Le Kremlin a introduit de nouvelles peines sévères pour les personnes qui se soustraient à l’appel militaire, renforçant ainsi les craintes que le gouvernement ne prépare une nouvelle mobilisation de masse.
- Le président Vladimir Poutine a signé vendredi la loi, qui a été adoptée à la hâte par le parlement en début de semaine, selon le service d’information de l’État russe Tass. En vertu des nouvelles règles, les autorités peuvent délivrer en ligne des convocations militaires pour les appelés et les réservistes mobilisés, et interdire presque immédiatement aux destinataires de quitter le pays.
- Ceux qui ignorent la convocation dans un délai de 20 jours se verront interdire d’acheter ou de vendre des biens immobiliers, ou de conduire une voiture, entre autres droits.
- Auparavant, tous ces avis devaient être remis en main propre et signés par le destinataire pour être légaux ; l’année dernière, l’appel de 300 000 réservistes avait incité jusqu’à un million de Russes à fuir le pays.
Sur le terrain, les forces de Moscou poursuivent leurs efforts autour de Bakhmut, Lyman, Avdiivka et Marinka dans la région de Donestsk ; selon une déclaration des forces armées ukrainiennes, les troupes ukrainiennes ont repoussé plus de 50 attaques dans ces zones ce vendredi. Du côté des troupes russes, cependant, les forces d’élite sont désormais composées de personnel mobilisé et de volontaires mal formés.
- À la suite d’une fuite de documents américains classifiés, le Washington Post a révélé que la 22e brigade russe des forces spéciales (SPETSNAZ) et deux autres brigades SPETSNAZ non spécifiées ont subi un taux d’attrition estimé à 90-95 % en Ukraine. La 346e brigade SPETSNAZ a perdu la quasi-totalité de ses effectifs, avec seulement 125 militaires encore actifs sur les 900 initialement déployés.
- Ces taux élevés de pertes suggèrent que les forces aéroportées et la SPETSNAZ ne sont probablement plus des forces d’élite ; l’armée russe a récemment déployé des éléments de brigades aéroportées et de formations SPETSNAZ dans des zones de front, qui fonctionnent comme des bataillons de volontaires ou sont presque entièrement composées de personnel mobilisé.
Du côté de l’Union européenne, la Hongrie conserve une attitude critique à l’égard du support européen à l’Ukraine ; les pays du Sud maintiennent une position de neutralité.
- Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a déclaré à la radio publique hongroise ce vendredi que l’engagement financier de l’Union européenne en faveur de l’Ukraine nuisait à l’économie de l’Union et qu’il était « évident que cela ne pouvait pas durer indéfiniment ».
- « La question est de savoir si nous allons soutenir l’Ukraine », a ajouté le premier ministre hongrois. « Dès que les Américains et l’Europe répondront par la négative à cette question, la guerre sera terminée ». Ces propos ont été salués par Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, qui les a qualifiés de « courageux et précis ».
En visite à Pékin ce vendredi, le président brésilien Luiz Inácio da Silva a appelé quant à lui à des négociations de paix ; la semaine précédente, Lula avait suggéré lors d’une conférence de presse qu’une solution de paix pourrait être la restitution des territoires nouvellement envahis, sans la Crimée – une option que le président ukrainien Zelenskiy a rejetée d’emblée.
Le ministère russe de la Défense a annoncé le 14 avril que son ministre Sergey Shoigu rencontrera son homologue chinois Li Shangfu, en visite à Moscou du 16 au 18 avril, pour discuter de la coopération bilatérale en matière de défense et des questions de sécurité régionale et mondiale. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a déclaré le 14 avril que la Chine ne vendrait pas d’armes à la Russie et qu’elle réglementait ses exportations d’articles ayant un double usage civil et militaire, transferts que craignent néanmoins les services de renseignement américains ; la visite d’État de Xi Jinping à Moscou s’était conclue sans que Moscou obtienne des garanties d’un soutien chinois.