Le sixième rapport d’évaluation du GIEC a estimé que l’Arctique devrait être en moyenne pratiquement libre de glace en septembre vers le milieu du siècle dans le cadre de scénarios d’émissions de gaz à effet de serre intermédiaires et élevés, mais pas dans le cadre de scénarios d’émissions faibles1 ; selon une nouvelle approche, l’étude publié dans la revue Nature prévoit un Arctique libre de glace en septembre dans tous les scénarios envisagés2

  • Le rapport estimait qu’« il est probable que l’océan Arctique en septembre, le mois où la superficie de la glace de mer est la plus faible, devienne pratiquement libre de glace (superficie inférieure à 106 km2) en moyenne sur 2081-2100 et toutes les simulations disponibles » uniquement dans le cadre des scénarios SSP2-4.5, SSP3-7.0, et SSP5-8.5.
  • Pour rappel, les scénarios SSP (« Shared Socioeconomic Pathways ») représentent des trajectoires socio-économiques potentielles. Pour ces scénarios, les modèles quantifient les paramètres économiques futurs (utilisation de l’énergie, utilisation des terres, population) et les émissions de gaz à effet de serre correspondantes.

Par le biais de régressions linéaires, l’étude montre que le réchauffement dû aux gaz à effet de serre est la cause dominante de la réduction observée de la surface de banquise dans l’Arctique ; leur influence est séparable de celle d’autres facteurs, notamment les aérosols anthropiques, le forçage solaire et volcanique, les facteurs naturels et les boucles de rétroaction sur la longue durée. 

La superficie de la glace de mer arctique a diminué rapidement tout au long de l’année au cours des dernières décennies, avec un déclin plus marqué depuis 2000.

  • Dans l’hémisphère nord, la saison de la fonte des glaciers de l’Arctique — qui débute lorsque la glace de mer couvrant la surface la plus importante à la fin de l’hiver commence à fondre — s’est produite exceptionnellement tôt en 2022, dès le 25 février. La taille maximale de la banquise a atteint seulement 14,88 millions de km2, soit l’une des superficies les plus faibles jamais observées3.
  • La hausse record des températures est le principal facteur qui explique cette fonte accélérée. Le 14 mars, les températures de l’air au nord-ouest du Groenland ont atteint 15°C au-dessus de la moyenne des 40 dernières années.

La réduction de la surface de la banquise risque également d’accélérer le réchauffement de l’océan Arctique, dans le cadre d’une boucle de rétroaction : la glace réfléchit une grande partie de la lumière solaire incidente, contrairement aux eaux exposées, qui l’absorbent. 

Sources
  1. Sixth Assessment Report, GIEC, 28 février 2022 – 20 mars 2023.
  2. Yeon-Hee Kim, Seung-Ki Min, Nathan P. Gillett, Dirk Notz, Elizaveta Malinina, « Observationally-constrained projections of an ice-free Arctic even under a low emission scenario », Nature, 6 juin 2023.
  3. Arctic sea ice minimum ties for tenth lowest, NSIDC, 22 septembre 2022.