrienne et dans les motivations des quelque 2 500 jeunes Français et Belges issus de l’immigration postcoloniale, nouveaux  » internationalistes  » l’ayant rejointe à la faveur des printemps arabes. Au total, un regard sans équivalent sur la confrontation singulière, dans la lutte contre la dictature, de deux forces utopiques antagoniques, celle positive de soutien à la cause révolutionnaire, et celle négative animant le fascisme d’un État théocratique. »

Parution le 12 octobre

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Francesco Terracina, Mal di Sicilia, Laterza

« Attraction et aversion : c’est entre ces deux sentiments que naît la maladie de la Sicile. Les insulaires et les étrangers sont touchés, ceux qui fuient par nécessité et ceux qui débarquent par hasard dans le triangle entre le cap Lilybaeum, le cap Peloro et le cap Passero. Sur ce triangle flottant comme une feuille dans la Méditerranée, tout est racontable et la réalité se garde bien de se mesurer au chaos qui la gouverne.

Dans ces pages, Francesco Terracina reconstruit une image insolite de la Sicile, entre tragédie et comédie, à travers les portraits d’hommes et de femmes séduits et repoussés par la singularité d’une terre qui a la taille d’une région et le sentiment d’une nation. Mal di Sicilia définit la condition de ceux qui manient les arcanes de l’île, en découvrent les limites et les dangers, mais ne parviennent pas à s’en détacher. Des écrivains comme Elio Vittorini, Goliarda Sapienza ou Stefano D’Arrigo paient chacun à leur manière leur attachement à ce radeau méditerranéen. Et parfois, le prix de l’attachement sentimental est si élevé qu’il coûte la vie à ceux qui touchent les fils nus de la terre sicilienne miteuse et suggestive : c’est arrivé à Gaetano Costa et à Pio La Torre, entre autres, ainsi qu’à un Anglais sans méfiance qui, au début du XXe siècle, a été enchanté par la beauté des temples d’Agrigente et a payé cet amour de sa ruine.

Mais la Sicile est aussi le lieu où l’on se perd dans la solitude d’un promontoire surplombant la mer Éolienne, comme ce fut le cas pour un marin allemand qui abandonna le pont de son navire pour une grotte creusée dans un rocher surplombant les eaux de Filicudi. Et il y a ceux qui ne veulent rien lâcher, comme l’élégant fantaisiste milanais Benigno De Grandi, envoyé à Palerme en guise de punition, qui se répète à lui-même qu’il ne veut pas y rester. Et plus il le répète, plus il s’enracine dans l’île. Intellectuels, voyageurs, sportifs, magistrats, artistes : une galerie de personnages très différents qui se mesurent aux pièges et aux plaisirs de l’île et qui finissent par contaminer le lecteur lui-même avec une poignante maladie sicilienne. »

Parution le 3 octobre

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Crédits
Sauf indication contraire, tous les textes de présentation des ouvrages sont les citations des quatrièmes de couverture des éditeurs.