Jonathan I. Israel, Spinoza, Life and Legacy, Oxford University Press

« Spinoza, le plus audacieux et le plus dérangeant des grands philosophes du début de l’ère moderne, a eu un impact beaucoup plus important, bien que souvent dissimulé, sur la scène intellectuelle internationale et sur le début du siècle des Lumières, que les philosophes, les historiens et les théoriciens politiques n’ont eu tendance à le reconnaître.

Les efforts déployés à l’échelle européenne pour empêcher le public et les étudiants de découvrir Spinoza, l’homme et son œuvre, dans les années qui ont suivi sa mort en 1677, ont dominé une grande partie de sa réception initiale en raison des implications révolutionnaires de sa pensée pour la philosophie, la religion, l’éthique et le mode de vie, la critique de la Bible et la théorie politique. Néanmoins, contrairement à ce qui a parfois été affirmé, son impact général a été immédiat, vaste et profond. L’un des principaux objectifs de ce livre est de montrer à quel point Leibniz, Bayle, Arnauld, Henry More, Anne Conway, Richard Baxter, Robert Boyle, Henry Oldenburg, Pierre-Daniel Huet, Richard Simon et Nicholas Steno, parmi tant d’autres, ont été affectés par ses principales idées et ont été amenés à les combattre. »

Paru le 28 août

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Juan Gabriel Vásquez, La traducción del mundo. Las conferencias Weidenfeld 2022, Alfaguara

« En octobre et novembre 2022, Juan Gabriel Vásquez a été invité par l’Université d’Oxford à donner les prestigieuses conférences Weidenfeld sur la littérature européenne comparée, auxquelles des auteurs de l’envergure de Mario Vargas Llosa, George Steiner, Umberto Eco, Javier Cercas et Ali Smith ont déjà participé. Dans ces quatre conférences, rassemblées ici, Vásquez se demande s’il existe dans la fiction littéraire une manière de comprendre la vie que l’on ne peut trouver dans aucun autre espace. La littérature est-elle le lieu où le monde est traduit, interprété et éclairé ? Peut-être la fiction possède-t-elle une capacité unique à élucider les complexités de l’expérience humaine – le mystère de chaque vie, notre lien avec le passé, la relation tendue que nous entretenons avec l’univers politique – et à transformer cette interprétation en connaissance. Ces textes nous invitent à redéfinir les usages de la fiction, notre compréhension de ses mécanismes et les raisons pour lesquelles, à notre époque, elle est probablement plus indispensable que jamais. »

Parution le 7 septembre

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Jean-Claude Schmitt, Les images médiévales. La figure et le corps, Gallimard

« De l’empreinte bouleversante d’une main humaine datée du paléolithique dans la Grotte Cosquer (30 000 ans avant notre ère) à la pipe peinte en 1929 par René Magritte prévenant que : « Ceci n’est pas une pipe », les images ne cessent de nous renvoyer aux mêmes questions essentielles : qu’est-ce que représenter ? Imiter et figurer, est-ce la même chose ? Quel le rapport entre l’objet ou la personne représentés et leurs images ? Ces questions semblent hors du temps, alors que les images, leurs formes et leurs usages, se montrent étroitement dépendants des époques et des cultures particulières qui les produisent. Ainsi en va-t-il dans la chrétienté médiévale, entendue comme une formation sociale et culturelle dont on ne préjuge pas des limites chronologiques, pour souligner au contraire son empreinte durable jusque sur nos comportements et nos représentations aujourd’hui. Au Moyen Âge, la question de l’image se rapporte toujours, de près ou de loin, à l’Incarnation du Fils de Dieu. Contre l’interdit judaïque de la représentation, la « figure » du Christ donne sens à toutes les autres images. Et par ricochet, son « corps » sacramentel donne corps à la matière (bois, métal, textile, parchemin) des peintures et des statues innombrables et désirables de la Vierge et des saints. Ainsi la figure et le corps tracent dans les motifs et la matière des images, des chemins qui, en se croisant, invitent le lecteur à un parcours dans le temps long de l’histoire. Commencé dans le Sud de l’Inde et dans le bazar de Téhéran, achevé à l’embouchure de l’Amazone, ce voyage parmi les images chrétiennes médiévales propose un va et vient entre présent et passé, ici et ailleurs. Le « long Moyen Âge » (J. Le Goff) vient battre à notre porte. »

Parution le 14 septembre

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Heinrich August Winkler, Die Deutschen und die Revolution. Eine Geschichte von 1848 bis 1989, C.H. Beck

« Lorsque les Français ont pris la Bastille, symbole de l’Ancien Régime absolutiste, en juillet 1789, de nombreux poètes et penseurs allemands les ont acclamés. Mais l’enthousiasme ne dura pas longtemps sur la rive droite du Rhin. Lorsque Louis XVI a fini sur l’échafaud et que la révolution s’est transformée en terreur, de nombreux Allemands s’en sont détournés, effrayés. Depuis, la relation des Allemands avec les révolutions est restée un chapitre difficile. Heinrich August Winkler décrit les étapes de l’histoire révolutionnaire allemande de 1848 à 1989, prenant également en compte la plus sombre des révolutions, celle des nationaux-socialistes.

Mieux vaut une réforme qu’une révolution : telle a longtemps été la devise de tous les citoyens et intellectuels allemands qui contestaient la situation existante sans pour autant vouloir un renversement violent. Après l’échec du double objectif d’unité et de liberté lors de la révolution de 1848/49, Bismarck a répondu par une révolution par le haut avec la création d’un petit empire allemand. La révolution de 1918/19 a donné naissance à un nouveau système démocratique, la République de Weimar, à laquelle la dictature du national-socialisme a mis fin. L’ouvrage, examine également la « révolution pacifique » de 1989 qui a permis de résoudre la « question allemande » sous la forme de la réunification. »

Parution le 21 septembre

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Paulin Ismard, Le Miroir d’Œdipe. Penser l’esclavage, Le Seuil

« Pourquoi la pensée politique grecque a-t-elle occulté la question de l’esclavage ? Qui sait que le jardin de l’Académie a été acquis par Platon avec l’argent de son affranchissement ? Qui parle de l’esclave qui détient le secret de la naissance d’Œdipe ? Le développement de la société esclavagiste athénienne et l’avènement de la démocratie entretiennent des liens étroits. Chez les Grecs, l’esclavage est un « fait social total », imprégnant le fonctionnement de l’ensemble de la société.

Pourtant, on chercherait en vain un corps de doctrine ou un grand récit par lequel les penseurs athéniens auraient entrepris de légitimer l’esclavage ou d’en penser les implications sociales et politiques. Rien hormis quelques digressions. Ce livre fait le pari suivant : la relative absence de discours sur l’esclavage chez les Anciens n’est pas signe d’un manque qu’il reviendrait à l’historien de combler. Elle est un symptôme, qui l’invite à observer les formes par lesquelles une société aménage une place à ceux dont elle organise la non-existence

Insu et déni : Paulin Ismard conduit une enquête fascinante à travers les rares discours grecs sur l’esclavage. Empruntant à l’histoire comparée et à la littérature, l’auteur révèle des réalités anthropologiques qui n’ont pas cessé de produire leurs effets. »

Parution le 29 septembre

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Thomas Meyer, Hannah Arendt : Die Biografie, Piper

« Thomas Meyer retrace et interprète, à l’aide de nouvelles sources, la vie et l’œuvre de Hannah Arendt, de Königsberg à New York, de sa thèse sur Augustin à son opus magnum inachevé sur La vie de l’esprit. Sa biographie met en lumière la fascination et la critique que sa personne et ses écrits ont suscitées tout au long de sa vie, et rend ainsi le « phénomène Hannah Arendt » plus compréhensible.

L’approche choisie ici se distingue radicalement des recherches menées jusqu’à présent. Pour la première fois, des archives totalement inconnues et des documents ignorés sont utilisés pour présenter Arendt dans son époque. La biographie se concentre sur deux phases de sa vie : les années parisiennes après la fuite d’Allemagne et la période aux États-Unis jusqu’à la publication de son premier ouvrage principal Les origines du totalitarisme, en 1951. Il en résulte de nouvelles perspectives sur la pensée révolutionnaire d’Arendt. »

Parution le 28 septembre

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Julia Cagé et Thomas Piketty, Une histoire du conflit politique. Élections et inégalités sociales en France, Le Seuil

« Qui vote pour qui et pourquoi ? Comment la structure sociale des élec­torats des différents courants politiques en France a-t-elle évolué de 1789 à 2022 ? En s’appuyant sur un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques des 36 000 communes de France couvrant plus de deux siècles, cet ouvrage propose une his­toire du vote et des inégalités à partir du laboratoire français.

Au-delà de son intérêt historique, ce livre apporte un regard neuf sur les crises du présent et leur possible dénouement. La tripartition de la vie politique issue des élections de 2022, avec d’une part un bloc central regroupant un électorat socialement beaucoup plus favorisé que la moyenne – et réunissant d’après les sources ici rassemblées le vote le plus bourgeois de toute l’histoire de France –, et de l’autre des classes populaires urbaines et rurales divisées entre les deux autres blocs, ne peut être correctement analysée qu’en prenant le recul historique nécessaire. En particulier, ce n’est qu’en remontant à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, à une époque où l’on observait des formes similaires de tripartition avant que la bipolarisation ne l’emporte pendant la majeure partie du siècle dernier, que l’on peut comprendre les tensions à l’œuvre aujourd’hui. La tripartition a toujours été instable alors que c’est la bipartition qui a permis le progrès économique et social. Comparer de façon minutieuse les différentes configurations permet de mieux envisager plusieurs trajectoires d’évolutions possibles pour les décennies à venir.

Une entreprise d’une ambition unique qui ouvre des perspectives nouvelles pour sortir de la crise actuelle. Toutes les données collectées au niveau des quelques 36 000 com­munes de France sont disponibles en ligne en accès libre sur le site unehistoireduconflitpolitique.fr, qui comprend des centaines de cartes, graphiques et tableaux interactifs auxquels le lecteur pourra se reporter afin d’approfondir ses propres analyses et hypothèses. »

Parution le 8 septembre

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S’inscrire à notre mardi à l’École normale supérieure avec Thomas Piketty et Julia Cagé

Lorenzo Castellani, Il minotauro. Governo e management nella storia del potere, LUISS UP

« Au cours du siècle dernier, le gouvernement et le management ont souvent réussi à atteindre leurs objectifs respectifs en contribuant à l’ordre, à la croissance et à la propagation de la prospérité. Mais il est évident, en même temps, que les mécanismes de pouvoir et d’organisation qui les sous-tendent sont toujours à la limite de la liberté et de l’autonomie. La tendance à écraser le conflit, le pluralisme, la liberté et la société est toujours inhérente au potentiel de l’État ; celle à la mesure, à la standardisation, à la conformité et à la hiérarchie est toujours inhérente aux visions managériales.

Leur combinaison au fil des siècles a donné naissance au Minotaure, qui a atteint son apogée culturelle, politique et économique à la fin du XXe siècle. Mais c’est une bête étrange que ce Minotaure, qui a traversé les idéologies, les totalitarismes, les crises et les triomphes, pour en sortir toujours indemne et toujours renouvelé. Il semble représenter l’esprit faustien et démoniaque de la modernité tardive, hésitant entre le maximum de bien-être et de développement et le maximum de contrôle et d’obéissance. L’histoire de cette relation entre gouvernement et management, l’histoire de cet hybride, ne s’arrête pourtant pas au XXe siècle et, surtout, plonge ses racines historiques dans une époque bien antérieure au XXe siècle. L’objectif de ce livre était précisément de partir des origines pour tenter de comprendre où nous en sommes aujourd’hui et où nous irons peut-être demain. Toujours en compagnie d’un Minotaure qui change d’apparence, mais qui peuple toujours le labyrinthe de notre histoire.

Ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui encore, la stabilité et la productivité, les deux grandes promesses du gouvernement et du management, sont deux des termes les plus galvaudés du lexique occidental. Ce n’est pas non plus un hasard si les élites politiques recherchent continuellement des techniques managériales à importer et à faire fonctionner dans le secteur public et si les élites managériales cherchent à influencer les processus décisionnels politiques afin d’obtenir des réglementations et des réformes qui leur soient favorables. Cela ne signifie pas qu’un gouvernement peut fonctionner et fonctionne effectivement comme une entreprise ou que les objectifs d’un gouvernement se confondent toujours avec ceux des acteurs économiques. Il s’agit souvent d’illusions ou de théories du complot. Ce qui semble indéniable, en revanche, c’est un certain isomorphisme entre le gouvernement et le management, une correspondance qui se traduit par une influence mutuelle. Précisément parce que la racine de l’un et de l’autre, bien qu’habillés différemment, se trouve dans l’organisation et le pouvoir. »

Paru le 4 août

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Cecilia Sala, L’incendio. Reportage su una generazione tra Iran, Ucraina e Afghanistan, Mondadori

Kateryna a 28 ans, a été mannequin, a des amis dans toute l’Europe et espère que la guerre éclatera en Ukraine début 2022 : « Je ne suis pas lâche au point de vouloir vivre sous le chantage de Vladimir Poutine pendant des années, en comptant sur le fait que la tâche de s’occuper de lui reviendra ensuite à une autre génération au lieu de la mienne ». Aujourd’hui, Kateryna est soldat. 

Assim a 23 ans et étudie l’ingénierie aérospatiale à l’université de Téhéran. Depuis le jour de la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, elle et son groupe écrivent le nom de Mahsa dans les toilettes de l’université et dans les wagons de train : « Nous ne savions pas ce que nous commencions ».

Nabila est une championne de kick-boxing, une lesbienne et une conservatrice fidèle à la République islamique, mais comme beaucoup de femmes religieuses, elle considère le cas d’une jeune fille arrêtée dans une station de métro pour un foulard négligé et rendue morte quelques jours plus tard à sa famille comme « une honte collective et une énormité contre Dieu ».

Zarifa a grandi avec l’idée qu’elle deviendrait politicienne et est devenue adulte dans un Afghanistan où cela était possible, après 2001 et avant 2021. Elle appartient à la génération qui a imaginé puis commencé à construire sa vie sur des hypothèses incompatibles avec les codes des fondamentalistes, celle qui refuse aujourd’hui de considérer comme son destin le mouvement taliban, « qui existe depuis moins longtemps que les téléphones portables, qui au total a contrôlé le pays pendant sept années non consécutives ».

Kateryna, Assim, Nabila et Zarifa sont quelques-uns des protagonistes de ce voyage. Cecilia Sala les a suivis dans les fêtes et au milieu des bombes. Le résultat est une histoire chorale, déchirante et vraie, qui nous montre de première main « trois feux qui embrasent le monde » et le bouleversent au-delà des frontières des pays où ils ont éclaté.

Parution le 12 septembre

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Johannes Plagemann et Henrik Maihack, Wir sind nicht alle. Der globale Süden und die Ignoranz des Westens, C.H. Beck

« L’Occident n’est plus le nombril du monde. La guerre d’agression russe contre l’Ukraine a changé notre regard sur le Sud global. On s’étonne que la politique occidentale de sanctions contre la Russie ne soit pas partagée par des États comme l’Inde ou l’Afrique du Sud. Dans le cadre de la nouvelle confrontation des blocs qui se dessine entre l’Occident et la Chine, le Sud global a acquis une nouvelle importance stratégique. Mais pour y trouver un soutien, il faut comprendre ses motivations et ses intérêts.

Depuis longtemps, la multipolarité, c’est-à-dire un ordre dans lequel non seulement les États-Unis et l’Europe, mais aussi la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud ou le Brésil, et même la Russie en certains endroits, jouent un rôle important, est un scénario d’avenir positif dans le Sud global. Parce qu’il promet l’autonomie à de nombreux pays, en ouvrant des espaces de décision là où il n’y en avait pas auparavant. Dans le Sud global, la politique internationale est donc vue de manière très différente qu’en Occident, où l’on perçoit l’abandon de l’ancien ordre de pouvoir et de sa propre domination comme « confus » et donc potentiellement menaçant. Il vaut la peine de mieux comprendre le regard du Sud sur la politique internationale : car là où, jusqu’à présent, nous voyons surtout des risques, ce sont en fait des opportunités qui nous attendent. »

Parution le 21 septembre

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Alain Corbin, Fragilitas, Plon

« Alain Corbin met à nu les effets des matériaux sur nos modes de pensée, et nous rappelle que l’histoire de l’humanité s’est toujours construite autour de matières : pierre, bronze, fer, marbre… Après la Révolution, le plâtre servait à tout : bâtir, consolider, mouler, décorer… Support facile à manier, peu coûteux, il est omniprésent, du masque mortuaire de l’empereur Napoléon Ier jusqu’aux bibelots d’intérieur. Le plâtre est roi ! Un roi fragile. Le plâtre se brise en mille morceaux. Il signe l’entrée dans le règne de l’éphémère et les femmes, les hommes de ce temps peinent à s’ancrer dans la durée.

En quelques décennies pas moins de sept régimes politiques se succèdent. Après 1860, l’âge du plâtre s’estompe ; vient le temps de la poutrelle métallique, du béton, puis du plastique. Dans ce livre, Alain Corbin réinvente l’âge du plâtre. »

Parution le 14 septembre

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Richard Cockett, Vienna. How the City of Ideas Created the Modern World, Yale University Press

« Les idées viennoises saturent le monde moderne. De l’architecture californienne aux westerns hollywoodiens, de la publicité moderne aux centres commerciaux, des orgasmes à la chirurgie de confirmation du sexe, de la fission nucléaire aux cuisines équipées, tous les aspects de notre histoire, de notre science et de notre culture sont, d’une manière ou d’une autre, façonnés par Vienne.

La ville de Freud, de Wittgenstein, de Mahler et de Klimt était le creuset au cœur d’un vaste empire métropolitain. Mais avec la Seconde Guerre mondiale et la montée du fascisme, les éblouissantes coteries de penseurs qui se disputaient, débattaient et se sentaient chez eux à Vienne se sont dispersées à travers le monde, où leurs idées ont continué à avoir un impact profond.

Retraçant la riche histoire intellectuelle de Vienne, de la psychanalyse à la Reaganomics, Richard Cockett englobe tout, des rebelles communistes de la Vienne rouge aux économistes néolibéraux de l’école autrichienne. Il s’agit du récit panoramique de la façon dont une ville a créé le monde moderne — et de la façon dont nous restons tous inéluctablement viennois. »

Parution le 26 septembre

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Olivier Gloag, Oublier Camus, La Fabrique

« Des programmes scolaires aux discours politiques, dans les médias et les conversations mondaines, Camus est partout le parangon d’un humanisme abstrait qui a ceci de commode – et de suspect – qu’il plaît à droite comme à gauche. Peu d’ouvrages se sont penchés sur les contradictions du personnage comme le fait ici Olivier Gloag à partir d’une relecture de Camus dans le texte – contradictions qui constituent pourtant la force motrice de l’œuvre camusienne, une clé de son « style », et expliquent sa popularité actuelle.

Olivier Gloag rappelle l’attachement viscéral de Camus au colonialisme et au mode de vie des colons qui traverse ses trois romans majeurs, L’Étranger, La Peste et Le Premier Homme. Il examine ses engagements politiques à la lumière de sa brouille avec Sartre : la tension entre révolte et révolution, son recours à l’absurde comme refus du cours de l’Histoire, son anticommunisme et son déni de la lutte des peuples colonisés. Il se penche enfin sur les récupérations de Camus : l’auteur le plus populaire en France et le Français le plus lu dans le monde est devenu un enjeu politique et idéologique. L’invocation d’un Camus mythifié projette un reflet flatteur mais falsificateur de l’histoire coloniale. C’est ce Camus-là qu’il faut oublier pour reconnaître les déchirements d’un écrivain tout aussi passionnément attaché aux acquis sociaux du Front populaire qu’à la présence française en Algérie. »

Parution le 15 septembre

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Geoffrey M. Hodgson, The Wealth of a Nation : Institutional Foundations of English Capitalism, Princeton University Press

« Le capitalisme moderne est apparu en Angleterre au XVIIIe siècle et a inauguré la révolution industrielle, mais les chercheurs ont longtemps débattu des raisons de cette émergence. Certains l’attribuent à l’évolution technologique, tandis que d’autres évoquent l’éthique protestante, les idées libérales et les changements culturels. The Wealth of a Nation révèle comment les développements cruciaux des institutions juridiques et financières aux XVIIe et XVIIIe siècles contribuent à expliquer cette transformation spectaculaire.

Offrant de nouvelles perspectives sur les débuts de l’histoire du capitalisme, Geoffrey Hodgson décrit comment, pour l’économie britannique naissante, les pressions extérieures ont été aussi importantes que l’évolution intérieure. Il montre comment des conflits militaires intenses à l’étranger ont contraint l’État à entreprendre d’importantes réformes financières, administratives, juridiques et politiques. Les changements institutionnels qui en ont résulté n’ont pas seulement renforcé la machine de guerre britannique, ils ont également favorisé la révolution industrielle. Hodgson montre comment le capitalisme de guerre de la Grande-Bretagne a conduit à l’expansion de son empire et à une augmentation stupéfiante du commerce des esclaves, et comment les innovations institutionnelles qui ont radicalement transformé l’économie britannique ont été copiées et adaptées par les pays du monde entier.

The Wealth of a Nation met en lumière la manière dont des facteurs externes tels que la guerre ont donné naissance à des arrangements institutionnels qui ont facilité la finance, la banque et l’investissement, et offre un cadre conceptuel pour des recherches plus approfondies sur les origines et la consolidation du capitalisme en Angleterre. »

Parution le 26 septembre

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Béatrice Fonck, José Ortega y Gasset. Penseur de l’Europe, Les Belles Lettres

« Auteur mondialement connu de La Révolte des masses, José Ortega y Gasset (1883-1955) n’avait à ce jour étrangement pas bénéficié en France d’une biographie ou d’une monographie substantielle. Voici qui est désormais chose faite avec cette somme magistrale soigneusement contextualisée et documentée de première main par Béatrice Fonck.

Tout en retraçant la généalogie des concepts majeurs de l’œuvre abondante du grand philosophe espagnol, elle établit combien son itinéraire intellectuel a eu pour principe fédérateur un précoce, constant et plein engagement en faveur d’une unité européenne. Et tout spécialement d’une Europe nourrie de son irréductible diversité culturelle, au sein d’un « concert des nations » et sous l’égide de l’humanisme libéral qui la caractérise fondamentalement. Convaincu que l’avenir de l’Espagne passait nécessairement par son intégration à cette Europe, et lui-même intimement « européanisé », Ortega y Gasset s’est toujours d’abord voulu en lien avec les autres grands penseurs européens de son temps, de Bergson à Heidegger et Einstein.

Alors que le « vieux continent » est durement confronté aux doutes internes sur son identité et à des rejets ou agressions venus de l’extérieur, penser ou repenser l’Europe avec Ortega, c’est cheminer sur une voie royale permettant de conjurer les impasses du nationalisme, de la construction bureaucratique, du fédéralisme supra-national et d’une dissolution mondialisée. »

Parution le 15 septembre.

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Samuel Moyn, Liberalism against Itself. Cold War Intellectuals and the Making of Our Times, Yale University Press

« Au milieu du XXe siècle, de nombreux libéraux regardaient avec morosité le monde que la modernité avait engendré, avec ses guerres dévastatrices, la montée du totalitarisme et la terreur nucléaire permanente. Ils en ont conclu que, loin d’offrir une solution à ces problèmes, les idéaux des Lumières, notamment l’émancipation et l’égalité, les avaient au contraire créés. Samuel Moyn soutient que les intellectuels libéraux de l’époque de la guerre froide – parmi lesquels Isaiah Berlin, Gertrude Himmelfarb, Karl Popper, Judith Shklar et Lionel Trilling – ont transformé le libéralisme mais ont laissé un héritage désastreux pour notre époque.

Il explique comment les libéraux de la guerre froide ont redéfini les idéaux de leur mouvement et renoncé à la morale des Lumières au profit d’une philosophie plus dangereuse : la préservation de la liberté individuelle à tout prix. En dénonçant cette position, ainsi que la récente nostalgie du libéralisme de la guerre froide comme moyen de contrer les valeurs illibérales, Samuel Moyn lance un appel à une nouvelle philosophie libérale émancipatrice et égalitaire – une voie pour réparer les dégâts de la guerre froide et assurer la survie du libéralisme. »

Parution le 29 août

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Bernard Lahire, Les structures fondamentales des sociétés humaines, La Découverte

« Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l’espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en les réinscrivant dans une longue histoire évolutive ?

En comparant les sociétés humaines à d’autres sociétés animales et en dégageant les propriétés centrales de l’espèce, parmi lesquelles figurent en bonne place la longue et totale dépendance de l’enfant humain à l’égard des adultes et la partition sexuée, ce sont quelques grandes énigmes anthropologiques qui se résolvent. Pourquoi les sociétés humaines, à la différence des sociétés animales non humaines, ont-elles une histoire et une capacité d’accumulation culturelle ? Pourquoi la division du travail, les faits de domination, et notamment ceux de domination masculine, ou les phénomènes magico-religieux se manifestent-ils dans toutes les sociétés humaines connues ? Pourquoi l’ethnocentrisme est-il si universel et pourquoi des conflits opposent-ils régulièrement des groupes qui s’excluent mutuellement ? C’est à ces questions cruciales que cherche à répondre Bernard Lahire en formulant, pour les sciences sociales, un paradigme unificateur fondé sur une synthèse des connaissances essentielles relatives à la vie sociale humaine et non humaine accumulées dans des domaines du savoir aussi différents que la biologie évolutive, l’éthologie et l’écologie comportementale, la paléoanthropologie, la préhistoire, l’anthropologie, l’histoire et la sociologie.

Le pari de ce livre est que seul cet effort d’intégration permet de comprendre la trajectoire des sociétés humaines par-delà leur diversité et d’augmenter la maîtrise qu’elles peuvent avoir de leur destin incertain. »

Paru le 24 août

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Pilar Bonet, Náufragos del imperio. Apuntes fronterizos, Galaxia Gutenberg

« Sur notre continent, deux pays slaves voisins s’affrontent ; l’un pour rétablir une identité idéalisée et l’autre pour forger son identité pour l’avenir. C’est ainsi que Pilar Bonet, l’une des plus grandes expertes des dernières décennies sur les territoires soviétiques et post-soviétiques, définit la guerre provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine, grâce à sa longue expérience de correspondante et d’analyste. Ni manuel d’histoire, ni essai de géopolitique, ces pages éclairent les racines du conflit. À partir de ses notes de terrain, de ses journaux intimes et de ses réflexions, de ses conversations et de ses interviews, l’auteur construit une histoire kaléidoscopique dont les protagonistes ne sont pas seulement des personnalités de premier plan, mais aussi des anonymes qui ont beaucoup à dire sur ce qui se passe. Des gens qui, avec des opinions souvent contradictoires, sont tous des « naufragés de l’empire ». »

Parution le 6 septembre

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John Gray, The New Leviathans. Thoughts After Liberalism, Allen Lane

« Depuis sa publication en 1651, le Léviathan de Thomas Hobbes a bouleversé et remis en question notre compréhension du monde. Condamnée et vilipendée par chaque nouvelle génération, la vision politique froide de Hobbes continue à voir clair dans toutes les vanités politiques et éthiques.

Dans The New Leviathans, John Gray nous permet de comprendre le monde des années 2020 avec toutes ses contradictions, ses horreurs morales et ses déceptions à travers une nouvelle lecture de l’œuvre classique de Hobbes. L’effondrement de l’URSS a inauguré une ère de triomphalisme quasi apoplectique en Occident : la conviction sincère qu’un avenir rationnel, libéral et bien géré attendait désormais l’humanité et que la tyrannie, le nationalisme et la déraison appartenaient au passé. Depuis lors, tant d’événements terribles se sont produits et tant d’idées empoisonnées ont prospéré, et pourtant nos certitudes libérales les traitent comme des aberrations qui disparaîtront d’une manière ou d’une autre. Hobbes ne serait pas aussi confiant.

Rempli de perceptions fascinantes et stimulantes, The New Leviathans est une puissante méditation sur la folie historique et actuelle. En tant qu’espèce, nous semblons toujours avoir du mal à faire face à la réalité des instincts humains basiques et illusoires. Une éthique plus consciente de soi, plus réaliste et plus désabusée pourrait-elle nous y aider ? »

Parution le 7 septembre

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Ludivine Bantigny, Quentin Deluermoz, Boris Gobille, Laurent Jeanpierre et Eugénia Palieraki (dir.), Une histoire globale des révolutions, La Découverte

« La révolution est terminée. À la fin du siècle dernier, la formule a fait date. Mais rien n’était plus faux. Il suffit, pour s’en convaincre, de déplacer le regard hors des régions occidentales, à Tunis, Alger, Hong Kong ou Téhéran. Étendre dans l’espace mais aussi dans le temps, bien avant le XVIIIe siècle, l’enquête sur les révolutions, en montrer les dynamiques transnationales, les échos, les reprises, les « modèles » comme les singularités, telle est l’ambition de cette histoire globale.

Rédigés par des spécialistes du monde entier, ses chapitres explorent la richesse de l’histoire révolutionnaire, mettent en lumière des révolutions moins connues et arpentent des géographies inédites traversant tous les continents. La Révolution française, les révolutions atlantiques et le Printemps des peuples côtoient les révoltes anticoloniales indiennes, les mouvements populaires de Corée ou du Japon et les grands soulèvements latino-américains ; les Révolutions russe et chinoise ne font pas oublier les révolutions d’indépendance, notamment africaines, ni les rébellions multiples qui émaillent un monde en perpétuelle effervescence.

Affranchie de ses bornes classiques, l’archive révolutionnaire livre des interrogations neuves et des recherches fructueuses. Le rôle de la spiritualité et de la religion, des empires et des nationalismes, de l’économie et de l’État, de l’environnement et du climat, est ainsi exposé à des lumières plus vives, tout comme les protagonistes, notamment les femmes, la paysannerie, le monde ouvrier… Et dès lors, comment passe-t-on à l’acte ? Comment vivent, dans l’extraordinaire des jours de soulèvement, celles et ceux qui y participent ?

Au terme du parcours, les jugements péremptoires et polarisés sur les vertus et les vices de la révolution ressortent fragilisés ; le bilan des révolutions acquiert des contours plus nets — et leur avenir même peut être mieux apprécié. »

Parution le 28 septembre

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Fernando Gentilini, I demoni. Storie di letteratura e geopolitica, Baldini Castoldi

« La littérature, depuis ses origines, a contribué au moins autant que la géopolitique à l’histoire du monde, car ceux qui le gouvernent n’agissent jamais uniquement par calcul. Ashurbanipal, Alexandre et Auguste ont bâti leurs empires en rêvant aux exploits de Gilgamesh, d’Achille et d’Énée ; Hadrien et Marc Aurèle ont été guidés par la littérature philosophique grecque ; Constantin et Théodose ont choisi de suivre les écritures judéo-chrétiennes ; le calife Omar a pris Jérusalem parce que le Coran le lui ordonnait ; Charlemagne s’est fait couronner par le pape après avoir lu Saint Augustin ; Catherine de Russie a légiféré en paraphrasant Montesquieu ; Lénine est devenu communiste en lisant Tchernychevski ; Mussolini a pris conseil auprès de Nietzsche et D’Annunzio ; Churchill a vaincu les nazis avec les vers de Macauley… 

Fernando Gentilini nous fait découvrir dans ces pages combien le démon littéraire a influencé l’action des rois, des reines, des hommes d’État et des autocrates de tous les temps et combien leurs choix, en matière de politique intérieure et extérieure, sont étroitement liés aux mythes, aux traditions et aux livres. Une histoire longue de trois mille ans et qui n’est pas encore terminée, même après la révolution numérique. Après tout, comment expliquer autrement le fait que Barack Obama cherche un avenir possible dans les romans de science-fiction et que Vladimir Poutine attaque l’Ukraine sous le signe de Dostoïevski et des prophètes du Dniepr ? »

Parution le 1er septembre

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