Selon le Kiel Institute, Kiev a reçu entre janvier 2022 et mai dernier 471 chars d’assaut de la part de pays étrangers (principalement en provenance de Pologne et de République tchèque), tandis que 286 devraient être livrés prochainement (promis par la Pologne, les Pays-Bas, les États-Unis et l’Allemagne).

  • Bien que la Russie disposait de bien plus de chars d’assaut que l’Ukraine avant le début de l’invasion en février 2022 (3 417 selon le Military Balance 2022 de l’International Institute for Strategic Studies), l’écart s’est désormais drastiquement réduit.
  • En presque 17 mois de guerre, l’armée russe a perdu 2082 chars d’assaut selon le site d’information Oryx (comprenant les unités détruites, capturées, abandonnées ou endommagées), contre 558 pour l’Ukraine1.
  • Si les pertes de Kiev sont importantes par rapport au parc dont disposait le pays avant l’invasion, les livraisons effectuées ainsi que les promesses de la part de pays étrangers compensent ces pertes, et contribueront même à une augmentation par rapport à la période d’avant-guerre.

Le chef d’État-Major des armées du Royaume-Uni, Tony Radakin, qui a déclaré lors d’une audition devant la commission de la Défense de la Chambre des communes que la Russie pouvait « au mieux produire 200 nouveaux chars d’assaut par an », évoque quant à lui des pertes russes de 2 500 unités — soit un nombre bien moins conservateur que celui rapporté par Oryx2.

Le Kiel Institute observe que le montant des nouvelles annonces en matière d’assistance bilatérale envers l’Ukraine a diminué au cours du printemps 2023 par rapport aux mois précédents3.

  • La nature de l’assistance a également changé depuis la fin de l’année 2022 : l’aide financière, qui représentait 51,3 % des aides annoncés en faveur de l’Ukraine entre octobre et décembre, est passée à 26,61 % du total pour la période allant d’avril à mai 2023.
  • L’assistance militaire concentre désormais quant à elle la majeure partie des aides annoncées pour l’Ukraine, et représentait presque 70 % du total au cours des deux derniers mois.

L’étude des annonces en matière de dons d’équipements (concernant ceux qui ont été livrés et qui devraient l’être prochainement) révèle que certains pays consacrent une part importante de leurs réserves d’équipements militaires lourds (obusiers, chars d’assaut et lance-roquettes multiples principalement) à l’assistance militaire à l’Ukraine. Ainsi, les dons de la République tchèque représentent 58 % du total de ses réserves d’équipements lourds, tandis que les États-membres y ont consacré en moyenne 10 % de leurs stocks.

Si ces chiffres confirme l’attrition de l’équipement russe ainsi que le renforcement de celui de l’armée ukrainienne (couplé à une montée en gamme pour certaines unités ainsi qu’à l’acquisition de nouvelles capacités), la contre-offensive ukrainienne se heurte toujours à une infériorité en matière de puissance de feu d’artillerie. Sans avantage numérique en termes de pièces d’artillerie, l’avancée ukrainienne dans le sud et l’est du pays se fera au prix de pertes élevées4.

Sources
  1. The Military Balance 2022, International Institute for Strategic Studies.
  2. John Paul Rathbone, « Russia has lost half its combat capability in Ukraine, says UK armed forces chief », Financial Times, 4 juillet 2023.
  3.  Ukraine Support Tracker : Despite military offensive, new pledges of support remain low, Kiel Institute for the World Economy, 6 juillet 2023.
  4. Marc Champion, « Ukraine Has Caught Up With Russia’s Tank Numbers, Data Signal », Bloomberg, 6 juillet 2023.