Le troisième candidat, Sinan Oğan (Parti d’action nationaliste), a recueilli 5,2 % des suffrages, ce qui lui donne un rôle central lors du deuxième tour prévu au 28 mai. Il s’est abstenu pour l’instant de soutenir l’un ou l’autre des deux principaux candidats, mais il a déclaré ce matin qu’il conseillerait de voter pour Kiliçdaroglu si celui-ci se distançait du parti pro-kurde, le Parti démocratique des peuples (HDP)1.
 

Contrairement aux attentes, l’économie (ligne de campagne principale de l’opposition) ne s’est pas imposée comme sujet central définissant le choix des électeurs.

  • La hausse des prix s’était brutalement emballée en 2018, puis à nouveau en 2021, les difficultés structurelles de l’économie turque amplifiant un phénomène mondial. En octobre dernier, le taux d’inflation atteignait 85,5 % ; même s’il s’est réduit au cours des derniers mois, les dernières données officielles affichaient encore un taux de 43,7 % pour le mois d’avril. La hausse des prix des produits alimentaires est encore supérieure (53,9 % en avril), de même que celle des prix de l’énergie.
  • D’autres indicateurs socio-économiques se sont aussi dégradés depuis la dernière présidentielle ; le PIB par habitant est passé de 12 500 dollars en 2013 à 8 500 dollars en 2020, avant de légèrement remonter à 9 700 dollars en 2021. 
  • Parallèlement, la monnaie nationale (la lire) est sous pression depuis qu’Erdoğan a intensifié une série de mesures économiques à partir de 2018, y compris des interventions de l’État sur les marchés des changes et des réductions de taux d’intérêt. Kiliçdaroglu s’est engagé à revenir à une politique économique plus orthodoxe et à restaurer l’indépendance de la banque centrale turque.

Du côté du Parlement, le scrutin de dimanche a reconduit la coalition menée par l’AKP, qui dispose d’une majorité absolue à l’hémicycle ; elle perd néanmoins une trentaine de sièges. 

  • Selon les résultats préliminaires, l’Alliance populaire menée par l’AKP d’Erdoğan est arrivée en tête du scrutin législatif avec 322 sièges sur 600. La coalition Alliance de la nation menée par Kiliçdaroglu, désormais deuxième force politique de l’assemblée, a remporté 212 sièges. Le résultat donne ainsi un avantage à Erdoğan pour le deuxième tour.